"J'aurais pu être influencé". Des lycéens se mettent dans la peau des "Malgré-nous" de la Seconde Guerre mondiale

Des lycéens et collégiens ont participé durant deux jours à une master classe de théâtre. Animée par un dramaturge alsacien, elle a permis aux élèves de comprendre le sort des Alsaciens enrôlés de force dans la Wehrmacht, les "Malgrés-nous", dont une dizaine a pris part au massacre d'Oradour-sur-Glane.

Raconter ou enseigner l'histoire de la Seconde Guerre mondiale grâce au théâtre, c'est le pari du lycée professionnel Edouard Vaillant à Saint-Junien (Haute-Vienne).

Par binôme, les élèves ont interprété des textes pour mieux comprendre le quotidien de leurs aïeux et inciter à la réflexion.

Léopold, quinze ans, a joué un de ces rôles : "Le personnage que j'ai joué, c'est quand même un mec un peu fou dans sa tête. S'approprier l'idéologie nazie, comme ça, si vite, c'est extrême", s'étonne-t-il. Il y a beaucoup de gens qui ont pu être influencés. Donc peut-être, qu'à l'époque, avec les circonstances, j'aurais pu être influencé."

 

Les lectures de dialogues étaient entrecoupées de cours d'histoires. La méthode a plutôt séduit les élèves. "J'ai retenu les Malgré-nous, leur histoire, les camps de concentration, comment s'est passée la Seconde Guerre mondiale. J'ai des difficultés à apprendre, je pense que ça m'a aidé pour ma leçon. J'espère que pour le brevet, ça va tomber sur ça, explique Inès. Ça m'a touché ce que les jeunes ont vécu, la maltraitance dans les camps, par exemple. Ça a dû être très compliqué pour eux."

Devoir de mémoire 

C'est manière de faire évoluer les cours traditionnels, mais avec toujours le même objectif : apprendre. "Je pense que ça rend les choses plus concrètes. Le théâtre favorise cette immersion.  Ça peut être plus porteur pour eux, que d'essayer d'apprendre des dates et là, on est dans la complexité, en même temps, c'est un sujet toujours un peu brûlant. Je pense que ça peut inciter à la mémoire", confie Jean-Marc Lescure, professeur de français et d'histoire

Pour le dramaturge Alsacien, Igor Futterer et auteur de "La cigogne n'a qu'une tête", pièce dont il a eu l'idée, il y a plus de vingt-sept ans, c'est une manière de compléter ou de rappeler certaines parties de l'histoire parfois oubliées.

"Tout ne s'est pas arrêté à la Libération de Paris, les combats ont continué dans le sud de la France, on parle peu du débarquement de Provence", constate le dramaturge.

Monter une pièce avec des lycéens permet aussi d'entretenir cette mémoire et le lien avec la nouvelle génération. "Je pars du postulat que le théâtre, c'est quelque chose de civique et l'a toujours été. Le théâtre est là pour apporter un éveil. Il permet de rentrer dans l'histoire avec un devoir de vigilance au quotidien. Certains élèves l'ont très bien compris et ont établi des parallèles avec des situations dans le monde, en l'Ukraine, en Palestine, proche de ces situations-là.", raconte Igor Futterer.

Le dramaturge espère que la pièce pourra être jouée à l'occasion d'un hommage à Ouradour-sur-Glane.

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