Entre enfer et paradis, l'extraordinaire saison du Limoges CSP il y a tout juste 20 ans !

Avec l'épidémie de Covid-19, certains anniversaires passent inaperçus, et pourtant... Certains méritent d'être rappelés ! Malgré sa riche histoire, le Limoges CSP n'a en effet jamais connu pareille saison que celle de 1999/2000, entre incroyable triplé et descente aux enfers !
 

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Journalistes, suiveurs, ennemis ou supporters, d'aucuns surnomment le Limoges CSP « Dallas-sur-Vienne », ou « La Samaritaine », tant il est vrai qu'il s'y passe toujours quelque chose, souvent de bon, encore plus souvent de mauvais !
À croire même que c'est inscrit dans son ADN, pour ne pas dire vitale pour lui...

Mais alors, malgré toutes ses heures de gloire, malgré le titre européen suprême de 1993, le CSP n'a-t-il jamais été AUTANT le CSP que lors de cette saison 1999/2000, où il a tutoyé les anges, et côtoyé les démons ?

Un début de saison 1999/2000 poussif

Pour rappel, le club sort alors d'un précédent exercice décevant, au regard de son standing : aucun titre, et des éliminations prématurées dans toutes les compétitions où le club est engagé.

Mais, sur le papier tout du moins, cette nouvelle saison s’annonce alléchante :

Dusko Ivanovic, « apôtre » de « Boja » Maljkovic, prend les rênes de l'équipe, Yann Bonato revient au club, Fred Weis, drafté par les New York Knicks mais en échec là-bas, y reste, et les autres joueurs sont de solides français (comme Bruno Hamm, Thierry Rupert, Jean-Philippe Méthélie, Stéphane Dumas, David Frigout...). Les deux américains, Harper Williams et Carl Thomas, sont présentés comme plus qu’intéressants.
Une équipe quasi bâtie pour le titre...

Pourtant, la sauce ne prend guère en début de championnat.
Il faut dire, selon Yann Bonato, les entraînements d'Ivanovic étaient d'une rigueur, d'une dureté et, se souvient-il vingt ans plus tard comme si c'était hier, d'une longueur absolues.
Bref l'équipe peine, d'autant que Carl Thomas n'affiche pas le niveau escompté. Au bout de douze matches, il est d'ailleurs remplacé par son compatriote Marcus Brown, passé précédemment par l'ennemi palois, et arrivant alors des Détroit Pistons.
 
Une arrivée qui va tout changer sur le plan sportif ...

Les ennuis judiciaires s'abattent sur le CSP entre l'été et l'automne 1999

Mais avant cela, c'est une actualité d'un tout autre ordre qui s'invite au CSP.
En juin précédent, la Chambre Régionale des Comptes avait épinglé la gestion des clubs sportifs, au premier rang desquels le CSP, par les élus locaux.
L'affaire agite le Landerneau et le 26 octobre, le siège du club est perquisitionné par le SRPJ.
Dès lors, il ne va plus se passer un jour sans que Limoges ne soit au centre de l'actualité, aussi bien sportive que judiciaire.

L'histoire s'emballe en décembre 1999

Tout commence mi-décembre, quand Marcus Brown « claque » 34 points sur le parquet de Strasbourg !
Tout s'enchaîne début janvier, quand Didier Rose, figure historique du CSP et agent de joueurs, et Pierre Pastaud, l'un des dirigeants, sont placés en garde à vue.
Tout continue, dans la foulée, avec l'annonce des caisses du club entièrement vides !

Les heures, les jours, les semaines, les mois qui suivent sont alors, à proprement parler hallucinants.
Chaque entraînement est annoncé comme le dernier. Chaque match l'est également.

Les rédactions de la presse locale reçoivent parfois le matin un message de continuité, un message de fin à midi, et deux contre-ordres dans l'après-midi ! Leurs services judiciaires et sportifs sont pareillement mobilisés...


Les supporters, avec alors un Internet et des réseaux sociaux à peine naissants, chassent également l'info, et la moindre rumeur...

Et les joueurs se voient proposer par le club une baisse de salaire. D'abord réticents, ils finissent par accepter (tous sauf les américains), dans le sillage d'un Yann Bonato, qui gagne là ses galons de « Capitaine Flam ». Des baisses de salaires qui seront pour certains de 70%.


