Une rentrée scolaire teintée d’émotion ce lundi 2 novembre 2020. Dans les écoles, les collèges et les lycées, comme à Albert Calmette à Limoges, des hommages ont été rendus à Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie assassiné à Conflans-Sainte-Honorine le vendredi 16 octobre.
Grave, inquiétante, glaçante, cette rentrée scolaire est sans doute l’une des plus difficiles pour les professeurs après l’assassinat de leur confrère Samuel Paty. Cet enseignant d'un collège de région parisienne a été décapité le 16 octobre 2020, dernier jour avant les vacances de la Toussaint, par un terroriste islamiste lui reprochant d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet lors d’une séance d’enseignement moral et civique (EMC) sur la liberté d’expression.
Aujourd’hui, les enseignants doivent reprendre le travail. Mais comment ? Que dire ? Que faire lorsqu’un collègue est tué pour avoir enseigner la liberté d’expression ? Comment aborder le droit à la caricature ? Peut-on montrer à un jeune enfant les dessins de "Charlie Hebdo" ?
Ce matin, au lycée Albert Calmette de Limoges, tous ont respecté une minute de silence en hommage à Samuel Paty. Puis, la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et aux institutrices (1888) a été lue.
Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. […] Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation.
Une lettre pour susciter le débat, pour échanger et revenir sur le drame, sur la liberté d’expression, sur le droit à la caricature, le droit au blasphème, si propre à la France.
Afin d’aider les lycéens à mieux comprendre la lettre de Jean Jaurès, Claire Bonneau, professeur d’espagnol au lycée Calmette de Limoges a aussi choisi de faire écouter la reprise du rappeur Oxmo Puccino.
Ce temps de débat a généré de vives réactions, certains élèves ont beaucoup participé, d’autres parfois choqués ou gênés sont restés muets. Mais l’important pour Claire Bonneau a été de rappeler une fois de plus que "tous les citoyens doivent être unis malgré nos différences, notre couleur de peau, notre religion…"