Augmentation des prix des matières premières et de l'énergie... Le bon pain frais pourrait être menacé par la crise actuelle. À Limoges aussi, le secteur est sous tension.
Ce mardi 25 octobre 2022 a été déclaré journée nationale de deuil de la boulangerie artisanale. Un mouvement lancé par certains boulangers pour dénoncer la hausse des prix de l'énergie qui pèse sur les artisans-boulangers.
À Limoges, Matthieu Guilliano est un artisan boulanger implanté depuis 13 ans, il dirige trois établissements et compte 17 salariés. Depuis cet été, son entreprise a été placée en redressement judiciaire.
Flambée des prix
Avec l’inflation galopante il ne voit pas vraiment le bout du tunnel. " Avant, on était sur un beurre à 4 euros 90 centimes le kilo, on est passé 16 euros, la farine a pris 30%. Ce sont des proportions hallucinantes ", calcule le chef d'entreprise.
" J'ai fait une augmentation de prix mais je ne peux pas continuer (...) Les gens n'auront plus la possibilité d'acheter en boulangerie ", craint Matthieu Guilliano.
Même sentence pour la boulangerie Vareille qui a pignon sur rue depuis 1964. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire depuis juillet dernier. La gérante de deux boutiques à Limoges subit de plein fouet la hausse des prix depuis quelques mois; elle du se séparer de quatre de ses salariés.
Problèmes de recrutement
" Nous étions dix personnes et à ce jour il a fallu resserrer au niveau du personnel pour être plus confortable financièrement et les hausses viennent se greffer à ce souci ", regrette Stéphanie Vareille
L'avenir ? Matthieu Giulliano a du mal à se projeter. Pour le moment face aux coûts de l'énergie, il n'a pas de solution : " J'ai un contrat bloqué avec EDF jusqu’à la fin de l'année, mais après je ne sais pas ce que ça va donner (...) Nous ne sommes pas concernés par le bouclier tarifaire ", déplore-t-il.
80% des boulangers ne sont pas concernés par le bouclier tarifaire
Le bouclier tarifaire limite à 15% la hausse des prix de l'énergie pour les petites entreprises, mais il faut répondre à trois critères : un chiffre d'affaires inférieur à deux millions d'euros par an, employer moins de dix salariés, et avoir un compteur électrique de moins de 36 Kilovoltampères.
Ce n'est pas le cas de 80% des boulangers, qui ne remplissent pas ce dernier critère : leurs fours, pétrins et autres chambres froides nécessitent une installation électrique plus puissante.