"C'est un immense soulagement", a réagi auprès de l'AFP Alain Jakubowicz, avocat d'une quarantaine de victimes et de l'association de familles Entraide et Solidarité. Le crash du Rio-Paris avait fait 228 morts en juin 2009, parmi lesquels 19 salariés et conjoints d’une société limousine, originaires de l'ensemble de la Nouvelle Aquitaine.
Le parquet général de Paris a annoncé ce jeudi 27 avril qu'il faisait appel du jugement de relaxe du constructeur Airbus et de la compagnie aérienne Air France dans l'affaire du crash du Rio-Paris, qui avait fait 228 morts en juin 2009, parmi lesquels 19 salariés et conjoints d’une société limousine. Dans la liste de ces victimes, figurent cinq Picto-Charentais, des Girondins, des Béarnais.
Écoutez la réaction du haut-viennois Philippe Linguet, frère de l'une des victimes, qui est également vice-président de l’association des familles de victimes :
Le 17 avril, le tribunal correctionnel de Paris avait mis hors de cause sur le plan pénal les deux entreprises, qui comparaissaient pour homicides involontaires. Cette décision avait suscité "l'écœurement" des proches des victimes dans cet accident qui est le plus meurtrier de l'histoire des compagnies françaises. Le tribunal avait jugé que si des "fautes" avaient été commises, "aucun lien de causalité certain" avec l'accident n'avait "pu être démontré".
En interjetant appel de cette relaxe, mercredi, le parquet général près la cour d'appel de Paris entend donner "leur plein effet aux voies de recours prévues par la loi" et "soumettre l'affaire à un second degré de juridiction", indique-t-il dans un communiqué.
"Un immense soulagement"
"C'est un immense soulagement", a réagi auprès de l'AFP Alain Jakubowicz, avocat d'une quarantaine de victimes et de l'association de familles Entraide et Solidarité. "Cet appel du parquet général était la dernière chance pour les familles des victimes", a-t-il insisté, soulignant les nombreux "errements dans ce dossier".
Lors du procès, qui s'était déroulé du 10 octobre au 8 décembre, le parquet du tribunal judiciaire de Paris avait requis la relaxe des deux entreprises, estimant que leur culpabilité était "impossible à démontrer". Me Jakubowicz a salué une "décision très rare du parquet général de faire appel" alors que le ministère public avait requis la relaxe lors du procès. "Il va y avoir un nouveau procès, et la détermination des familles sera encore plus grande. Cela nous laisse beaucoup d'espoir", a déclaré Me Jakubowicz. Contacté, Me Simon Ndiaye, avocat d'Airbus, n'a pas souhaité réagir pour l'instant. De son côté, Me François Saint-Pierre, avocat d'Air France, n'était pas joignable dans l'immédiat.
Rappel des faits
Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'est abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage. À bord de l'A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens.
Parmi ces Français, 19 salariés et conjoints d’une société limousine sont morts dans ce crash, dont deux employés vivant en Limousin. Le frère de l'une de ces victimes, Philippe Linguet, est également vice-président de l’association des familles de victimes.
Cinq Picto-Charentais, mais aussi des Girondins, des Béarnais étaient à bord. Ce voyage de quatre jours au Brésil leur avait été offert par leur employeur à l'issue d'un concours interne annuel récompensant les meilleurs commerciaux du Sud-Ouest.
Récit : Alexandra Filliot avec AFP