Certains patients sont désormais accueillis dans une tente installée sur le parking. C’est la conséquence d’un afflux de malades atteints de Covid, qui s’ajoute à une difficulté récurrente pour trouver des lits.
Une tente a été installée sur le parking des urgences du CHU de Limoges. Au départ elle abritait de la logistique, mais désormais des patients y sont pris en charge.
C’est le signe le plus visible d’une situation préoccupante, qui nous est racontée de l’intérieur par un membre du personnel : "Ce matin il y avait 48 patients dans les urgences pour 3 infirmiers et 2 aides soignantes. Soit 16 patients par infirmier, dont certains relevaient de soins intensifs. Plus 6 patients dans la tente montée à l'extérieur. Pour s'occuper des patients dans la tente, un infirmier et un aide-soignant sont revenus sur des jours de repos."
Une situation inédite
En cause bien sûr, l’épidémie de Covid qui provoque une augmentation du nombre de patients. Le docteur Jean-François Cueille, responsable des urgences, constate : "On connaît une vague que nous n’avions pas encore vue en Limousin. On avait été épargnés lors des premières vagues, maintenant on est comme les autres."
Le Pr Jean-Yves Salle, président de la commission médicale d’établissement, ajoute : "Lors de la première vague, nous avons déprogrammé de nombreuses interventions. Cela libérait du personnel. Là, nous devons déprogrammer au minimum".
Des problèmes plus anciens
Mais il y aussi des difficultés récurrentes. Depuis plusieurs années, les urgentistes peinent à trouver des lits pour hospitaliser les patients qui arrivent aux urgences. C’est la question des "lits d’aval". Ce phénomène s’aggrave avec la crise.
En effet, le CHU a dû ouvrir des lits supplémentaires dédiés aux patients atteints de Covid. Ces lits mobilisent du personnel venu de plusieurs services non-Covid. Conséquence : il y encore moins de lits que d’habitude pour les patients non-Covid des urgences, dont le nombre ne diminue pas.
Médecine de crise
Jean-Yves Salle reconnait : "Il y avait des problèmes avant, qui étaient moins aigus. Là, nous sommes en médecine de crise." Un membre du personnel décrit : "Les patients restent plusieurs jours dans les urgences sur un brancard et des retards de prises en charge sont observés".
Reste à savoir si des enseignements seront tirés de cette crise pour l’organisation du CHU et de ses urgences, et surtout pour l’accueil des patients. En attendant, Jean-Yves Salle conclut avec inquiétude : "Le Premier ministre a dit qu’on avait passé la crête, j’espère qu’il a raison…"