Au fil de l'eau et des siècles... car en se laissant glisser sur l'eau, c'est tout un patrimoine qui se dévoile. D'abord bercé par tout l'univers caché de la biodiversité, on aperçoit, entre les branches des arbres, ce qui a fait vivre l'économie des villes traversées par la Vienne.
À quelques encablures du plateau de Millevaches, qui signifie en occitan "mille sources", se dévoile la ville d'Eymoutiers. La cité de caractère, ancienne ville close au cachet médiéval, est traversée par l'une de ces sources, la Vienne.
Si la population ne cesse d'augmenter (2113 habitants en 2024), on comprend pourquoi quand on traverse l'une de ses artères qui longe la Vienne. Une carte postale qu'on apprécie particulièrement depuis le parc du Pré-Lanaud aux arbres vénérables.
Véritable havre de paix, le regard accroche tout d'abord les figures sculptées en chêne centenaire noirci - imaginées par l'artiste Christian Lapie en 2013 et intitulées "l'infini suspendu" - avant de poursuivre sur la façade médiévale de la maison des associations.
Puis, en se retournant, apparaît la majestueuse collégiale des XIᵉ et XIIe siècles, avec l'arrière qui date du XVᵉ. Elle est bien sûr classée au titre des Monuments historiques avec ses seize vitraux uniques en Limousin. Le regard embrasse aussi l'ancien monastère qui a donné son nom à la ville "Ayen Moustiers", car la ville s’est développée autour du culte de saint Psalmet, venu d’Irlande.
La Vienne, développement économique
La Vienne a permis le développement économique de la ville, notamment l'activité de la tannerie qui a fait prospérité à Eymoutiers, en particulier au XVIIᵉ siècle. Une activité qui explique le nom qu'on donne aux habitants d'Eymoutiers "les Pelauds", ceux qui travaillent les peaux. La maison dite du Maître Tanneur en est le plus bel exemple, propriété privée, elle ne se découvre que depuis la rue, mais on peut y voir ce qui la caractérise.
La plus prestigieuse de ces tanneries est la maison du Maître Tanneur, rue Farge, avec son grenier à claire-voie pour permettre le séchage des peaux et sa poulie.
Julie Grèze, animatrice du Pays d'art et d'histoire de Monts et Barrages
Une promenade pour découvrir autrement Saint-Léonard-de-Noblat
Araignées d'eau, libellules et demoiselles enchantent la descente de la Vienne. Depuis la Maulde, confluence en aval de la Vienne, se laisser glisser est un enchantement.
La Vienne est toujours un peu hors du temps, on profite pleinement de se laisser glisser, à travers les sapins, les bouleaux, les hêtres.
Thibault LopinAnimateur du Club CKE Canoë-Kayak-Eymoutiers
Rien de mieux en effet qu'un canoë pour découvrir les moulins qui ont jalonné la Vienne dès le 15ᵉ siècle. Ils étaient en 1800, pas moins de 52. Ils fabriquaient, bien sûr, la farine pour le pain, mais aussi du papier. Un savoir-faire et des techniques historiques qui se sont transmises au fil des siècles. Les papetiers du Moulin du Got œuvrent encore aujourd'hui et poursuivent l'innovation pour le plaisir de tous.
Autre moulin, celui de Beaufort : sa dernière vocation est d'être l'usine hydroélectrique qui alimente en électricité toute la ville de Saint-Léonard-de-Noblat.
Depuis le pont historique du XIIIᵉ, on aperçoit celui du XVIIIᵉ qui permet la circulation aujourd'hui, puis le viaduc construit au XIXᵉ avec l'arrivée du chemin de fer et la grande ligne Limoges Ussel Clermont-Ferrand.
Le pont du XIIIe était dominé par le château de Noblat, qu'occupait l'évêque de Limoges. Un pont à péage qui contrôlait le franchissement de la rivière et au moins la voie qui, par Uzerche, conduisait vers le Périgord et le Toulousain.
Martine Tandeau de MarsacPrésidente de l'association Connaissance et sauvegarde de Saint-Léonard-de-Noblat
Sur le site du château, détruit pendant la guerre de 100 ans, a grandi un chêne qu'on appelle le chêne de Clovis, pour rappeler que Clovis était le parrain de Saint-Léonard.