La ministre de la culture recevra bientôt les professionnels du monde du spectacle. En Limousin, artistes et producteurs sont angoissés pour leur avenir à partir de septembre.
Le bluesman Bobby Dirninger ne cache pas son inquiétude. S’il a pu limiter les dégâts pendant l’été en jouant quelque peu en extérieur comme sur l’île d’Oléron, il est plus que pessimiste pour la rentrée. Les artistes vont devoir réintégrer leurs salles de spectacle :
Bobby Dirninger fait partie de ces musiciens qui cachetonnent beaucoup dans les petits lieux de concert pour pouvoir garder leur statut d’intermittent. Or, ces petites scènes seront les premières à ne pas pouvoir rouvrir à cause des règles de distanciation dues à la Covid 19 :J’engrange les dates de concert tant qu’on est en plein air. Après, je ne sais pas du tout de quoi sera fait mon avenir, même si les droits des intermittents ont été prorogés jusqu’en 2021.
Ces petits lieux à peine rentables et non subventionnés sont tenus par des gens passionnés de musique. Si on impose une réduction de la jauge pour des raisons sanitaires, ce sera très dur pour eux. Et puis c’est la promiscuité qui en faisait tout le charme …
Alors certains artistes commencent à s’énerver, et à s’adresser directement à Roselyne Bachelot, à l’image de Jean Marc Sauvagnargues, dont l’un des producteurs est basé à Limoges.
Petits producteurs
Depuis 7 ans, Philippe Labrousse est à la tète de Kanopé productions à Limoges. Il trouve des dates de concert pour ses artistes, et organise lui-même des soirées.En temps normal, je réalise 50% de mon chiffre d’affaire pendant l’été. En juillet-Août, je n’ai pu vendre qu’une vingtaine d’animation dans des bars.
Philippe Labrousse fait partie de ceux qui demandent plus de clarté à Roselyne Bachelot, la toute nouvelle ministre de la Culture.
#covid Nous accompagnons au plus près le secteur de la #culture pour faire coexister la prudence et le soutien aux artistes et à l’économie. Nous recevrons dès la semaine prochaine les organisations professionnelles des secteurs les plus impactés. Nous allons avancer, ensemble.
— Roselyne Bachelot (@R_Bachelot) August 13, 2020
Si tout doit être à l’arrêt pendant 6 mois, qu’on nous le dise clairement. Et que le gouvernement prévoie alors des indemnisations.
Le 23 octobre prochain, il organise le concert des Fatals Picards à l’espace Crouzy de Boisseuil. Les règles actuelles l’obligeront à ne pas faire entrer plus de 200 spectateurs dans la salle pour une jauge de 950 personnes. Dans ces conditions, le concert ne peut pas être rentable et devra être annulé.
Car il sera impossible de payer les artistes, les techniciens, la billetterie ou encore la communication autour du spectacle.
On travaille depuis plusieurs mois pour des projets qui peuvent être remis en cause du jour au lendemain
Opéra de Limoges
L’opéra de Limoges est largement subventionné. C’est une institution pour qui la catastrophe financière est moins importante que pour les producteurs privés.Malgré tout, le manque de visibilité lié à la Covid 19 donne des sueurs froides à Alain Mercier, le directeur.
Le 1er septembre, l’opéra de Limoges présentera sa nouvelle saison à travers une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Alain Mercier demande des consignes claires à la ministre de la culture.Ma plus grande inquiétude est liée aux répétitions. Si l’un de nos artistes tombe malade, toute la production peut être remise en cause. On ne peut pas mettre un masque aux chanteurs, ni éviter l’effet aérosol des instruments à vent.
On se prépare à une saison très agitée.
Et puis le public osera-t-il revenir dans un endroit clos en période de Covid 19, même avec un masque. C’est une question à laquelle personne ne peut répondre pour l’instant.