L'arrêté préfectoral du 30 mai 2024, pris après une série d'attaques de troupeaux de brebis, autorise les lieutenants de louveterie et l'OFB à neutraliser les chiens errants dans deux communes de la Haute-Vienne. L'association de protection des animaux One Voice attaque cet arrêté devant le tribunal administratif. L'OFB rappelle que les tirs n'interviendront qu'en dernier recours d'une procédure très encadrée.
Dans cet élevage du sud de la Haute-Vienne, à cheval sur les communes de Saint-Paul et Saint-Genest-sur Roselle, quatre attaques sur le troupeau de brebis ont été constatées ces deux dernières semaines. Sur les 1200 bêtes, sept ont été tuées, trois ont dû être euthanasiées, deux ont disparu, et quinze ont été blessées.
Loup ou chien errant, l'auteur de ces attaques n'a pas été identifié. Considérant "le risque grave et immédiat", et "l'urgence de la situation", le préfet a pris deux arrêtés, chargeant les services assermentés de neutraliser le prédateur.
L’association animaliste One Voice refuse qu’on tue les chiens errants, même pour cette raison.
Après l’Aveyron, c’est désormais la Haute-Vienne qui se lance dans l’abattage des chiens errants. De la «destruction» à la «neutralisation», des appellations différentes mais un même objectif. One Voice saisit la justice. https://t.co/dXz5FaryDG
— One Voice (@onevoiceanimal) June 3, 2024
"Nous avons décidé d'attaquer en référé l'arrêté préfectoral qui décide de tuer des chiens simplement parce qu'ils sont errants. Un chien peut s'échapper, un chien peut être abandonné, depuis quand se met-on à tuer les chiens à coups de fusil en France ?", s'insurge la présidente de l'association One Voice, Muriel Arnal.
Le tir en dernier recours
Que ce soit pour un chien ou un loup, la surveillance des pâturages a lieu 24h sur 24, notamment avec des pièges photographiques. Si l’auteur des attaques se révèle être un chien, les agents de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) essaient d’abord de le capturer, mettent en œuvre des moyens non létaux, le tir étant le dernier recours.
"Le chien est recherché auprès des habitants des communes avoisinantes. Si son propriétaire est retrouvé, il est mis en demeure par un arrêté municipal de maintenir à domicile cet animal. Les tirs de neutralisation létale ne se font qu'en dernier recours et en état de légitime défense du troupeau.", précise Philippe Goursaud, chef du service départemental de l'OFB.
Le reportage de Cécile Descubes et Mathilde Baralle
On a tendance à tout mettre sur le dos du loup.
Jacqueline Lhomme-Léomentmaire (sans étiquette) de Saint-Genest-sur-Roselle (87)
La maire de St Genest-sur-Roselle est fille de berger. Des attaques de chiens errants, elle en a connu depuis toujours : "Ce n’est pas nouveau, on a tendance à tout mettre sur le dos du loup, mais il faut quand même que ce soit prouvé. L'OFB sert à ça."
Avant de connaître les résultats de l'enquête de l'OFB sur ces attaques, la Coordination rurale estimait déjà que l’auteur est un loup.
Un deuxième arrêté préfectoral autorise l'éleveur à "effectuer des tirs de défense simple en vue de la défense de son troupeau contre la prédation du loup".
Le recours de One Voice doit être examiné le 26 juin 2024 par le tribunal administratif de Limoges.