Coronavirus : le témoignage d’une Limougeaude confinée à New-York

Il y a 12 ans, Lucile Graciano quittait le quartier de Beaubreuil à Limoges, direction New-York pour percer dans le monde de la danse. Elle nous raconte son quotidien dans la cité américaine qui est aujourd'hui la plus touchée par le Coronavirus.  

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Nous avions rencontré Lucile chez elle, à New York, il y a un an pour un reportage. Elle habite à Bushwick, dans le quartier de Brooklyn, l’un des cinq boroughs (arrondissements) de New-York (les 4 autres étant Manhattan, le Bronx, le Queens et Staten Island).
 
Son appartement est situé dans un petit immeuble.

En ce moment je vis seule avec mes chats, car d’habitude je sous-loue une partie à des touristes de passage. Mais depuis le début de l’épidémie, tous les séjours sont  annulés. Pas facile financièrement, car cela m’aidait à payer mon loyer qui est de 1700 dollars par mois (environ 1500 euros). Heureusement ma propriétaire est cool, elle sait que les prochains mois, ce sera difficile de payer.

 Je ne bouge pas, je vais très peu à l’extérieur, je profite du toit avec une terrasse accessible par une échelle et sinon j’ai aménagé un petit balcon, devant ma fenêtre, l’escalier de secours qui longe la façade, vous savez ceux que l’on voit parfois dans les films sur New-York, ils sont typiques de l’architecture locale.

 
 


La "social distancing" peu respectée


L’extérieur, justement, elle y va le moins possible car elle « hallucine » de voir comment les habitants de son quartier sont relax. 

Quand on voit que New-York, la ville et son Etat, sont les plus touchés au monde (11 500 morts et 200 000 cas au 17 avril), je ne comprends pas l’attitude des gens. Ils ne se sentent pas concernés, ils ne sont pas disciplinés avec le confinement (alors que le gouverneur de l’Etat vient de le prolonger jusqu’au 15 mai). Les laveries automatiques ressemblent à des fourmilières, des magasins sont ouverts, la « social distancing » (distanciation sociale) n’est pas respectée ici. Il y a un décalage avec la réalité des chiffres de l’épidémie. Moi je prends toutes les précautions comme vous en France, mais mes voisins me disent de ne pas tomber dans la paranoïa ! C’est dingue, c’est surprenant, voire même choquant. Ils n’ont pas conscience du danger.


Jeudi 16 avril, la Limougeaude a quitté quelques heures Brooklyn pour se rendre en métro à Manhattan. Elle devait y acheter des médicaments. En temps normal, ce quartier de la ville est noir de monde. Avec le confinement, la vie a quasiment disparu.
 

 
 


Mais il y a quand même un peu de monde j’ai été surprise, il y a quelques activités avec les ventes à emporter des restaurants. Ce qui m’a le plus étonnée, c’est à la sortie de la station de métro. D’habitude, sur le trottoir, il y a des vendeurs de chapeaux, de casquettes, de t-shirts, de babioles en tout genre. Tout s’achète en liquide bien sûr. Et là maintenant, ils vendent dans la rue des masques, des gels, des lingettes, des bidons de javel, alors qu’on  nous dit qu’il y a une pénurie de ces produits ! C’est  hallucinant.


Brooklyn, Beaubreuil... même combat !


De  retour, chez elle, notre jeune Limougeaude, s’enferme.

Je médite, je cuisine, je ne regarde pas trop la télé. Quand tu vois les images des hôpitaux de campagne dans la ville, c’est flippant. J’appelle la famille en France par FaceTime. Finalement je n’ai jamais reçu autant d’appels que depuis le début de l’épidémie. Cela fait du bien. J’ai eu mes grands-parents  il y a quelques jours. Ils m’ont fêté mon anniversaire. Je pense aussi à tous mes copains de Beaubreuil qui vivent dans les HLM, ça doit être dur. Ici, à Brooklyn, il y a des familles qui vivent à neuf dans deux pièces, je ne sais pas comment ils y arrivent. Avantage du confinement, ça me permet aussi de travailler. J’édite mes vidéos de danse sur instagram, sur ma page facebook . J’ai de bons retours, donc peut être qu’après il y aura des contrats.


Danseuse de hip-hop et de free style, Lucile travaille pour des spectacles, des artistes, des clips. Ces petits contrats, c’est ce qui la fait vivre. Aux Etats-Unis, les intermittents du spectacle n’ont pas de statut. Pas de job pas de revenu. Mais elle garde le moral...

Comme je travaille un peu dans la restauration, je vais peut-être avoir des aides. Mais d’un coup, il y a eu des millions de chômeurs ici. Les dossiers sont donc longs à être traités. Je vais peut être toucher les 1200 dollars promis par le gouvernement à chaque  habitant. On verra.


Paradoxe de cette épidémie, aux quatre coins du monde, tout le monde est touché par le confinement. Pour une fois, Beaubreuil vit (presque) au même rythme que Brooklyn. Et comme on dit aux Etats-Unis : take care Lucile ! (prends soin de toi Lucile) !
 


 
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