Pour beaucoup de confinés les journées sont angoissantes. On prend quelques largesses avec notre rythme habituel... Attention, gardez tout de même le cap pour que tout ceci n'engendre pas de troubles du sommeil, une déprime, voire une dépression. Les conseils d'un psychiatre de Limoges.
Informations angoissantes en continu à la télévision, à la radio, sur nos smartphones, moins de liens avec l'extérieur, des horaires bousculés, ou plus d'horaires du tout...
Attention de ne pas glisser dans l'insomnie, la déprime voire la dépression...
On s'accroche à la barre et on maintient le cap !
On limite les sources d'angoisse, et on s'offre des moments de plaisir...
Que ce soit sur les chaînes, télé ou radio, d'infos en continu ou sur les réseaux sociaux (réseaux sur lesquels, en plus, l'information est souvent erronée, subjective, non vérifiée), l'accumulation d'informations négatives nuit lourdement au moral comme l'explique le docteur Hervé Merveille Psychiatre au CH Esquirol à Limoges :Mieux vaut passer du temps chaque jour à faire des choses plaisantes.Il faut s'informer bien sûr mais raisonnablement, il ne faut pas s'imbiber d'informations oppressantes. Entendre toute la journée le nombre de morts du coronavirus cela impact le moral.
Important : garder le lien avec ceux qui nous sont chers.Ecouter des musiques que l'on aime, qui nous font du bien, s'investir dans la lecture, tout cela est positif. Il faut se centrer sur ce que l'on était avant la crise, sur ce qui nous faisait du bien et pas sur ce que l'on est pendant le confinement.
Il faut s'aérer aussi, aller promener le chien par exemple, c'est une excellente thérapie.
Par téléphone, ou par des moyens électroniques, des mails, des appels en visio, cela fait beaucoup de bien.
Garder un vrai rythme
Pas question de faire n'importe quoi avec les horaires. Il faut garder le rythme habituel des journées, sous peine de voir son cerveau se rebeller. Ne pas se lever ni se coucher trop tard. Le Docteur Hervé Merveille nous met en garde :Il est donc fortement conseillé de garder des rituels dans la journée. On se lève, on se couche, on mange à heures fixes.Le cerveau humain est programmé sur les rythmes du jour et de la nuit, il est éveillé le jour, il doit dormir quand il fait nuit. Dérégler ce rythme naturel, c'est s'exposer assez rapidement à des troubles du sommeil. Des insomnies qui elles-mêmes peuvent conduire à la dépression.
On peut faire une sieste dans la journée mais elle ne doit pas excéder 30 minutes pour ne pas dérégler le sommeil de la nuit. "Et on maintient une activité physique, même confiné, même en intérieur" insiste le docteur Merveille.
Le docteur Merveille met en garde contre un piège dans lequel il est aisé de tomber, l'alcool.
L'alcool n'aide pas à dormir, elle donne une impression d'endormissement qui n'est pas réelle. Et au contraire elle empêche le sommeil réparateur et continu. Et en plus elle suscite l'angoisse et les idées noires.
En guerre contre l'angoisse
Si l'angoisse est bien là, trop présente, le docteur Merveille conseille d'appeler tout simplement son médecin traitant. En consultation téléphonique, il pourra donner des conseils et diriger si besoin vers un spécialiste.Lorsque le président a parlé d'état de guerre, le terme n'était pas galvaudé. Cette crise est vécue par tous de manière extrêmement anxieuse. On se surveille les uns les autres, on a peur, on est en hyper-vigilance toute la journée, l'anxiété est palpable. Tout cela génère une sécrétion d'adrénaline qui peut avoir des conséquences non seulement sur l'endormissement, mais aussi sur le coeur ou la tension artérielle. Et cela peut réveiller de vieilles angoisses.
Il y a des personnes que le confinement, la solitude, la situation, peuvent replonger dans des angoisses liées à l'enfance. C'est un reflexe archaïque. Des personnes qui ont connu la guerre peuvent être réveillés par des cauchemars liés à cette période par exemple.
Le risque est d'autant plus important si la personne est seule. Ou si elle est émotionnellement fragile.
Toutes les périodes d'isolement sont sujettes à créer un traumatisme. A raviver des peurs. La notion de manque également peut exacerber les émotions à la vue d'une photo par exemple.
D'où l'importance de maintenir un lien régulier avec nos proches, même si physiquement nous en sommes éloignés.
Et là aussi le conseil du psychiatre est simple, appeler son medecin traitant qui, si nécessaire, conseillera un confrère spécialiste. Ou si l'angoisse est trop forte, contacter directement la cellule d'écoute et de soutien de l'hôpital Esquirol.
La cellule d'écoute et de soutien de l'hôpital Esquirol
Cette cellule d'écoute et de soutien est mise en place dans les situations de crise, attaques terroristes, catastrophes ou aujourd'hui crise sanitaire.Elle est ouverte à tous, du lundi au vendredi de 9h à 17h, au 05.55.43.68.87 et permet de disucter avec un psychaitre ou un psychologue.
Ouverte aux personnes n'ayant jamais consulté un psychiatre ou un psychologue mais se sentant submergées par l'angoisse liée à la crise, au confinement ou à l'isolement. Mais aussi aux patients habituellement suivis par les médecins de l'hôpital.
Dans les cas graves, une hospitalisation est bien entendue toujours possibleEn ce moment nous poursuivons le suivi régulier de nos patients habituels par téléphone. La situation peu déclencher ou aggraver des angoisses névrotiques ou psychotiques, ces consultations téléphoniques permettent de repérer cela. Souvent ce sont aussi les familles de nos patients qui angoissent de la situation et qui ont besoin de parler.