Déconfinement : des écoles déjà au maximum de leurs capacités d’accueil

En raison des consignes sanitaires très strictes, certaines écoles n’ont plus de marges de manœuvre pour accueillir de nouveaux élèves, alors que les demandes augmentent pour le mois de juin. Les mairies sont sollicitées pour mettre en place des activités sportives et culturelles.
 

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Le 2 juin 2020 marque l’entrée dans la deuxième phase du déconfinement. De nouvelles activités, notamment celles liées au tourisme et à la restauration, vont être relancées. Autant de parents d’élèves qui ne pourront plus garder leurs enfants chez eux. Pour d’autres, les conditions de rémunération du chômage partiel vont devenir moins avantageuses, incitant peut-être au retour au travail. De façon générale, la situation sanitaire qui s’améliore devrait lever les réticences de certains parents qui avaient, jusqu’ici, préféré garder leurs enfants chez eux.

Dès la semaine prochaine, le nombre de demandes pour des retours à l’école devrait donc considérablement accroître. Problème : certaines écoles sont déjà en tension au niveau des effectifs, et auront du mal à accueillir de nouveaux élèves.
 

« Ce n’est plus l’école de la République »


C’est le cas, par exemple, de l’école Edouard Herriot à Limoges, qui accueille aujourd’hui 214 élèves sur les 380 inscrits dans les trois sites de l’établissement.
Et encore, tous ne peuvent pas être pris en charge quatre jours par semaine, c’est le cas seulement pour les 63 enfants dont les parents exercent des professions prioritaires.
Les autres enfants sont accueillis en roulement, deux jours par semaine en élémentaire, un jour par semaine en maternelle.

Nous n’avons plus de marge de manœuvre. Nous avons demandé dès le début aux parents de réserver des places, même s’ils savaient que leur enfant ne reviendrait qu’en juin. Mais beaucoup se décident au dernier moment, ou changent d’avis. C’est là qu’on s’arrache les cheveux ! Surtout que certains parents deviennent agressifs quand on leur dit qu’on ne peut pas prendre leur enfant. Et je les comprends, ce n’est plus l’école de la République… Dire à une maman, dont je sais qu’elle en a vraiment besoin, que je ne peux accueillir sa fille qu’un jour par semaine, ce n’est pas acceptable. -Nathalie Coldeboeuf, directrice du groupe scolaire Edouard Herriot


Assouplir les mesures sanitaires


A l’école élémentaire du Vigenal à Limoges, classée en REP (réseau d’éducation prioritaire), 67 élèves ont repris, sur 148. Mais les demandes pour début juin avoisinent la centaine d’élèves. Dans ce cas, pour la directrice, la seule solution pour pouvoir accueillir tout le monde passerait pas un assouplissement des mesures sanitaires.

Chez nous, l’espace pour se laver les mains est petit, donc les enfants ne peuvent y aller que par deux à la fois. Avec plus de monde, il faudra qu’ils passent à trois sinon les temps d’attente devant les sanitaires seront trop longs. Imaginez qu’il y a 9 passages aux toilettes par jour et par groupe, et qu’à chaque fois, les agents d’entretien doivent nettoyer ! - Aude Soria, directrice de l’école élémentaire du Vigenal

Par ailleurs, certains enseignants qui étaient à mi-temps à l’école pour pouvoir gérer la continuité pédagogique devront sans doute passer en présentiel à plein temps, au détriment des familles qui ont fait le choix de garder leur enfant à la maison.
Le dernier point de tension concerne la garderie du matin, qui ne commence qu’à 8h. Avec la reprise généralisée du travail, beaucoup de parents qui travaillent tôt n’ont plus de solution, et là aussi les tensions montent.
 
 

Plusieurs écoles en tension à Limoges



Selon Vincent Jalby, l’adjoint au maire de Limoges en charge de l’Education, les écoles élémentaires de Limoges fonctionnent à ce jour en moyenne à 25 % de leurs capacités d’accueil habituelle, 17 % pour les écoles maternelles (des chiffres tenant compte des roulements, donc pris sur une journée d’école).
Dans certains établissements toutefois, la proportion d’élèves accueillis serait bien plus élevée, notamment à Jean Zay, Victor Hugo, Condorcet et Descartes en élémentaire, et à l’école Montmailler en maternelle.

A l’inspection académique de la Haute-Vienne, on reconnaît que beaucoup d’écoles tendent à atteindre le maximum de leurs capacités d’accueil, et on site également les cas des écoles Joliot-Curie et La Brégère.

Dans beaucoup d’établissements, il est en effet impossible d’accueillir autant d’enfants par classe que les seuils maximum fixés par le gouvernement (15 en élémentaire, 10 en maternelle). Car le protocole sanitaire est très lourd, et il faut prendre en compte plusieurs critères : la taille de la classe, des couloirs, la circulation, le nombre de sanitaires et de lavabos.
 

A la campagne aussi


Cette situation n’est pas l’apanage des zones urbaines. Des écoles en milieu rural se retrouvent elles-aussi en tension.
A Ambazac, en Haute-Vienne, l’adjointe au maire Peggy Bariat s’inquiète pour l’après deux juin.

Pour l’instant, ça va, mais si beaucoup de parents demandent que leurs enfants reviennent en juin, ça va être difficile. Le plus compliqué, c’est la désinfection des locaux, trois fois par jour.


A Saint-Brice-sur-Vienne, l’école ne rouvrira que le 4 juin, car du personnel municipal manquait jusqu’ici (notamment une personne dont l’enfant n’était pris à l’école qu’un jour par semaine dans la ville où ils habitent ! ). Mais la reprise se fera déjà presque au complet par rapport aux capacités d’accueil, avec 10 élèves par classe accueillis deux ou trois jours par semaine.

La nouvelle maire, Laëtitia Calendreau, fraîchement élue ce mercredi 27 mai, réfléchit à des solutions.

Cela va être compliqué si le protocole sanitaire ne change pas. L’inspection d’académie nous incite à mettre en place des activités sportives et culturelles en parallèle sur le temps scolaire, les fameux « 2S2C », pour pouvoir accueillir d’autres enfants. Nous allons y réfléchir, mais ce sera difficilement faisable rapidement, et pour un mois… 


Les « 2S2C »

C’est le nouvel acronyme à la mode dans le milieu scolaire, pour « Sport », « Santé », « Civisme » et « Culture ». Des activités dans ces domaines pourraient être proposées pendant le temps scolaire pour les enfants qui ne peuvent pas être accueillis à l’école. 
Elles seraient financées par l’État, à charge pour les collectivités locales de s’en saisir, comme elles avaient dû le faire avec les ateliers périscolaires lors la réforme du temps scolaire.
 

Courrier sur les "2S2C" envoyé aux collectivités locales par l'Inspection d'académie



A Limoges, on dit « travailler dessus » et espérer « pouvoir mettre en place quelque chose lors de la première quinzaine de juin ».

Ce sera plus proche d’un service minimum que d’une activité périscolaire. D’ailleurs on parle d’activité « parascolaire » car ce sera bien pendant le temps scolaire. Il faut avoir conscience que ce ne sera sans doute pas suffisant pour répondre à la totalité de la demande. - Vincent Jalby, adjoint au maire de Limoges, chargé de l’Education


A l’inspection académique de la Haute-Vienne, on souligne que les initiatives mises en place en cette fin d’année scolaire pourront être utiles à la rentrée si la situation sanitaire se dégrade à nouveau.
 
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