Depuis lundi 16 mars, les étudiants de la Faculté de médecine de Limoges font officiellement partie de la réserve sanitaire. Sur la base du volontariat, ils sont mobilisés sur plusieurs missions : assistance téléphonique au centre 15, garde d'enfants...
En cette mi-mars, beaucoup d'étudiants de la faculté de médecine de Limoges étaient en stage, notamment dans différents services du CHU.
A l'annonce de la fermeture de tous les établissements scolaires y compris les universités, les stages ont été suspendus, à l'exception des gardes aux urgences qui ont été maintenues.
Dès lundi 16 mars, le dispositif de garde sanitaire s'est mis en place. Tout est allé très vite.
Le doyen de la Faculté de médecine, Pierre-Yves Robert, a demandé aux étudiants élus au conseil de faculté de recenser les volontaires. La mobilisation a été immédiate : 450 étudiants ont déjà répondu présents et des réponses arrivent encore tous les jours, de la part d'étudiants en médecine, mais aussi en pharmacie, en kiné, et sage-femme.
Le doyen de la Faculté de médecine est chargé de recenser les besoins au niveau des différents services du CHU, et plus largement sur tout le territoire, car les étudiants pourront être déployés dans les autres hôpitaux du Limousin si besoin.Je suis très fier et heureux de voir que les étudiants répondent massivement présents. Dimanche dernier, on m'a demandé de trouver 10 volontaires opérationnels lundi matin au centre 15. Deux heures plus tard, j'avais 50 noms. Idem pour une formation organisée par le centre de simulation du CHU sur les règles d'hygiène lors de la prise en charge d'un patient infecté. Ils avaient besoin de 6 étudiants, 37 se sont proposés. Cela montre leur réelle vocation. - Pierre-Yves Robert, doyen de la Faculté de médecine de Limoges
Ils sont potentiellement appelés à être affectés à différentes missions :
- l'assistance téléphonique au centre 15, ou au service des maladies infectieuses
- la garde d'enfants au domicile des personnels soignants, en complément des autres mesures qui sont mises en place par le Rectorat
- l'aide à la communication entre les les patients et leur famille via des outils numérique, et le maintien d'un lien social pour les patients fragilisés
- des tâches de soins, en fonction de l'absentéïsme des soignants
Au centre 15, deux fois plus d'appels à gérer
Depuis la semaine dernière, le nombre d'appels reçus au centre 15 de Limoges explose, comme l'explique le Dr Dominique Cailloce, responsable du Samu 87 :Les professionnels ont donc fait appel aux étudiants en médecine pour leur prêter main forte.En 2019, nous avons eu en moyenne 380 appels par jour. Dimanche dernier, nous en avons reçu 860 ! Le 15 est traditionnellement plus mobilisé le week-end car les cabinets médicaux sont fermés. Mais là même en semaine, nous avons deux fois plus d'appels qu'un jour normal.
Pour l'instant, dix étudiants de 2e année sont mobilisés depuis lundi, et 40 autres sont prévus en roulement.
Après avoir suivi en début de semaine une formation auprès des assistants de régulation médicale - les ARM - ils répondent aux appels liés au Covid 19.
Nous prenons le nom, l'adresse, le motif de l'appel puis, en fonction de la gravité, nous passons l'appel à l'interne ou au médecin régulateur hospitalier. Forcément, on appréhende un peu l'afflux d'appels, il faut savoir aller assez vite. C'était naturel de venir aider, et en plus c'est très formateur. - Léa Pouch, étudiante en 2e année de médecine
Les internes de médecine générale, qui ont pour leur part déjà six années d'étude derrière eux, sont aussi mobilisés.
Le Dr Dominique Cailloce, responsable du Samu 87, leur a confié la salle de crise sanitaire, spécialement ouverte depuis le début de la semaine, 7 jour sur 7, de 8h30 à 20h.
Après le premier filtre des ARM et des étudiants de 2e année, ils prennent les appels liés au Covid 19, hors cas de détresse vitale.
C'est un nouvel exercice pour nous. Lors de nos études, nous n'avons pas du tout de formation à la régulation. Au départ, ce n'est pas évident de juger de la gravité d'un cas juste au téléphone, sans examen clinique. Mais au bout de quelques appels, on prend nos marques. Nous devons prendre en compte la sévérité des symptômes, pour déterminer si la personne nécessite un test de dépistage. Il faut surtout beaucoup rassurer le patient. - Clément Bourgain, interne en 3e année de médecine générale
Garde d'enfants : aider à tous les niveaux
Une cinquantaine d'étudiants a aussi répondu présent pour des besoins de garde d'enfants chez du personnel soignant.
C'est le cas de Laura Screve, étudiante en 3e année de médecine, qui garde depuis mardi deux enfants de 1 et 3 ans près de Saint-Hilaire-Bonneval, en Haute-Vienne. La maman est médecin au CHU, et le papa est agriculteur, très pris par le travail dans son exploitation.
Laura ne se dit pas frustrée de ne pas être en première ligne, au CHU.J'ai été fille au pair en Espagne il y a quelques années, alors j'ai l'habitude de garder des enfants. Cela se passe très bien, nous pouvons jouer à l'extérieur, dans le jardin et les environs car l'exploitation est assez isolée. C'est mieux que d'être confinée dans mon appartement à Limoges !
On a tous quelque chose à apporter, et ça passe aussi par la garde d'enfants. Si les besoins s'accroissent à l'hôpital, nous y serons peut-être appelés, et les 2ème année prendront le relai. On verra.