À l'approche des élections professionnelles dans les chambres d'agriculture, les actions des différents syndicats agricoles se multiplient afin de faire valoir leur conception de leur métier, leurs exigences et leurs propositions. Ce mercredi 8 janvier, la Confédération paysanne de la Haute-Vienne était mobilisée devant une enseigne de la grande distribution à Limoges.
Après avoir déposé quatre bottes de paille devant le rond-point d'accès au centre commercial, une quarantaine de membres de la Confédération paysanne de la Haute-Vienne ont tenté de pénétrer dans le grand magasin, ce 8 janvier vers 14h.
On prend acte que quand le rapport de force est du côté des paysans, la grande distribution ferme les portes.
Julien Roujolleporte-parole de la Confédération paysanne 87
Bloqués par un cordon de policiers, ils n'ont pas pu entrer, et la direction du centre Leclerc de la zone nord de Limoges a refusé de dialoguer avec les manifestants.
"On aurait aimé contrôler les provenances des produits, puisque Leclerc se targue toujours d'avoir des alliances avec les producteurs locaux. Et puis on aurait aimé pouvoir contrôler les prix pratiqués, parce que ça fait une éternité que la grande distribution a la mainmise sur l'alimentation. Egalim n'a rien réglé, il n'y a pas de prix rémunérateur, on ne parle jamais de notre protection sociale, et la grande distribution est largement responsable de tout ça", explique Julien Roujolle, porte-parole de la Confédération paysanne 87.
En campagne
"Être ici, c'est un acte de militantisme, c'est pour dire, la Confédération paysanne, elle est présente, elle est là, et elle veut gagner les élections de la chambre d'agriculture fin janvier. Dénoncer la politique de la grande distribution par rapport au monde paysan, ça a tout son sens, ça permet d'aborder tous les sujets", affirme Alice Ribette, maraîchère membre de la Confédération paysanne 87.
Cette mobilisation intervient à l'approche les élections professionnelles, organisées du 15 au 31 janvier, qui détermineront les nouveaux rapports de force entre syndicats agricoles : la Coordination rurale et la Confédération paysanne espèrent bien ravir quelques chambres à l’hégémonique alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs qui en détient actuellement 97 sur 102.
"On porte des mesures comme les prix plancher, les prix minimums d'entrée pour les produits qui viennent de l'étranger, et on a envie que ces mesures soient appliquées. On pense que les mesures portées par la FNSEA et la Coordination rurale de régressions des normes sociales et environnementales n'apporteront rien sur le long terme. Il faut qu'on arrive à instaurer des prix rémunérateurs pour que les agriculteurs vivent de leur métier et que l'on arrive à installer des agriculteurs dans nos campagnes", défend Hugo Bourdin. Membre de la Confédération paysanne, il pratique maraîchage, élevage d'ovins et de poules pondeuses dans les monts de Blond.
Accords et désaccords
Après la crise de l'hiver dernier, les syndicats agricoles ont repris leurs actions cet automne.
Si tous s'opposent à la signature d’un accord de libre-échange entre l’UE et des pays latino-américains du Mercosur, ils ne défendent pas la même conception de l'agriculture : la FNSEA et la CR s'accordent, par exemple, pour réclamer l'accès à des pesticides aujourd'hui interdits en France, mais autorisés par l'UE, la Confédération paysanne prône, quant à elle, un soutien accru de l'État à la transition agro-écologique.
Les résultats des élections 2025 des chambres d'agriculture devraient être connus le 8 février prochain.