"Il faudrait que les gens soient mieux informés" : les Limousins de la Convention climat ont rendu leur copie

Après 9 mois de travaux et de réflexion, la convention citoyenne pour le climat a publié 149 propositions. Parmi les participants, deux Limousins se sont passionnés pour cette expérience, qui ne se limite pas à une limitation de vitesse sur autoroute…  
 

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Tirés au sort et pas vraiment préparés à l’exercice, le corrézien Mathieu Denoix et le haut-viennois Guy Kulitza ont pris leur rôle très à cœur. 9 mois après le début des travaux de la convention citoyenne pour le climat, leur regard sur le monde a changé.
 

« Ce sont nos enfants qui vont subir »

Mathieu Denoix est technicien de laboratoire dans la société électrique Sicame, à Pompadour. Père d’un enfant, la participation à la convention citoyenne lui a d’abord fait prendre conscience de l’enjeu climatique :
"Des experts nous ont expliqué que si on ne faisait rien, en 2100, on prenait 7 degrés. Les canicules vont devenir plus fréquentes, plus chaudes, les orages vont se multiplier. Ce sont nos enfants qui vont subir."

Guy Kulitza est technicien en informatique à la retraite, installé à Saint-Denis-les-Murs. Aujourd’hui, il répond en expert de la question climatique. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas :
"Je suis un passionné. Avant, je ne l’étais pas du tout, et je n’aurais jamais pensé l’être. Moi je suis peu concerné par le changement climatique. Si j’étais égoïste, j’aurais un gros SUV. Mais j’ai des enfants, des petits enfants. Il faut leur préparer un avenir."
 


110 km/h : « J’ai entendu peu d’éditorialistes parler des résultats sur les émissions de CO2 »

Mathieu Denoix regrette la focalisation des médias sur l’abaissement de la vitesse de 130 à 110 kilomètres à l’heure sur l’autoroute :
"Il faut que les gens comprennent qu’on nous a demandé de travailler sur un sujet : réduire les émissions de gaz à effet de serre. Alors on a essayé de trouver toutes les mesures possibles. Cette mesure-là, elle est peut être contraignante, mais elle est juste socialement, et elle est facilement applicable."

Guy Kulitza n’est pas étonné par la mise en avant médiatique de cet unique sujet :
"C’est déjà une mesure qui a fait débat entre nous. Le débat est sain, ça veut dire qu’on peut discuter. Mais j’ai entendu peu d’éditorialistes parler des résultats sur les émissions de CO2."

Pour Mathieu Denoix, la population manque d’informations :
"Je peux comprendre les gens qui sont contre, mais nous, on a eu neuf mois de réflexion. Il faudrait que les gens soient mieux informés sur ce que tout ça peut donner."

Même constat pour Guy Kulitza : "Si les français avaient tous le même niveau d'information, ce ne sont pas 150 citoyens, mais 67 millions qui feraient des propositions !"

 

« Un citoyen lambda, s’il a une information impartiale, il est capable de prendre des décisions »

Mathieu Denoix faisait partie de la commission « se déplacer ». Mais à l’heure du bilan, il ne veut pas mettre en avant une proposition en particulier :
"Nous, on voit la globalité de ce qui a été produit. Beaucoup de mesures sont liées entre elles."

Guy Kulitza était dans la commission «  se nourrir ». Mais il a beaucoup travaillé sur le fameux sujet de l’"écocide", qu’il voudrait voir soumis à un référendum :
"Ca a déjà été rejeté par l’Assemblée Nationale. Alors il semble naturel que nous posions la question aux français. Il faut que la population puisse en discuter. On est toujours confronté aux mêmes sujets : la déforestation, les mines d’or en Guyane, les boues rouges Gardanne..."

Selon lui, il y a peu de risque de voir le référendum se transformer en vote protestataire contre le pouvoir, à condition d’informer les français.
"On a soit le choix de tenter l’aventure auprès du parlement, sachant que les forces d’opposition économiques seront très fortes, ou le choix de tenter l’aventure du côté des citoyens français. Un citoyen lambda, s’il a une information impartiale, il est capable de prendre des décisions."

 

Rendez-vous lundi 29 avec Emmanuel Macron

Lundi 29 juin, les membres de la convention climat rencontreront Emmanuel Macron. Le Président de la République doit apporter "une première réponse" à leurs propositions.

Mathieu Denoix sera évidemment attentif à ses propos : "J’attends qu’il nous dise ce qu’il va faire de notre travail, c’est à lui de jouer."

Guy Kulitza souhaite que le président tienne ses engagements : "faire passer sans filtre nos propositions sous forme réglementaire."

 

« Si on ne donne pas l’exemple, on sera tous ensemble pour taper le mur »

Le retraité haut-viennois ne veut pas mettre fin à son engagement dès mardi :
"On a créé une association des 150, qui permet d’expliquer nos propositions : ce n’est pas forcément facile de lire un paragraphe et de voir l’ambition qu’il y a derrière."

Et il espère aussi suivre et porter ses propositions au-delà des frontières :
"Au début, on sera peut être les seuls à défendre le climat. Mais si on ne donne pas l’exemple, on sera tous ensemble pour taper le mur."


149 propositions

Les propositions sont disponibles sur le site de la Convention citoyenne pour le climat.

Parmi elles :
  • Conditionner les aides publiques aux entreprises à l'évolution positive du bilan gaz à effet de serre ;
  • Définir une enveloppe restrictive du nombre d'hectares maximum pouvant être artificialisés ;
  • Proposer un bonus pour les petites cantines bio et locales pour accompagner leur transition ;
  • Obliger les grandes surfaces à mettre en place un système de consigne rémunérée pour les contenants plastiques réutilisables dès 2021 ;
  • Rendre la rénovation énergétique obligatoire ;
  • Atteindre 50 % d'exploitations en agroécologie en 2040 ;
  • Réduire la vitesse sur autoroute en passant de 130 km/h à 110 km/h ;
  • Créer un score carbone sur tous les produits de consommation et les services ;
  • Réduire la TVA sur les billets de train de 10 à 5,5 % ;
  • Adopter une écocontribution kilométrique renforcée sur les billets d’avion (entre 30 et 1 200 euros par billet).
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