C'est un message pour le moins perturbant qu'ont reçu les parents d'un collégien de Limoges. L'établissement leur a envoyé un courrier les menaçant de "prévenir les autorités", si leur fils ne se connectait pas à Pronote. Le rectorat évoque une maladresse.
C'est un courriel qui peut surprendre. Mercredi 18 mars, soit deux jours après le début de la fermeture des établissements scolaires, les parents d'un collégien de Limoges ont reçu un avertissement de la part de l'établissement de leur fils :
[...] à ce jour, votre/vos enfant(s) ne s'est (sont) toujours pas connecté(s). Je vous demande donc de tout faire pour que la situation rentre dans l'ordre, sans quoi je me verrai dans l’obligation de le signaler aux autorités.
Le collège rappelle fermement que "l'éducation nationale fait tout pour assurer la continuité pédagogique à la maison pour les élèves. Les équipes du collège mettent en place sur Pronote des cours et des exercices pour les élèves."
Nous avons pu consulter ce mail et vérifier l'adresse de l'expéditeur, ainsi que les initiales de la signature, qui correspondent à celles d'un membre de l'établissement.
Excès de zèle ?
Les parents n'en reviennent pas :
Recevoir ce type de message alors que nous faisons de notre mieux, ce n'est pas correct. Prévenir les autorités ? Mais quelles autorités ?
D'autant qu'il y a une explication : leur fils a bien fait les devoirs qui lui étaient demandés mais en se connectant au profil Parents.
Pronote est un logiciel en ligne qui, tout au long de l'année, permet de maintenir le lien entre les élèves, les enseignants et les parents. Chaque élève dispose en effet d'un profil spécifique avec quelques fonctionnalités particulières. Les parents disposent d'un profil "Parents" pour consulter le cahier de texte, les bulletins scolaires ou encore les communications administratives.
Depuis le début du confinement, Pronote est devenu l'interface indispensable au télétravail des élèves mais peu importe le profil utilisé, l'élève a accès à une partie des ressources nécessaires. "Il y avait des devoirs, des consignes, et mon fils les a réalisés."
Evidemment, les parents ont répondu au collège et tout va sans doute rentrer dans l'ordre, mais, on le voit bien dans le cas présent, les situations peuvent rapidement se tendre dans ce contexte inédit.
La bienveillance avant tout
Contacté par nos soins, le rectorat indique que ce type de courrier n'entre absolument pas dans les consignes académiques. "Les établissements ont pour mission d'éviter les décrochages scolaires et de s'assurer que chaque élève est en mesure de travailler à distance, les enseignants vérifient si les devoirs sont faits... Mais nous savons que la situation est particulière. Nous sommes sur le modèle de la bienveillance réciproque."
Sur l'organisation du travail, les emplois du temps, les notations, le volume des devoirs, l'Académie précise rester vigilante.
L'organisation de l'école à la maison ne coule pas forcément de source, ni pour les enfants, ni pour les parents, ni pour les enseignants. "Le but n'est pas que l'élève passe 12 h par jour à son bureau à travailler, nous devons prendre en compte les contraintes", explique le rectorat. "Nous nous mettons en ordre de marche, ce n'est pas forcément facile, il peut y avoir des maladresses."
Afin de préserver l'anonymat de l'élève, nous n'avons pas communiqué le nom du collège au rectorat, qui se disait prêt à intervenir pour demander à la direction "d'arrondir" sa communication. Si le ou la CPE du collège en question se reconnaît, peut-être le message est-il passé !