Avec Teddy Riner, c'est l'un des judokas les plus titrés au monde. À 47 ans, le Limougeaud Cyril Jonard se prépare pourtant aux jeux paralympiques de Paris et compte bien étoffer encore son palmarès à domicile.
Quand Cyril Jonard conduit ses enfants à l'école, il est accompagné de Pims le labrador, un chien guide sur lequel le judoka peut toujours compter. Cécité et surdité limitent sa mobilité en ville, mais disparaissent sur le tatami. Sa silhouette n'est pas massive, mais tout en nervosité. Les adversaires sont projetés au sol avec une facilité déconcertante.
« Il est 18 fois champion de France, 5 fois champion d'Europe, 10 fois champion du monde, médaillé d'or, donc champion olympique à Athènes, vice-champion paralympique à Pékin et 7ᵉ aux jeux paralympiques à Rio... ça le fait hein ! », s'enorgueillit Jason Guillot son entraîneur.
Pourtant, à 47 ans, ce monument mondial du judo veut encore en découdre. Il prépare quotidiennement son corps en vue des JO de Paris 2024, avec patience et acharnement. À la salle de sport, les exercices s'enchaînent. La douleur crispe les traits, mais la rage le fait continuer.
Son premier combat, il l'a mené à l'âge de cinq ans, à Eymoutiers, où ses parents tenaient une maison de la presse.
« Moi, je travaillais jeune avec papa maman. Je vendais les journaux, Le Populaire, La Montagne, Le Figaro, L'Équipe, tous les sports. Je regarde tous les jours L'Équipe, je le regardais tous les jours ».
"Je veux gagner"
Son élocution n'est pas bonne. Mais, là aussi, un combat contre lui-même permet aux mots de sortir de manière intelligible.
Le judoka évolue désormais dans la catégorie des moins de 90 kilos, et reste fidèle aux principes qui l'ont conquis dès l'enfance.
« Copains, amitié, politesse, esprit courageux, généreuses valeurs, amitié, être amis, beaucoup, beaucoup. Parce que j'aime le judo, sport bon pour la santé ».
La stratégie de son entraîneur veille à préserver l'agilité de ce sportif hors du commun.
« Sur les séances de musculation, on va éviter de faire de la prise de masse. Être à 90 kilos pour Cyril, ce n'est pas intéressant, il serait plus lent et moins mobile, donc au contraire, on va faire des exercices d'explosivité, de vitesse et qu'il gagne un petit peu en force ».
Sérieusement blessé au genou lors des JO de Pékin en 2008, Cyril Jonard a réussi l'exploit de collectionner les médailles, malgré la douleur, pendant de longues années.
« 2022, opéré chirurgien à Paris. Très bien. Ça fait 14 ans, laissé genou beaucoup abîmé, très courageux ».
« C'est fou qu'il arrive encore à trouver la motivation avec ce handicap, qui continue à dégénérer d'ailleurs au niveau des yeux et des oreilles, donc une dernière médaille aux JO, ce serait top ». Antoine Balay, son kinésithérapeute, a de l'admiration dans les yeux.
Soignants et entraîneur maîtrisent son mode de communication, y compris sur le terrain de l'humour. Condition sine qua non pour progresser en vue d'une prochaine victoire. C'est en 2004 à Athènes que Cyril Jonard avait atteint le sommet de l'Olympe.
« Ça fait 20 ans que j'étais au pôle et au dojo ici. 2024, pareil : médaille d'or. Je veux gagner ».
Vouloir décrocher une seconde médaille d'or aux jeux paralympiques à 20 ans d'intervalle, un défi inaccessible aux simples mortels.