Alors que l'épidémie de Covid est encore très présente dans la région, les médecins généralistes du Limousin reçoivent de nombreux patients atteints de pathologies qui ne sont plus vraiment de saison. Tentative d'explication de ce phénomène complexe...
Nous avons contacté aujourd'hui plusieurs médecins généralistes, en zone urbaine ou rurale, et tous font le même constat : la gastro-entérite et surtout la grippe circulent beaucoup en ce début de mois d'avril, avec des formes parfois sévères.
La Nouvelle-Aquitaine en rouge
Le constat est le même en prenant du recul avec la lecture du dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France : la Nouvelle-Aquitaine est en rouge, comme le reste du pays. La courbe des visites chez SOS médecin en témoigne.
En bleu 2019-2020, en rouge 2021-2022. On voit bien une forte hausse et un décalage dans le temps.
Phénomène complexe
Cette vague de grippe tardive est-elle liée à la levée des gestes barrières le 14 mars dernier ? Ce serait logique, et c’est sans doute une partie de l’explication.
Certains médecins parlent aussi d’une baisse de notre immunité naturelle, après deux ans de protection grâce aux gestes barrières. On assiste peut-être également à une compétition entre virus : la Covid a baissé, alors la grippe a augmenté. La virologue du CHU de Limoges Sylvie Rogez est plus mesurée : elle nous dit que ce phénomène s’est déjà produit dans le passé, et que la météo y est pour beaucoup. Bref, il n’y a pas de réponse simple à ce phénomène complexe.
La Covid toujours bien installée
Pendant ce temps, la Covid revient, ou plutôt, l’épidémie n’est jamais vraiment partie.
Après un pic fin janvier, les taux d’incidence avaient baissé dans la région, mais à un niveau encore élevé. Actuellement, le Limousin oscille autour de 1000 nouveaux cas par semaine pour 100 000 habitants.
Les hospitalisations ont commencé à remonter en Haute-Vienne ; au CHU de Limoges la pression est supportable, mais les lits occupés par les patients atteints de Covid ne désemplissent pas.
Alors, malgré un choix du gouvernement peut-être un peu pusillanime, les épidémiologistes recommandent encore de porter le masque à l’intérieur. Laurent Filleul, de Santé Publique France, regrette : "On a besoin d’une obligation pour appliquer du bon sens."
Car avec cette circulation importante du virus, des inquiétudes demeurent : l’apparition d’un variant plus dangereux, et l’impact des formes de Covid long encore mal connues.
Dernier chiffre : sur la semaine qui vient de s’écouler, on déplore encore en Limousin 10 décès liés au Covid à l’hôpital.