Fenêtres cassées et punaises de lit à la prison de Limoges : l'administration pénitentiaire sur le banc des accusés

L'ordre des avocats et l'Observatoire international des prisons dénoncent les conditions de détention indignes à la maison d'arrêt de Limoges. Un rapport accablant a été remis aux juges du tribunal administratif. Une procédure judiciaire est engagée pour contraindre l'administration pénitentiaire à prendre des mesures urgentes.

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C’est une première. Un référé liberté est engagé contre l’administration pénitentiaire et la maison d’arrêt de Limoges pour conditions de détentions inhumaines.

Après une visite de la prison le 6 novembre dernier, le bâtonnier de Limoges, Maître Richard Doudet et Maitre Guillaume Laverdure, représentant de l'Observatoire international des prisons, ont rédigé un rapport accablant sur l'état des lieux de détention à Limoges. Fenêtres aux carreaux cassés, invasion de punaises de lit, réseau électrique dangereux, les avocats ont saisi le tribunal administratif de Limoges, il y a une semaine, le mercredi 4 décembre 2024. L'objectif est d'obliger l'administration pénitentiaire à améliorer les conditions de vie des détenus.

Les trois magistrats du tribunal administratif ont entendu les avocats, mais aussi les représentants de l'administration pénitentiaire pendant deux heures et demie d’audience... où les représentants de l’ordre des avocats et de l’Observatoire international des prisons ont défendu le rapport du bâtonnier de Limoges. 

Nous avons besoin que la justice enjoigne l'administration pénitentiaire de changer cette situation inhumaine (...) Les juges semblent avoir été sensibles aux conclusions de notre rapport.

Maitre Richard Doudet

Bâtonnier de Limoges

Depuis la visite des avocats à la maison d'arrêt début novembre, aucune amélioration notable n'a été décelée dans les conditions de vie des détenus. Selon maître Guillaume Laverdure, avocat et représentant de l'Observatoire international des prisons, le tribunal administratif a le pouvoir d'ordonner des injonctions contre l'administration pénitentiaire afin que des mesures concrètes soient mises en œuvre.

Pendant l'audience, des photos montrant la vétusté et l'insalubrité des lieux de détention ont été produites, des témoignages de détenus ont été lus. Le directeur de la maison d'arrêt de Limoges a été longuement interrogé par le tribunal sur des points techniques, demandant des réponses précises sur les délais d'intervention pour améliorer la situation des détenus.

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Les avocats accusent l'administration pénitentiaire

L'administration pénitentiaire, qui a mené une visite des lieux le 9 décembre 2024 à la maison d'arrêt de Limoges, a estimé que les conditions de détention étaient acceptables. Ce qui a fait bondir les avocats, accusant les représentants de l'administration pénitentiaire de mauvaise foi.

À Limoges, la surpopulation carcérale est l'une des plus élevées de France, avec un taux d'occupation de plus de 200%.  Dans les cellules vétustes, les prisonniers dorment souvent sur des matelas. L'accès aux douches est limité, faute d'effectif de surveillants suffisants. Des conditions d’hygiène indignes, voire humiliantes, l’enquête des avocats dénonce des dysfonctionnements majeurs dans cette prison datant du XIXe siècle.

Ces accusations, l’administration pénitentiaire et la direction les nient en bloc.

L'infestation de la maison d'arrêt de Limoges par les punaises de lit est devenue hors de contrôle !

Maitre Guillaume Laverdure

Avocat, représentant de l'Observatoire international des prisons

Cet état des lieux alarmant n’a rien de nouveau. Dès janvier 2022, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté tirait la sonnette d’alarme sur l’insalubrité chronique de l’établissement pénitentiaire, où la surpopulation carcérale est un facteur aggravant.

L’administration pénitentiaire n’a pas souhaité répondre à nos questions. Le tribunal administratif rendra sa décision le lundi 16 décembre 2024. Elle pourrait contraindre la prison à prendre des mesures dans les plus brefs délais afin de revenir à de conditions de détention dignes pour les prisonniers, mais aussi pour les surveillants, les agents de la pénitentiaire qui travaillent dans des conditions dégradées en raison de cette surpopulation à la maison d'arrêt de Limoges, et ce, depuis des années. 

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