Dans ce contexte, bon nombre d'équipes auraient lâché sportivement... pas le CSP !
Comme galvanisée et soudée par les événements, l'équipe, qui dîne alors ensemble après chaque match, se met à marcher sur l'eau et surtout, sur ses adversaires.

Hiver-printemps 2000 : Et un, et deux, et trois...

Premiers effets, en Europe, en coupe Korac, que Limoges avait déjà remporté en 1982 et 1983.
Après les poules, terminées premier, le CSP passe relativement tranquille ses tours, et se hisse en finale, où il doit affronter le Malaga de Maljkovic...
Limoges est-il déjà injouable, « Boja » est-il perturbé de savoir qu'à l'issue du match, il passera du temps (18 heures au final) dans les locaux de la Police, en raison de ses années limougeaudes dans le collimateur de la justice ?
Toujours est-il que le match aller à Beaublanc, le 22 mars 2000, vire à la boucherie, et Limoges l'emporte, 80-58  (et 31 points de Marcus Brown).
Une semaine plus tard, en Andalousie, Malaga prend sa revanche, mais ne s'impose « que » 60-51...
Et de UN pour le CSP !

Le parcours en Coupe de France est peut-être le plus anecdotique de cette incroyable saison.
N'empêche, Limoges va remporter là la sixième « Robert Busnel » de son histoire, battant en finale, 79-73, le PSG Racing, entrainé alors par un homme bien connu de Beaublanc, Didier Dobbles, et où évoluait alors un jeune espoir français encore inconnu du grand public, un certain Tony Parker.
Et de DEUX pour le CSP !

Reste le championnat.
Déjà, pour ses supporters, le CSP avait « assuré » sa saison, en s'imposant lors des deux confrontations face à Pau. À l'aller à Beaublanc, 83-68, et au retour en Béarn, 63-61, le 29 janvier 2000, une première depuis quatre ans ! Marcus Brown, encore lui, avait ce jour là marqué 28 points.
Sur sa dynamique, le club finit deuxième de la saison régulière, s'assurant un avantage à domicile capital pour les play-offs.

En quarts de finale, le CSP dispose du Mans, au meilleur des trois manches.
Idem en demi, demi-finales plus savoureuses encore, puisque Limoges retrouve Pau-Orthez. Victoire à domicile, défaite à Pau et belle impériale à Beaublanc, 85-66.
Voilà donc une nouvelle finale qui s'annonce.

Mais là, nos Limougeuds ne sont pas favoris. En face, c'est Villeurbanne, premier de la saison régulière, qui a donc l'avantage du terrain, et qui a gagné ses tours de play-offs en deux manches sèches.

Pourtant, le 16 mai 2000, le CSP s'impose 87-74 dans le Rhône.
Excès de confiance, décompression, retour à la réalité ? Le 20 mai, c'est au tour de l'ASVEL de venir s'imposer, 69-58, à Beaublanc.
Limoges a sans doute laissé passer sa chance, la belle est prévue le 27 mai, à l'Astroballe...

Mais sur place, avant le match, un « incident » va marquer Yann Bonato et ses joueurs, et sinon les convaincre de leur victoire, du moins décupler leur motivation et leur assurance.
En effet, tandis que les Limougeauds assurent leur dernier entraînement, l'Astroballe retentit des répétitions du possible sacre de l'ASVEL ! Les joueurs se sentent bien évidemment vexés, piqués.
Résultat, Limoges est intouchable durant le match, et l'emporte 78-66.
Et UN, et DEUX, et TROIS titres pour le CSP, un inédit triplé en France, inédit sauf pour lui-même puisqu'il l'avait déjà réalisé en 1983 !

Juin 2000 : la descente aux enfers malgré tout

Pourtant, du Capitole à la roche Tarpéienne, le combat judiciaire continue en coulisses et, malgré ses titres, le CSP finira la saison rétrogradé en Pro B, cette incroyable équipe éparpillée, sans jamais donc avoir pu enchaîner et fonder sa propre dynastie, un éternel regret pour bon nombre de ses joueurs...

Le début d'une longue descente aux enfers, qui verra les procès et les condamnations se succéder, le club manquer de disparaître purement et simplement, lors d'une liquidation judiciaire en juillet 2004, avant son « sauvetage » par Frédéric Forte, et dix années de galère avant d'enfin renouer avec le succès.

2000, année maudite, année bénie… Saint Pierre, une saison pareille plus jamais ! Le Cercle, à quand une pareille épopée ?
 
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