Popularisés sur les réseaux sociaux, les défis dangereux se multiplient dans les cours de récréation du collège et du lycée. Si, jusqu’à présent, les établissements de la Haute-Vienne semblent épargnés par ces concepts dangereux, les chefs d’établissement n’hésitent pas, par prévention, à faire circuler des informations auprès des parents d’élèves.
En février dernier, un "jeu" a fait l’objet d’une alerte particulière via un mail envoyé aux parents dans une école de Limoges. Il s'agissait d'un défi diffusé sur les réseaux sociaux et qui consisterait à boire entièrement une bouteille de parfum. Un parent avait pris connaissance de ce 'challenge' sur les réseaux sociaux, et en avait informé l'établissement où aucun cas n'est heureusement à déplorer. Contacté par téléphone, le proviseur nous explique toutefois ne pas avoir pris la question à la légère. Il a immédiatement réagi en informant tous les parents d'élèves et leurs enfants qui pourraient avoir vent de ces pratiques : "Notre principale préoccupation est l’alliance entre les parents et l’établissement. Je suis à l’écoute de ce qu’il se passe en interne. Je ne peux pas, en ayant été informé de ce phénomène, faire comme si j’étais sourd. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes touchés par cela", confie le proviseur.
Communiquer contre ces jeux dangereux trop nombreux
Le phénomène est malheureusement bien connu. Depuis des décennies, les adolescents s’adonnent à des défis dans les cours de récréation. Parmi les plus inquiétants, il y a le jeu du foulard, celui de la tomate ou de la grenouille. Des jeux de strangulation qui peuvent entraîner l’évanouissement et des conséquences parfois encore plus graves.
Ces pratiques, dont on ne peut plus ignorer l’existence aujourd’hui, font heureusement depuis quelques années l’objet de sensibilisation. Pourtant, ce phénomène n’a toujours pas disparu des cours d’école et il semble même se répandre davantage. Popularisés par le réseau social chinois TikTok, ces défis dangereux sont mis en avant dans des vidéos qui cumulent des centaines de milliers de vues dans certains cas.
Ces pratiques d’étouffement, d’étranglement, que l’on appelle à tort "des jeux" inquiètent les responsables d’établissement et les parents. Comme le jeu du parfum, de nombreuses autres tendances circulent sur les smartphones de nos enfants. À l’instar de « la virgule » qui consiste à surprendre l’un de ses camarades en lui mettant deux coups secs et rapides. Un geste évidemment dangereux qui avec son effet « coup du lapin » peut provoquer des lésions graves au niveau des cervicales.
Parmi les autres « trend » TikTok, on peut aussi mentionner le « rêve » ou « sommeil indien » ou « Blackout challenge » qui vise à s’hyperventiler avant de retenir sa respiration jusqu’à tomber dans les pommes. Pour rappel, en 2017, un collégien haut-viennois avait fait une syncope après avoir tenté l'expérience du "rêve indien".
Du côté des établissements scolaires, le maître mot reste de travailler conjointement avec les parents pour éviter des dérapages. Même son de cloche du côté des parents. Pour Gaëlle Pichon, trésorière de la FCPE 87 et mère de famille, il est indispensable de communiquer aussi et surtout dans la cadre familiale. "Il y a des choses que mes enfants peuvent voir et entendre, mais je leur apprends surtout à ne pas être des suiveurs, à ne pas absolument vouloir rentrer dans les normes et faire comme tout le monde, et je leur dis surtout de nous dire s’ils voient des choses comme ça à l’école", ajoute-t-elle.
L’accès aux réseaux sociaux à surveiller
Dans le règlement de TikTok, il est précisé que le réseau social refuse l’inscription des mineurs ayant moins de treize ans. Les collégiens et lycéens sont donc autorisés à naviguer sur la plateforme librement. Ils accèdent également librement à d'autres réseaux sociaux comme Instagram ou Facebook. C’est justement ce que pointe Patrice Arnoux, secrétaire académique du Syndicat Nationale des Enseignants (SNES) de la Haute-Vienne "Le problème, c’est l’utilisation que l’on fait du numérique. Ces phénomènes peuvent flamber très rapidement, c’est pour cela que nous essayons de sensibiliser les jeunes, de manière à leur faire exercer leur sens critique."
Mais il tient aussi à rassurer. "Ces phénomènes sont aussi suffisamment massifs pour que les professeurs, les parents soient rapidement informés de leur existence, c’est pour cela que la question est, en règle générale, rapidement traitée."
Être sur les réseaux sociaux est devenu une normalité.
Gaëlle Pichon, trésorière FCPE87A France 3 Limousin
Pour Gaëlle Pichon, il faut non seulement sensibiliser les enfants mais aussi et surtout leurs parents : "On ne peut rien imposer dans la sphère privée. Sur l’utilisation du téléphone, les parents répondent souvent à tort, 'c’est leur vie privée, cela ne nous concerne pas. Ils ne sont pas conscients qu’il y a un âge à respecter et que toutes ces choses-là peuvent aussi avoir un impact sur l’après'."
De son côté, le Rectorat de Limoges précise que deux référents académiques et six référents départementaux restent quotidiennement mobilisés contre le harcèlement et le cyberharcèlement. En parallèle, les élèves de l'Académie sont "formés à l'utilisation des réseaux sociaux en cours de sensibilisation aux médias."
"Depuis quelque temps, la parole se libère et le personnel et de plus en plus formé pour faire face à de telles situations". Le rectorat rappelle aussi qu'un numéro est mis en place pour "des procédures de signalement accélérées afin de faire supprimer les comptes ou les contenus en quelques heures sur les réseaux."