C'est une première en France : un terrain de tennis a été inauguré à la maison d'arrêt de Limoges, en lien avec la Fédération française de tennis, qui poursuit de façon innovante le développement de ses cours d’Urban tennis.
Dans la cour de promenade de la maison d’arrêt de Limoges, une fois par semaine, des détenus ont désormais le choix entre se dégourdir les jambes et jouer au tennis. Ce jour-là, Céline*, Tee-shirt blanc bariolé de bleu sur collant noir, tient pour la première fois de sa vie une raquette.
"Faire du sport, ça fait toujours du bien. Surtout ici, où on est enfermé tout le temps. Ça nous défoule un peu et ça nous permet de nous vider un peu la tête" se réjouit-elle à l’issue d’une phase de jeu.
Pendant une heure et demi, Christophe Ogé se retrouve seul avec les détenus, sans surveillant. Il est moniteur de sport à la maison d’arrêt de Limoges.
"Ils sont en confiance, d’ailleurs la parole se libère un peu (...). Ce qui se dit entre nous reste entre nous. Moi je ne suis pas un surveillant, je suis quelqu’un d’extérieur, donc ça se passe très bien."
Jamais ce sport n’avait franchi les portes d’une prison auparavant : "Il y a une volonté de casser cette image ! Non le tennis n’est pas un sport réservé", explique Dominique Decoux, limougeaude et vice-présidente de la fédération française de tennis. "C’est un sport que tout le monde peut pratiquer", insiste-t-elle dans un sourire.
Devant les rares micros qui sont autorisés dans les murs de la maison d’arrêt, une voix se fait entendre. Celle d’un homme, un détenu dans les étages qui a une voix qui porte. Dans une phrase accusatrice, il décrit la réalité du milieu carcéral : "Vous êtes là à préparer des terrains de tennis, mais vous n’êtes même pas fichus de réparer nos cellules !", lance-t-il.
Le directeur de l'établissement, Mohammed Ed Dardi, tempère : "C’est un détenu sur une centaine qui tient ces propos. Ce n’est pas très représentatif de la majorité des détenus. Ce que je retiens, c’est que la majorité des détenus sont contents, ils sont satisfaits de ce terrain, qu’ils y passent du temps, et qu’ils pratiquent. Ça leur fait du bien à la tête et au cœur, et c’est un vecteur de réinsertion."
Ce terrain de tennis représente en tout cas un carré de couleurs dans l’univers d'habitude plutôt terne de la prison.
(*) prénom d'emprunt