Histoire de femmes : la révolte des ouvrières de la porcelaine

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A Limoges, la porcelaine est un secteur encore essentiellement féminin. Retour sur l'histoire des femmes dans la porcelaine de Limoges. De de la fin du 19e siècle au début du 20, leurs conditions de travail, leurs salaires, leurs luttes syndicales. ©France 3 Limousin

Retour sur l'histoire des femmes dans le secteur de la porcelaine, de la fin du 19e et du début du 20e siècle. Des carrières de kaolin aux manufactures, ces ouvrières occupaient une vingtaine de métiers différents. Elles ont également pris part aux mouvements syndicaux de cette époque.

Dans les usines de porcelaine, elles sont les petites mains des travaux délicats : décoration, finition… Aujourd’hui encore, les femmes sont majoritaires dans le secteur à Limoges.

L’histoire des femmes et de la porcelaine a commencé il y a deux siècles. En 1800, elles sont présentes à toutes les étapes de la fabrication de la porcelaine, y compris là où on les attend le moins.

Les femmes, leur travail c’était de remonter la roche qui était prélevée dans la carrière.  

Catherine Demontpion,

Présidente de l’association Marcognac-Terre de Porcelaine.

Dans ces carrières de kaolin, les conditions de travail sont extrêmement difficiles. Les femmes portent de lourdes charges sur leur tête, doivent grimper des escaliers rudimentaires, le tout affublées de longues jupes et de sabots en bois. Et dans les manufactures, les conditions ne sont pas meilleures. Les ouvrières inhalent des poussières et développent de nombreuses maladies professionnelles.   

Il faut savoir que dans le seul espace d’une année, 22 poudreuses des usines de porcelaine de Limoges sont mortes intoxiquées par le sel de plomb.

Extrait "Histoire de la CGT. Bien-être, liberté, solidarité"

Editions de l'Atelier, 2016

La révolte des porcelainières 

À ces conditions difficiles s'ajoute la discrimination salariale, hélas toujours d’actualité. À travail égal, les porcelainières sont beaucoup moins payées que les hommes, comme en témoignent ces chiffres. 

On est à 0,75 franc par jour […] là où les hommes sont à 1,50 franc. À titre indicatif, le pain était à 0,25 franc.

Annette Marsac

Historienne

Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi, en 1905, de violentes émeutes éclatent à Limoges. Porcelainières, corsetières, typographes… À l’époque, 20% des femmes de la ville sont syndiquées, contre seulement 8% au niveau national. Cet épisode historique est marqué également par la révolte des ouvrières d’Haviland qui manifestent pendant plusieurs mois pour réclamer la démission de leur contremaître aux pratiques douteuses : « acceptez mes avances et vous aurez de meilleurs salaires, etc. Donc c’est une sorte de droit de cuissage qui s’exerce », raconte l'historienne Annette Marsac.

Aujourd’hui, l’ambiance dans l’entreprise est tout autre. Les employés, femmes et hommes, sont aux trente-cinq heures sur quatre jours et sont payés environ 2000 euros bruts par mois.

Aujourd’hui il n’y a vraiment plus de différence entre les rémunérations des femmes et des hommes. Elles sont alignées sur une grille de salaire qui se basse sur la compétence, la polyvalence et la capacité à animer un groupe.

Lionel Lostec

Directeur industriel d’Haviland

À Limoges, le secteur de la porcelaine emploie de nos jours près de mille personnes. Soixante pour cent sont des femmes.

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