Pour la deuxième année, la maison d'arrêt de Limoges organise, avec trois autres établissements pénitentiaires de Nouvelle-Aquitaine, le prix Goncourt des détenus. Chaque mardi depuis septembre, ils préparent ce concours en participant à des ateliers de lecture.
Après la venue du lauréat du prix Goncourt, Jean-Baptiste Andrea, à la Foire du Livre de Brive, c'est au tour de la deuxième édition du prix Goncourt des détenus de s'ouvrir... Un moment attendu pour celles et ceux qui y participent.
Début septembre, ils étaient au nombre de quinze ; avec les transferts et les libérations, ils sont aujourd'hui cinq femmes et trois hommes pour cette dernière ligne droite. Pendant des ateliers organisés chaque mardi depuis septembre, chacun défend son coup de cœur. Des échanges que Celly, 23 ans, a adoré : "C'est vachement enrichissant, ça permet de lire et comme on peut partager avec les autres à la suite, c'est motivant, ça donne envie".
Cette année je retrouve des personnes qui étaient au concours de l'année dernière. On est des récidivistes, quelque part...
FrancisBibliothécaire
Francis est bibliothécaire à la maison d'arrêt. C'est tout naturellement qu'il a adhéré à ces rencontres : "C'est d'abord le plaisir de l'évasion. À l'extérieur, je lisais déjà beaucoup, mais ici, je lis deux fois plus puisqu'on a que du temps. Il y a aussi la rencontre d'autres lecteurs. Ici cette année, je retrouve des personnes qui étaient au concours de l'année dernière. On est des récidivistes, quelque part...", plaisante-t-il.
"C'est vraiment un grand défi"
Certains ont lu l'intégralité des ouvrages et fait des critiques littéraires. Dans une cellule partagée par deux ou trois personnes et le bruit, il faut être capable de rentrer dans sa bulle. "Vous vous doutez bien qu'en détention, ce ne sont pas les mêmes conditions de concentration, en cellule ce n'est pas toujours facile, donc vraiment chapeau à ceux qui le font parce que lire seize livres en peu de temps, même nous à l'extérieur, on a un peu de mal, pour eux c'est vraiment un grand défi", reconnaît Isabelle Lejeune, enseignante de l'Éducation nationale.
Le 24 novembre à Bordeaux, Celly rencontrera les détenus représentant les trois autres prisons de la Nouvelle-Aquitaine. "Chaque prison aura choisi son livre et là, ce sera pour le défendre, mais ne vous inquiétiez pas, je pense que je vais bien représenter Limoges", sourit la jeune femme.
Après débat, le vote s'est porté sur "Naufrage" de Vincent Delecroix, édité chez Gallimard.