Les vendanges sont terminées pour le vin de l'AOC Marcillac, dans l'Aveyron. Le gel, la pluie et le manque d'heures d'ensoleillement n'auront pas facilité la tâche des viticulteurs cette année. Et la production s'annonce d'ores et déjà réduite en quantité.
"Cette année, on aura du mal parce que le climat ne nous aide pas." Alors qu'il termine les vendanges sur ses parcelles, Jean-Pierre Cabantous sait déjà qu'il ne fera pas de miracle cette année. Le viticulteur et président de l'AOC Marcillac attrape une grappe de raisin pour nous expliquer la situation. "Là, c'est un grain qui a eu trop d'eau. Et dès qu'il y a une autre grosse pluie, le grain à côté est touché et ainsi de suite. Et après, c'est toute la grappe qui est touchée. Ça peut aller très vite."
Trop de pluie et manque de soleil
Beaucoup de pluie en juillet, puis en septembre. Et le mildiou a fait son apparition sur certaines parcelles. Certains grains de raisin ont commencé à pourrir, obligeant les vendangeurs à faire un tri au niveau des grappes.
Les aléas climatiques sont nombreux cette année, allant jusqu'à retarder les vendanges. Cette année, "il nous manque des heures d'ensoleillement. Il nous a fallu amener le raisin à un peu plus tard pour qu'il arrive à maturité complète", explique Jean-Pierre Cabantous. Sur l'une de ses parcelles, le viticulteur fait ses comptes. Il sait déjà que sa production sera clairement en deçà de celle de l'an dernier.
La production annuelle, c'est un peu plus de 500 hectolitres. Cette année, si j'arrive à un peu plus de la moitié, à 300 hectolitres, ce ne sera guère plus.
Jean-Pierre Cabantous, viticulteur et président de l'AOC Marcillac
Même son de cloche au sein de la coopérative qui regroupe une trentaine de viticulteurs.
"Les trésoreries sont à bout"
Une année très compliquée marquée par une faiblesse des volumes. C'est le constat sans appel de Samuel Mestre, le directeur de la cave coopérative Le Vallon. "On va avoir à peine une moitié de récolte que l'on va rentrer à cause du gel, du mildiou... L'an dernier, on avait fait 500 tonnes de raisin et cette année, on devrait arriver péniblement à 275 tonnes", affirme-t-il.
La fréquence des "anomalies climatiques" comme il les appelle, commence à sérieusement interroger Samuel Mestre, qui souligne "une répétition très, très forte" entraînant pour les viticulteurs de l'appellation deux années compliquées sur les six dernières. Ce qui laisse peu de marge pour renflouer les caisses.
C'est très dur pour les viticulteurs, c'est très dur pour nos structures aussi parce que les trésoreries sont à bout. Et on n'a pas le temps de les regonfler avec une bonne récolte.
Samuel Mestre, directeur de la cave coopérative
Des revenus en baisse alors que les charges sont les mêmes. Dans le vallon qui compte 220 hectares de vigne, il va peut-être falloir penser adaptation. "Se poser la question de l'implantation des vignes en privilégiant des vignes un peu plus haut en altitude pour éviter le gel printanier", avance Samuel Mestre.
La production d'AOC Marcillac sera moindre en 2024, mais les viticulteurs restent optimistes quant à sa qualité. Verdict dans trois semaines à la fin de la cuvaison.