Course des Gendarmes et Voleurs de Temps : crise interne et perturbations autour de l’organisation de l’édition 2024

L’association organisatrice de la course nature, qui rassemble chaque année plus de 5.000 participants venus de toute la France à Ambazac (Haute-Vienne), traverse une crise interne. Les inscriptions pour l’édition 2024 sont bloquées et des démissions sont confirmées. Des précisions ont été envoyées ce dimanche soir à notre rédaction.

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Le 7 octobre dernier, les organisateurs de la course "Les Gendarmes et les Voleurs de Temps" ont annoncé, sur internet, l’ouverture des inscriptions pour l’édition 2024. Quelques heures plus tard, un message s’affichait : « suite à un problème technique, les inscriptions ne sont actuellement pas disponibles, nous vous informerons dès que le dysfonctionnement sera résolu ». Dans la foulée, les organisateurs ont renoncé à tenir un stand de promotion lors des 20 km de Paris (le 8 octobre 2023), contrairement à leur habitude.

 Actuellement sur le site, les dates de l’édition sont affichées en une et bien confirmées pour le 18 et 19 mai 2024, mais concernant les inscriptions, elles sont « SUSPENDUES A PRIORI JUSQU'AU 1ᵉʳ NOVEMBRE 2023 POUR DES RAISONS TECHNIQUES À COMPTER DE CE JOUR. »

 

Perturbations au sein de l’organisation

Apparemment anodins, ces deux faits seraient les conséquences d’une crise interne dans l’association organisatrice. La trésorière a démissionné de ses fonctions et les membres du bureau ont convoqué une assemblée générale extraordinaire ce vendredi 20 octobre, dans la foulée de l’assemblée générale ordinaire destinée à présenter le rapport moral et financier. Le départ de Jean-Luc Monges (président historique de l’association organisatrice de la course), la dissolution de l’association et l’annulation de l’édition 2024 auraient, selon nos informations, dimanche à la mi-journée, été évoqués.

Dans un courrier adressé à France 3 Limousin ce dimanche soir, signé "des membres démissionnaires de l'association des gendarmes et des voleurs de temps", des précisions sont apportées. Selon ce communiqué, il est confirmé que l'assemblée générale extraordinaire visait effectivement à "valider ou non la dissolution de l’association compte tenu de tensions internes importantes depuis quelque temps. Cette dissolution n’a pas été votée, l’association a été maintenue par 30 voix contre 8. Donc l’association des Gendarmes et Voleurs de Temps continue".

Lors de l’assemblée générale, le secrétaire de l’association, Jean-Marc Anglada, et par ailleurs entraîneur du club de Limoges Athlé a décidé de démissionner de ses fonctions. Contacté par téléphone ce samedi, il nous a confirmé sa démission, mais n’a pas souhaité faire de commentaires. Des membres du bureau, contactés par l’un de nos journalistes et qui souhaitent rester anonymes, contestent certains choix financiers de Jean-Luc Monges.

Dans le communiqué reçu ce dimanche soir, des éléments apparaissent concernant ces démissions : "Suite à des désaccords avec le Président, une vingtaine de membres de l’association des gendarmes et les voleurs de temps a démissionné dont 13 sur 15 du comité directeur. D’autres démissions de membres sont en train de suivre (il y a déjà eu 5 démissions depuis début 2023). Les raisons de ces démissions sont multiples, mais la principale est que ces membres démissionnaires ne cautionnent plus la gestion de l’association et les prises de décision unilatérale de la part de son président. Nous avions, en comité directeur, demandé la démission de Jean-Luc Monges."

La course à pied pénalisée par les crises covid

L’assemblée générale n’aurait d’ailleurs pas adopté les comptes de l’édition 2023 qui présenteraient, selon un membre du bureau, un déficit de 55.000 euros. Information que la direction ne souhaite pas confirmer à l'heure où nous écrivons ses lignes.

En cause, une forte baisse du nombre de participants sur l’épreuve phare de 32 km (1093 arrivants en 2023, contre 1324 en 2022, et 2004 en 2019) et difficilement compensée par les autres courses. Au total, pour 2023, on déplore 1200 inscrits en moins. 

Les organisateurs ont d’ailleurs décidé, pour l’année prochaine, de supprimer la distance la plus longue de 52 km qui n’avait rassemblé que 308 arrivants en 2023. Les Gendarmes et Voleurs de Temps ont fait leur succès en surfant sur l’émergence du trail en France, mais ils ont été victimes de l’annulation des éditions 2020 et 2021 en raison du Covid et de la concurrence des autres épreuves qui se sont multipliées ces dernières années.

Nous avons pu joindre Jean-Luc Monges par téléphone dimanche à la mi-journée. Ce dernier se refuse à tout commentaire officiel. Mais des contestations ont été confirmées tout comme des démissions. Ce dernier, par ailleurs, nous a confirmé que l'aventure continuait avec lui. 

Selon nos informations, une nouvelle assemblée générale est convoquée le 30 octobre prochain afin de procéder à la mise en place d’un nouveau bureau, d’autres démissions étant évoquées.

Un Trail ancien connu bien au-delà du Limousin

Retraité de la gendarmerie, Jean-Luc Monges a organisé pendant neuf ans les Foulées de la Gendarmerie à Limoges de 1991 à 1999, avant de créer le Trail des Gendarmes et voleurs de temps en 2000 et d’en faire l’une des courses les plus connues en France.

Jean-Luc Monges s’appuie encore aujourd'hui sur le soutien de la Gendarmerie Nationale, très impliquée dans l’organisation. 

Proposant des distances de 5 à 32 km, du cani-cross, de la marche nordique et des courses enfants, le rendez-vous draine, chaque année, plus de 5.000 participants et trois fois plus de personnes - accompagnateurs et public - sur le site du Muret à Ambazac. Plus de 80% des participants sont extérieurs au Limousin.

La Gendarmerie Nationale en a fait un vecteur de communication de ses activités avec notamment l’implication des élèves de l’école de Gendarmerie de Tulle. Chaque année, des cavaliers de la Garde Républicaine ouvrent le parcours devant les coureurs.

 

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