En déplacement familial à Sydney, Gigi Vacher aurait dû rentrer le 20 mars à Limoges. Suite à l’annulation de son avion, le seul conseil de l’Ambassade de France à Canberra : prendre un nouveau vol commercial. Mais les prix s’envolent, à défaut de certains avions.
Le 5 mars, Gigi entame son séjour pour rendre visite à sa fille qui habite à Sydney, et surtout, rencontrer sa nouvelle petite-fille, Ella, 4 mois. A l’époque, bien sûr le coronavirus était dans tous les esprits, mais point encore de confinement, " seulement" 7 morts et un peu plus de 400 personnes atteintes dans l’hexagone.
Deux semaines après, elle apprend que la compagnie Emirates annule tous ses vols. Et comme plusieurs milliers de Français dans le monde, et comme des centaines spécifiquement en Australie, Gigi Vacher se sent soudain bien seule. Pas à cause du confinement, mais face à ses difficultés à trouver une solution de vol retour pour la France.
Avec ma fille, on a appelé l’ambassade, ils nous ont dit de remplir un formulaire, et qu’ils nous enverraient un mail. Sans nouvelle au bout de 2 jours, c’est nous qui avons rappelé, ils nous ont dit de nous tenir informés sur leur page Facebook
Ce que fait Gigi aussitôt. Les seules préconisations de l’Ambassade sur le réseau social sont les suivantes : " les Français de passage se trouvant actuellement en Australie sont invités à prendre les mesures nécessaires pour un retour en France tant que les liaisons commerciales restent ouvertes".
Mais voilà, de très nombreux européens ou ressortissants d’autres pays cherchent à quitter le pays au même moment, le marché se trouve déséquilibré et les tarifs flambent. La Limougeaude ne trouve rien en-dessous de 1750 euros (3194 dollars australiens). Après avoir déboursé plusieurs centaines d’euros pour son vol annulé (la compagnie devrait proposer un avoir), la pilule est dure à avaler.
Selon elle, "l’Ambassade répond qu’elle est en train de négocier avec Qatar Airways pour qu’ils soient plus raisonnables car c’est la seule compagnie qui vole encore ici, mais jusqu’ici rien."
Donc Gigi attend. Et encore, elle se trouve chanceuse d’être dans sa famille, contrairement à d’autres.
Y en a qui sont à l’aéroport depuis plusieurs jours, ils attendent des vols, ils mangent là-bas, ils ne peuvent pas se laver, c’est la cata pour eux
Mais Gigi s’inquiète aussi de sa situation salariale. Fonctionnaire, elle est Maître ouvrier principal au Centre Hospitalier Esquirol à Limoges. Elle ne sait pas quand elle pourra y retourner, elle qui devait retravailler il y a déjà une semaine. Et elle devra évidemment se mettre en quarantaine à son retour. En attendant, elle profite encore un peu de sa famille et de pouvoir sortir. En effet, l’Australie, si elle a durci les règles sanitaires, n’a pour l’instant pas prononcé de confinement général. Les restaurants, les bars, et les plages sont fermés, mais les magasins restent ouverts.
On fait attention, j’ai des gants et du gel hydroalcoolique, mais pas de masque. Ceci dit, beaucoup n’ont pas pris conscience ici de la gravité de la pandémie et ne respectent pas forcément les gestes barrière, ils font n’importe quoi
Demain, Gigi ira sans doute faire un peu de moto, comme un sentiment de liberté arraché à une situation ubuesque.
(Entretien réalisé dimanche 29 mars à 9H en France,18h à Sydney)