Le député LFI de la Haute-Vienne, Damien Maudet, a présenté ce jeudi 5 octobre au salon de l'élevage de Cournon d'Auvergne, une proposition de loi visant à interdire la viande étrangère à la cantine. Comment s'approvisionnent les établissements du Limousin ? Quelle est la part de produits locaux, et notamment de viande limousine ou française, servie aux élèves ?
Damien Maudet a choisi le cadre du salon de l'élevage de Cournon d'Auvergne pour aborder le sujet brûlant de la préférence locale de l'approvisionnement dans la restauration collective.
Le député LFI de la Haute-Vienne part d'un constat : "Entre 2010 et 2020, la Haute-Vienne a perdu un quart de ses exploitations bovines, et c'est le cas partout en France. Là où on consomme le plus de viande importée, qui met en concurrence nos éleveurs, c'est dans la restauration collective et notamment dans les cantines scolaires", affirme-t-il au micro de notre équipe sur place. Il cite l'ancien ministre de l'Agriculture Julien Denormandie selon qui "50% de la nourriture scolaire dans les cantines est importée, et dans la restauration collective de façon générale, on arrive à 60% de viande étrangère". Et le député de conclure :
Ce n'est pas normal, aujourd'hui il faut que les marchés publics encouragent l'élevage français, protègent nos éleveurs. Dans la restauration collective, il nous faut de la viande française. Il faut qu'on mange mieux de la viande.
Damien MaudetDéputé LFI de la Haute-Vienne
5% de viande fraîche étrangère dans les collèges et lycées de Nouvelle-Aquitaine
Alors, quelles sont les pratiques sur notre territoire ?
Nous avons contacté l’ACENA, l’association de coordination des marchés publics pour les établissements scolaires de la Nouvelle-Aquitaine, dont la restauration collective est l’une des principales missions.
L’ACENA compte, en 2023, 617 adhérents : 350 collèges, 240 lycées et 25 mairies, soit 75% des établissements scolaires publics du second degré en Nouvelle-Aquitaine. Elle supervise l’approvisionnement pour soixante millions de repas annuels.
Selon les chiffres récoltés par son président, Thierry Pousson, 63% de la viande fraîche servie dans ces établissements est d’origine garantie Nouvelle-Aquitaine, à quoi s’ajoute 6% de viande bio française. La viande étrangère représente moins de 5% des approvisionnements.
"Les critères de nos marchés publics ont beaucoup évolué ces dernières années. En 2017, on était à environ 40% de viande locale. Aujourd’hui, les critères de qualité et d’origine sont une priorité", affirme Thierry Pousson.
L’exemple de la Creuse : priorité à la viande locale
En Creuse, un marché expérimental a été mis en place l’an dernier dans le cadre du projet alimentaire territorial, piloté par l’Agence d’attractivité de la Creuse, le département, la chambre d’agriculture et les collectivités locales. Ce marché concerne l’approvisionnement en viande bovine fraiche locale pour la restauration scolaire des collèges et lycées du département.
Treize établissements du second degré sur les vingt-sept que compte le département se sont engagés dans la démarche. Ils se fournissent désormais exclusivement chez deux producteurs creusois de viande limousine et charolaise (à Magnat-Étrange et à Vallière), ainsi que chez un grossiste de Châteauroux.
« Nous sommes dans une démarche de qualité qui vise à privilégier le local », explique David Gipoulou, coordonnateur du groupement de commandes pour la Creuse, basé au lycée Jean Favard à Guéret, « Il y a certes un léger surcoût, mais le local n’est pas ce qui a le plus augmenté. C’est surtout tout ce qui est lié à l’agroalimentaire, l’huile, etc. »
À Limoges, 100% de bœuf limousin
Dans le premier degré (écoles maternelles et élémentaires), la restauration scolaire est gérée par les communes. Les choix peuvent donc varier, mais les collectivités sont nombreuses à s’être d’ores et déjà engagées dans une démarche privilégiant l’approvisionnement en circuit court.
C’est le cas de la Ville de Limoges, qui affiche la couleur sur son site internet : « 100% de la viande de bœuf servie dans les cantines est d’origine limousine, et 100% de la viande de porc est d’origine française »
Les menus publiés sur le site indiquent d'ailleurs quand les produits utilisés sont d'origine locale (Limousin, Aquitaine), et précisent "bœuf de race limousine".
Vincent Jalby, le premier adjoint en charge de la politique éducative et de la jeunesse, va même plus loin : "Il y a zéro viande importée dans les cantines de Limoges, et c'est le cas au moins depuis que je suis arrivé, en 2015", affirme-t-il.
Il précise que toute la viande de porc est fournie par un grossiste basé en Corrèze, dont le cahier des charges privilégie l'approvisionnement en circuit court. Idem pour les volailles, qui viennent d'élevages périgourdins ou corréziens. La viande de bœuf, quant à elle, est fournie par un professionnel de Limoges et est "essentiellement de race limousine".
Dans les cantines de Limoges, où les repas sont fabriqués sur place, aucune viande surgelée n'est utilisée, y compris dans les préparations à base de viande comme le hachis parmentier, nous assure l'élu. Il estime que c'est le cas dans la plupart des écoles qui ne passent pas par un prestataire.
Toutes les cantines scolaires de France ne sont peut-être pas aussi exemplaires. Néanmoins, les pratiques observées en Limousin semblent quelque peu éloignées des chiffres avancés par Damien Maudet, selon qui 50% de la viande servie dans les cantines est d'origine étrangère.