L’entreprise I.Céram, qui fabrique des implants osseux en céramique, et l’aquarium de Limoges s’apprêtent à lancer les phases de test d’un projet aussi original qu’écologique : utiliser la céramique comme support pour le développement du corail.
 

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La céramique de Limoges pourrait bien venir à la rescousse des coraux : c’est en tout cas ce qu’espèrent l’entreprise limougeaude I.Céram et l’aquarium de Limoges. D’habitude, la première est plutôt spécialisée dans les implants médicaux, compte tenu de la ressemblance, notamment en matière de porosité, entre la céramique et les os : en 2015, une femme atteinte d'un cancer a ainsi reçu au CHU de Limoges un sternum en céramique. Mais Eric Denes, directeur scientifique d’I.Céram, voit plus large encore.
 

Au départ on remplaçait de l’os avec du corail, donc je me suis demandé si la céramique ne pouvait pas rendre service aux aquariums, pour essayer d’en faire un support pour que le corail se développe.


L’idée a séduit David Brathome, le directeur de l’aquarium de Limoges. A terme, la céramique pourrait être utilisée non seulement dans les aquariums, mais aussi en milieu naturel. Si le corail est un animal, il peut néanmoins être bouturé comme une plante, aussi la céramique pourrait-elle servir là où le corail est détruit, par le réchauffement climatique, la pollution ou encore l’activité humaine, comme la pêche.

Pour l’instant, le projet débute seulement. Les premiers tests vont être menés fin février, avec l’objectif d’avoir des premiers résultats en mai. "On sait que la céramique est complètement inerte, qu’elle est capable d’être recolonisée par les cellules osseuses donc on a bon espoir qu’au niveau du milieu aquatique ça fasse la même chose, mais il faut qu’on le prouve d’abord", explique Eric Denes. Les tests vont notamment devoir répondre à une grande question : dans le cas des os, la céramique est un matériau qui est prévu pour que les bactéries ne viennent pas en surface, pour éviter toute infection. Si ces bactéries ne se fixent pas, le reste va-t-il pouvoir se fixer ?
 

 

Plus écologique que le plastique ou le béton


Pour les tests, seules des plaques standardisées de 10x10x1cm ont été produites. Ces plaques de céramique vont être plongées dans un aquarium, à différentes hauteurs, avec d’autres plaques témoins faites avec d’autres matériaux, comme du béton ou du plastique. Il faudra voir si les coraux, les larves et les micro-organismes vont pouvoir se développer sur la céramique, et si oui,  plus ou moins facilement que sur les autres supports. Si le résultat est concluant, une autre étape consistera ensuite à trouver la meilleure forme pour pouvoir faire du bouturage.

La céramique présente par ailleurs un avantage de taille, à savoir qu’elle est écologique. "C’est un produit qui est neutre, il n’y a rien dedans, on ne risque rien à le relarguer dans la mer, puisqu’il ne va pas relâcher de polluants", souligne David Brathome.


Le plastique et le béton utilisés actuellement eux ne sont pas neutres, même si ce sont des petites quantités par rapport à la surface des océans, c’est toujours embêtant quand on veut reconstituer une barrière de corail de se dire qu’on pollue en même temps.


Le directeur de l’aquarium précise que quoi qu’il arrive, les fonds marins ne vont pas être envahis par la céramique de Limoges : "Un corail ça ne pousse que de 1 cm par an à peu près, donc il ne faut pas imaginer que d’un seul coup on va avoir une barrière qui va faire cent mètres de hauteur, ce n’est pas le but. Le but c’est d’aider un peu la nature, de lui donner un petit coup de pouce."
 
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