L'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH) a assigné Airbnb en justice, pour concurrence déloyale. Le tribunal de commerce de Lisieux, en Normandie, tranchera le 6 septembre 2024. Selon les professionnels, la plateforme ne respecte pas toutes ses obligations.
Trois établissements de Limoges ont rejoint la fronde. Le collectif compte vingt-six hôteliers, soutenu par l'UMIH qui assigne en justice le leader mondial de l'hébergement touristique, Airbnb.
"Professionnalisation du meublé touristique"
Il y a quatre ans, Nicolas Amathieu, vice-président de l'UMIH, a repris un établissement de trente-cinq chambres. Il pointe du doigt l'offre exponentielle des locations meublées : "On en voit qui fleurissent un peu partout. Il y en a dix-neuf autours de l'hôtel à peu près. Et, on voit que ce sont des investisseurs, ce n'est pas la famille qui décide de faire un meublé, pour arrondir les fins de mois. C'est vraiment une professionnalisation du meublé touristique. Donc, ce sont des immeubles, des sociétés civiles immobilières et ça pose vraiment un problème, parce que c'est une concurrence. Ils font un hôtel déguisé, tout simplement", alerte-t-il.
On voit que ce sont des investisseurs, ce n'est pas la famille qui décide de faire un meublé, pour arrondir les fins de mois.
Nicolas AmathieuVice-président de l'UMIH
Tension sur le marché du logement
Le Limougeaud dénonce une concurrence déloyale. Le collectif d'hôteliers, dont il fait désormais partie, réclame neuf millions d'euros de dommages devant le tribunal de commerce de Lisieux en Normandie. Selon, Jonathan Bellaiche, avocat, Airbnb manque à son obligation de surveillance :
"On ne peut pas accepter que des personnes qui n'ont, d'ailleurs, aucun titre de propriété et qui le font sur le dos de leur propriétaire ou de bailleurs sociaux, se permettent d'être en concurrence avec des hôteliers ou même des acteurs du meublé de tourisme. C'est infernal, d'autant plus, dans une situation où on voit qu'il y a une pénurie de logement."
C'est infernal, d'autant plus, dans une situation où on voit qu'il y a une pénurie de logement.
Jonathan BellaicheAvocat
De son côté, la plateforme dément. Elle rappelle, dans un communiqué, qu'elle se conforme à ses obligations légales, notamment le partage des données avec les autorités. Elle assure que le plafonnement des locations à 120 nuitées par an est effectif depuis 2019. Enfin, elle affirme respecter ses engagements, auprès des municipalités, en reversant la taxe de séjour, collectée auprès des hôtes, ce qui représente plus de 187 millions d'euros l'an dernier en France.