La lutte contre le risque d'épidémie de coronavirus a colonisé l'ensemble de nos préoccupations. Mais la vie ne s'arrête pas, des couples s'apprêtent à accueillir leur enfant, des familles sont en deuil. Et la situation sanitaire complique tout.
Futures mamans : difficile de rester sereine
Rachel attend incessamment la naissance de sa petite Rose. Le terme de sa grossesse est le 25 mars mais elle peut être sur le départ à tout moment. La situation sanitaire l'inquiète bien sûr, même si elle se trouve sereine sur les conditions de sa prise en charge : elle est confiante. Elle sait que l'équipe de l'hôpital mère-enfant au CHU de Limoges fera au mieux et toujours avec sa bienveillance habituelle.
Mais ce mardi, son moral a pris un coup : Rachel a appris de façon officieuse que son époux ne sera pas admis dans les locaux de l'hôpital mère-enfant.
Le coronavirus ne me fait pas plus peur que ça, le confinement je l'accepte, je ne suis pas effrayée, je suis plutôt sereine, j'organise mon quotidien avec mon fils et mon mari également en confinement, mais le fait d'appprendre que je serai seule pour mon accouchement, là j'avoue que j'ai pleuré un bon moment. C'est dur à encaisser, d'autant que sur le forum que je consulte, certaines femmes disent pouvoir être accompagnées, ça dépend des établissements et des villes, on n'est pas toutes à égalité, donc on a un sentiment d'injustice
Si elle peut en comprendre les raisons, c'est le partage de ce moment unique qui va lui manquer.
Nous étions ensemble pour la naissance de mon aîné il y a 8 ans, ce ne sera pas le cas pour notre petite Rose, nous n'aurons pas ce souvenir en commun, c'est très triste. Déjà pour la grossesse, le papa se sent souvent en retrait, alors pour la naissance, c'est très dur.
Sa famille, qui est en Bretagne, ne va pas pouvoir non plus se déplacer. Son mari, qui travaille sur les voies ferrées, est en disponibilité à la maison. Ils veillent strictement aux conditions d'hygiène recommandées.
Elle a consulté le site de l'hôpital mère-enfant de Limoges et s'il existe en effet une interdiction de visite généralisée, elle constate cependant qu'en pédiatrie, les deux parents peuvent venir. Mais elle dit manquer d'information concernant les accouchements.
Renseignements pris auprès de l’ARS Nouvelle Aquitaine, il apparait que le deuxième parent (mais uniquement le deuxième parent) peut rester auprès de sa femme, non suspectée ou COVID-19 négative, à condition qu’il soit lui aussi non suspect ou COVID-19 négatif et qu’il reste confiné avec elle, sans déambulation dans les autres zones géographiques de la maternité. Toute sortie sera définitive.
Par ailleurs, les déclarations de naissances se feront provisoirement par mail depuis la maternité, la mairie de Limoges n’accueillant plus de public.
► Il convient d’apporter avec vous tous les documents suivants nécessaires à l’établissement de l’acte de naissance :
– Photocopie du livret de famille (si existant)
– La déclaration conjointe de choix de nom à télécharger et imprimer sur service Public.fr ( Cerfa numéro 15286*01 )
– Le ou les actes de reconnaissance anticipée.
Autre événement familial : un décès. Avec un deuil humainement difficile
L'organisation des obsèques dépend des circulaires et arrêtés préfectoraux. Elle peut donc évoluer toutes les 24h. Les crématoriums sont désormais fermés au public, comme les cafés ou les restaurants. Une mesure radicale depuis lundi. Emmanuelle a perdu son père dimanche.
Les familles le reconnaissent : le contexte sanitaire aggrave l'épreuve du deuil, déjà douloureuse. Les services des Pompes Funèbres, municipales et privées, en sont conscients. L'humanité de leur prise en charge est déterminante auprès des familles éprouvées.On a appris la nouvelle qu'on ne pourrait pas accompagner mon père. On était six mais ce n'était pas possible. Mon père a été incinéré seul. Je n'ai pas compris.
Les équipes de l'entreprise spécialisée en service funéraire de Hubert et Nelly Mérigot, à Oradour-sur-Glane, Nieul, Couzeix et Saint-Priest-sous-Aixe ont par exemple dû se réorganiser. Fini l'activité de la marbrerie, les boutiques sont également fermées. L'activité se concentre uniquement sur la préparation des obsèques.
Il sera également traumatisant, pour les familles d'un défunt décédé du covid-19, d'apprendre qu'elle ne pourra pas approcher. Le corps sera ramené en maison funéraire, la famille ne pourra pas le revoir.Il nous faut trouver les mots, les solutions aussi pour ne pas rajouter à la peine des familles des difficultés administratives. Par exemple hier, compte-tenu de la fermeture du crématorium, j'ai proposé à une famille d'organiser son recueillement dans le patio de la maison funéraire, il faisait beau, ils ont pu trouver ce moment à eux, avec leurs textes et leurs attentions.
Le rassemblement doit être restreint. Seule la famille, les proches, sont acceptés autour du défunt, et les consignes sanitaires doivent être respectées, notamment une distance de sécurité entre chacun. Cette épreuve se retrouve particulièrement au coeur du dispositif puisqu'aujourd'hui les familles sont géographiquement éloignées.Pas plus de 12... 15 personnes aux obsèques
Des solutions de participation à distance sont étudiées. Les Pompes Funèbres et des services sur internet proposent une personnalisation virtuelle des obsèques, chacun pouvant déposer une intention, quelques mots, en se connectant au dossier ouvert sur un site à cette fin. Une société spécialisée vient de faire savoir qu'elle inaugurait un service de transmission des obsèques par vidéo, service qu'elle proposait à titre gracieux non seulement aux familles qu'elle accompagnait, mais également à l’ensemble des sociétés de pompes funèbres, crématoriums, maisons funéraires, cimetières et édifices religieux, afin que tout le monde puisse se recueillir une dernière fois auprès d’un proche.
https://twitter.com/_AdVitam/status/1240615707043401728?s=20
Les offices religieux peuvent être maintenus dans certaines conditions, là aussi de nombre de personnes présentes et de respect des directives sanitaires. Des informations sont accessibles sur les sites du diocèse ou de la Cathédrale de Limoges
Les inhumations en famille toujours possible au cimetière de Louyat à Limoges. Mais là aussi les mesures peuvent évoluer d'un jour à l'autre. Isabelle Asouze, responsable du suivi des inhumations au cimetière de Louyat à Limoges, souligne que les convois sont possibles. Les familles, composées de 15 personnes maximum, entrent en voiture et suivent le véhicule funéraire jusqu'à l'emplacement du caveau. Quand les membres descendent des véhicules, ils doivent là-aussi respecter une distance sanitaire de sécurité.
L'effectif du cimetière de Louyat a été divisé par deux, aussi bien du côté des équipes de fossoyeurs que dans les bureaux.
Le personnel se lave les mains entre chaque mission, les poignées de portes et surfaces de bureaux ouverts aux personnes concernées par une inhumation sont nettoyées.
Il est rappelé que les mesures de confinement n'excluent pas les cimetières, leur visite n'est donc pas possible. Isabelle Asouze souligne
J'ai dû renvoyer chez elles des personnes âgées qui s'étaient déplacées pour entretenir leur tombe... Et interpeller une personne qui traversait le cimetière avec ses bâtons de randonnée.