L'année 2024 a été marquée par une forte mobilisation du Secours populaire. Plus de 12 000 personnes ont été aidées en Haute-Vienne. À l'heure du bilan, l'inflation et la hausse du chômage inquiètent l'association.
"Cela aura été une année de forte solidarité." Ainsi Thierry Mazabraud résume-t-il ce qu'aura signifié 2024 pour le Secours populaire. Invité du 19/20 de France 3 Limousin, ce dimanche 29 décembre, le secrétaire général de l'association en Haute-Vienne se félicite pour la mobilisation constatée, même si celle-ci traduit une hausse de la pauvreté et des besoins. "On aura aidé plus de 12 000 personnes à nouveau, dans la vie quotidienne, détaille-t-il. Sur le plan alimentaire, de l'insertion, de l'accompagnement scolaire, pour les vacances des enfants..." Alors que l'année s'achève, la paupérisation et l'isolement observés chaque jour inquiètent l'association.
55 000 personnes pauvres en Haute-Vienne
Si le Secours populaire œuvre toute l'année pour épauler les plus démunis, cette solidarité "n'est qu'une réponse à un contexte", rappelle Thierry Mazabraud. Le dernier rapport annuel de l'Observatoire des inégalités dépeint une situation particulièrement difficile en Haute-Vienne. "Les études soulignent que 55 000 personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ce département, 24% de la population de Limoges, relate-t-il. C'est en hausse depuis plusieurs années. C'est un constat que font les associations. On est souvent le dernier élément d'accueil et de solidarité."
Si le "contexte d'inflation, d'augmentation du coût de la vie et de hausse du chômage" préoccupe les salariés et bénévoles du Secours populaire, les profils toujours plus variés des personnes dans le besoin se révèlent tout aussi alarmants : "Il y a beaucoup de jeunes. Ce sont aussi des familles monoparentales, des réfugiés, des retraités, travailleurs pauvres..." Au sujet des personnes âgées, Thierry Mazabraud avoue "en voir de plus en plus", car "à côté des difficultés de la vie, s'ajoutent l'isolement, la rupture de lien social et l'exclusion".
Les dons ne sont pas en baisse. On est une association qui organise les choses sur un plan départemental. Cela contribue sans doute à mettre en confiance.
Thierry Mazabraud, secrétaire général du Secours populaire en Haute-Vienne
Petite éclaircie dans ce tableau bien sombre : le nombre de dons ne faiblit pas. "Ce n'est pas en baisse, c'est ce qui permet de mener tout ce que l'on fait, se réjouit le secrétaire général. On remercie tous nos donateurs qui sont à nos côtés sur toutes les actions et pour tous les appels que nous lançons. C'est aussi l'idée de la décentralisation, car on joue la carte de la proximité, on est une association qui organise les choses sur un plan départemental. Cela contribue sans doute à mettre en confiance et nous permet de montrer concrètement tout ce que l'on peut faire avec les dons qui nous sont confiés." Aussi, le Secours populaire s'appuie-t-il sur un vaste réseau de donateurs, allant des particuliers aux comités d'établissement, en passant par des entreprises et les collectivités publiques.
Le Secours populaire aura 80 ans en 2025
Dans les prochains mois, la générosité des donateurs s'avérera d'autant plus précieuse que les aides allouées par le département de Haute-Vienne risquent de fortement diminuer. En novembre dernier, dans un courrier adressé aux neuf mille associations du territoire, le président du conseil départemental de Haute-Vienne, Jean-Claude Leblois (PS) annonçait "une réduction des aides", en raison d'un manque de "44 millions d'euros pour équilibrer le budget 2025".
Heureusement, ces tristes perspectives n'empêchent pas le Secours populaire de lancer plusieurs projets pour l'année 2025, qui marquera les quatre-vingts ans de l'association. "C'est pour nous une date importante, sourit Thierry Mazabraud. Cela va s'illustrer par de nombreuses initiatives : on sera à l'opéra, au musée de la Résistance, au Champ-de-Mars, avec 80 000 enfants, le 20 août prochain, pour un grand temps fort autour de cet anniversaire. L'idée, c'est de continuer et de renforcer ce réseau dont on a besoin et dont on va vraiment avoir besoin l'année prochaine."