Confinement : promenade dans les rues abandonnées de Limoges

Sensation étrange. Celle de se promener dans sa ville, après 6 semaines de confinement. Prendre le temps, juste observer, regarder, mémoriser. Un sentiment incroyable, des sensations jamais vécues en attendant le jour d’après...C’était en mars 2020, et le printemps n’en savait rien.

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Tout s’est arrêté le 16 mars au soir, en quelques heures, comme si la population avait fui, quitté en laissant tout derrière, comme si les commerces avaient été abandonnés, comme si la vie avait disparu.

Au fronton du cinéma, place Denis Dussoubs, les films encore à l’affiche sont sortis le … 4 mars, rien depuis. Une banderole nous invite au printemps du cinéma du 29 au 31 mars. Le 29, les deux semaines de confinement auraient été terminées. Oui, mais… Derrière les grilles des Grands Ecrans, en bas des marches des caisses, la poussière s’accumule en rouleaux comme dans les films de western. Un bus de la STCL passe devant le ciné avec une publicité pour un film d’animation : les mondes parallèles. IL devait sortir le… 18 mars
 



Le temps est suspendu. Quel jour sommes-nous ? Place d’Aisne, l’affichage municipal nous invite  à la biennale Danse émoi, du 24 mars au 9 avril… Ce sera finalement pour nous danse de salon… Autre affiche, du 30 mars au 9 avril, les étudiants nous convient à leur festival « Flamme créatrice ». Elle n’aura même pas été allumée… 

Place de la mairie, comme un peu partout, les panneaux électoraux tiennent encore debout. Ah c’est vrai, on a voté le 14 mars. Mais qui se souvient du résultat ? Ce soir-là, nos esprits étaient ailleurs. Les affiches des candidats s’accrochent désespérément, légèrement décollées, avec une couleur bleue passée. Autant les laisser là, il paraît que l’on va revoter. Pour un tour ? Pour deux tours ? Allons faire un tour.
 


Dans les rues commerçantes l’atmosphère est encore plus dérangeante. Des boutiques fantômes aux vitres non nettoyées. Rue Adrien Dubouché, un magasin de vêtements pour hommes, avait prévu les journées du mariage les 20 et 21 mars. La photo est encore là, obsolète. Le costume de marié ne sera pas à la mode cet été. Par endroits, les t-shirts ou les pulls décolorent, les mannequins en vitrine n’ont pas été retirés, des publicités se sont décrochées et traînent à leurs pieds. Le ruban adhésif a lâché. Rue Ferrerie, le store est baissé. Dans un coin, des toiles sont tissées et remontent sur plusieurs dizaines de centimètres, même l’araignée est là, confinée dans son oeuvre. Derrière les portes les courriers s’accumulent. Les rouleaux des machines à carte bleue roulent sur plusieurs mètres le long des caisses et sur les sols. Chaque soir, l’appareil continue de sortir automatiquement le chiffre d’affaires. Personne n’est là pour compter. De toute façon, zéro plus zéro.
 

A certaines terrasses de cafés ou de restaurants, les propriétaires ont laissé les tables et les chaises dehors, cadenassées et figées par le temps. C’était une histoire de quelques jours pensaient-ils. Ce sera des mois ! On aurait tellement envie de s’asseoir. Rendez-vous, peut-être, le 2 juin…

Les mauvaises herbes pullulent sur les trottoirs, dans les caniveaux, dans les moindres coins la nature reprend ses droits. Les parcs ne sont plus entretenus. Place Jourdan, le socle d’une statue a déjà disparu, caché par la hauteur des pelouses. Un cadre champêtre. Image bucolique et inédite.

Autour de la place, pas d’embouteillages. Ils ont également disparu sur l’A20 dans la traversée de la ville. Pour ceux ou celles qui n’y ont pas circulé depuis le 17 mars, l’effet est saisissant. Y rouler en ce moment est une expérience grisante. Impression d’être un survivant. Durant des minutes, pas une voiture, pas un camion, des chaussées vides, silencieuses. Accoudé à un pont au-dessus de l’autoroute, prêtez l’oreille, vous pouvez entendre les oiseaux du bois de la Bastide. Pas de bruit du trafic routier, idem pour le trafic ferroviaire. Sur l’esplanade des Bénédictins, pas un taxi, pas une valise, pas d’écho des haut-parleurs annonçant l’arrivée d’un train. Le hall est fermé, bloqué à chaque porte par des barres en bois. Zone interdite d’accès. Circulez, il n’y a rien à voir. Un virus peut en cacher un autre.
 


Ah les voyages ! Une affiche près de la gare vante les départs en avion à l’aéroport de Bordeaux : des ailes pour le Monde ! Pas de chance pour la réclame, le Monde attendra.

Tiens,  en rentrant chez soi, sur un poteau rue Jean Jaurès, une annonce avec un numéro de téléphone: pour du baby-sitting ? Pour des cours particuliers de maths ? Non. Pour vous procurer un masque anti-projection en tissu !

 Les quelques personnes que l’on croise vous disent bonjour, elles portent un masque, on ne les reconnait pas. Sentiment étonnant. Ce sera pratique au déconfinement, serons-nous tous anonymes?

C’était un dimanche de printemps 2020.
 

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