Le retard pris pour diagnostiquer un cancer ne se rattrape pas, rappellent des spécialistes à Limoges alors que certains patients annulent leurs examens par peur de la Covid-19. Les délais d'attente pour se faire dépister n'ont pas encore été rattrapés suite au premier confinement.
Dans le service de gastro-entérologie de la Polyclinique de Limoges, on dépiste le cancer colorectal. Lors du premier confinement au printemps 2020, durant deux mois, seules les urgences étaient assurées. Depuis, le retard n'a pas pu être rattrapé, et malgré les mesures-barrières ou l'espacement des consultations, certaines craintes demeurent.
Maintenant, nous avons quasiment toutes les semaines des annulations d'examens chez des patients qui ont été vus en consultation et qui, quelques jours avant leur endoscopie, annulent leur rendez-vous... Pourquoi ? Parce qu'on les interroge, on se pose des questions, c'est la peur d'attraper la Covid, d'être contaminé au cours des examens
L'enjeu du dépistage est pourtant majeur, car plus un cancer est repéré tôt, plus sa prise en charge est efficace.
Le bloc opératoire de la Polyclinique de Limoges tourne à plein régime en ce 15 février 2021, mais en urologie, les mauvaises surprises sont de plus en plus fréquentes, comme l'explique l'urologue Franck Salomé : "On voit maintenant des cancers à des stades qu'on ne voyait plus auparavant, c'est-à-dire que les maladies ont évolué et par exemple, pour le cancer de la vessie, ce ne sont plus des traitements locaux, ça devient des traitements invasifs avec des rayons, de la chimiothérapie et/ou de la chirurgie lourde où on va enlever la vessie".
Aujourd'hui, pour le directeur de la Polyclinique, l'organisation est toujours au cœur des préoccupations, car l'avenir reste incertain : "L'enjeu actuel est de faire cohabiter la gestion et l'organisation d'une unité Covid et le maintien des opérations programmées, des hospitalisations programmées, urgentes également, et cela le plus longtemps possible". L'objectif est donc de rattraper le retard pris en 2020 dans les mois qui vont suivre février 2021. Pour cela, il faut encore rassurer les patients et espérer que l'épidémie ne viendra pas encore perturber des soins courants mais essentiels.