Témoignage. David, éleveur de vaches Limousines : “C’est la passion qui me fait tenir dans ce métier”

Publié le Écrit par manale makhchoun

"La passion plus forte que les craintes". Au Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand, David, éleveur de vaches Limousines, en a fait sa maxime. Malgré les difficultés, sa foi en son métier reste inébranlable. Un amour qu’il veut transmettre coûte que coûte à son fils.

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Quand David parle de SuperStar, sa vache Limousine, la passion l’anime. “Voyez, comme elle est belle ! Ma femme en serait jalouse”, s’extasie l’éleveur de 52 ans devant l'imposante bête d'une tonne. David est venu tout droit du nord de la Creuse pour présenter ses deux vaches, Salamandre et SuperStar au concours national de Limousines, race mise à l’honneur cette année au Sommet de l'élevage de Clermont-Ferrand. Un concours qui lui “fait oublier les soucis du quotidien”. Cravate autour du cou et gilet floqué du nom de sa race bien-aimée, l'éleveur se livre tout en caressant sa “SuperStar". “On fait un métier qu’on aime, ce n’est pas donné à tout le monde. En ce moment, c’est un sacerdoce. On travaille avec du vivant. On dépend d’eux chaque jour. Nous, notre passion, c’est d’élever des animaux et on les élève avec amour comme des membres de notre famille”. Il poursuit : “Certes, ici, c’est festif mais la réalité du quotidien nous rappelle beaucoup à l’ordre”

Un amour du métier 

Quand David parle de ses animaux, cela pourrait durer “des heures”. Après 30 ans de métier, David éprouve toujours la même fierté pour son travail. “J'ai quand même l'impression de servir le collectif, la société, parce qu'on est quand même là pour nourrir les gens. Notre métier principal, c'est d'élever des animaux. On est là, avant tout, pour nourrir les gens, entretenir les paysages et nos campagnes qu'on aime. Tout le monde, et notamment les paysans, aime la ruralité. Ce sont eux qui l'ont façonnée”. Malgré des conditions qu’il estime difficiles, David ne changerait de métier pour rien au monde :

Si je devais revenir à mes 18 ans, je referai le même parcours. On aime viscéralement ce métier. On aime viscéralement nos animaux”.

David

éleveur

L’éleveur déplore l’’agro-bashing” dont est victime, selon lui, la profession : “On est les premiers défenseurs des animaux. On est les premiers défenseurs de la nature. Ça m'insurge un petit peu parce qu'il n’y a pas plus défenseurs de l'écologie et du bien-être animal que les éleveurs. Quand vous avez passé une nuit, voire des nuits à surveiller les animaux et à pleurer quand ils sont morts ou quand on s'en sépare, c'est un déchirement pour nous

“Même si on a beau aimer notre métier, c’est de plus en plus dur"

Il décrit son quotidien de plus en plus difficile : “Le prix des matières premières n'arrête pas de flamber. En ce moment, c’est le GNR (gazole non-routier) qui flambe et dans le même temps les avantages s’arrêtent comme la détaxation. Même si on a beau aimer notre métier, c’est de plus en plus dur économiquement”. Un amour de la profession qu’il essaie de léguer à ses enfants. Mais avec le manque d'attractivité, David craint que le métier soit "en voie de disparition”. “C’est une passion que j’essaie de transmettre à mes enfants comme cadeau, presque. Si on tient compte des impacts fiscaux, des intérêts d’emprunts, c’est de plus en plus difficile de reprendre des fermes. Le monde agricole se ferme même à des investisseurs étrangers ou français. Même si on ne gagne pas bien notre vie, on arrive à remuer des capitaux énormes. On génère des chiffres d’affaires qui approchent le million d'euros pour ne même pas dégager un SMIC par mois en travaillant 75 heures”

Malgré toutes ces difficultés, David ne s’est jamais laissé abattre. Il confie : “C’est la passion qui me fait tenir dans ce métier. Si je n’aimais pas mon métier, ça ferait longtemps que j’aurais fait autre chose. Ceux qui restent et que vous voyez là, ce ne sont que des passionnés. On ne peut pas le faire dans un autre état d’esprit que celui-ci”

Transmettre sa passion coûte que coûte 

Dans les allées du sommet de l’élevage, son fils Sylvain, 24 ans, s’active. En combinaison de travail, le jeune homme s’applique à refaire une beauté aux deux colosses limousins, sous l'œil attentif de son père qui est également son associé. Sylvain prend du plaisir : “C’est un métier qui me plaît. Depuis petit, je baigne dedans. Je ne me voyais pas faire autre chose”. Une affirmation qui rassure David : “Je constate que le métier d’éleveur, même d'agriculteur en général, a du mal à attirer les jeunes. Ce métier a du mal à rendre les gens passionnés. C’est dommage ! Je veux que quand mon fils bosse, il n’ait pas l’impression de travailler”. Malgré l’enthousiasme de son fils, David s'interroge sur l'avenir. Il explique : “On est dans un système où on a investi toute notre vie pour se créer un outil de production. On a fait des prêts pour ça. Cet outil de production, une fois qu'on l'a acquis, on veut le transmettre. Mais nos enfants doivent encore payer des droits, soit de succession ou soit refaire des prêts pour prendre une entreprise familiale qu'on devrait leur donner, mais on ne peut même pas le faire. C’est quand même aberrant d'avoir travaillé toute sa vie et de pas pouvoir transmettre son outil de production. Et on en est là aujourd'hui”. Il ajoute : “On n'arrive pas à trouver de la main-d’œuvre qui pourrait nous soulager physiquement, mentalement et moralement. À la question : 'Où je me vois dans 10 ans ?' Je me vois aider mon fils parce que si je ne l'aide pas, il ne pourra pas gérer seul l'exploitation. Et je sais qu'il ne pourra pas trouver de salariés pour me remplacer donc il faudra bien que je l'aide et ça serait avec grand plaisir”. L'éleveur garde espoir pour son fils Sylvain : "Le David, d'il y a 20 ans, il avait envie de faire ça et il a toujours envie de le faire. Je pense que mon fils aura toujours envie de le faire aussi".

Il est 11h40, c’est l’heure du départ pour Salamandre et SuperStar. Un concours les attend. Un dernier coup de brosse avant de partir. David saisit la corde et défile fièrement dans les allées avec celle qui restera à tout jamais, dans son cœur, sa "SuperStar". 

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