La photo de la petite Séréna, telle qu'elle est apparue au médecin chargé de son examen après sa délivrance d'un coffre de voiture, a été projetée aux jurés et au public de la Cour d'Assises. Avec ses grands yeux noirs et ses boucles brunes, l'affaire a désormais un visage.
Tout au long de la journée, les premiers témoins de la découverte de l'existence de Séréna se sont succédés à la barre. Ils livrent des détails qui doivent aider à faire la lumière sur le sort de cette jeune enfant, condamnée à la nuit pendant 23 mois, entre un coffre de voiture et une pièce de sous-sol. Tous restent marqués par cette journée du 25 octobre 2013.
Des garagistes encore bouleversés
5 ans après les faits, les souvenirs des salariés du garage de Terrasson, en Dordogne, sont toujours présents.
Ils rapportent l'odeur insoutenable qui se dégageait du coffre et de tout l'ensemble de l'habitacle du véhicule. L'un des deux employés s'était déjà occupé de la révision de la voiture quelques mois plus tôt ; il précise qu'il avait déjà senti une forte odeur.
Quant à la présence de l'enfant, les employés sont aujourd'hui encore hantés par la vision effrayante de l'ouverture du coffre. Le troisième employé, présent le 25 octobre 2013, n'a pas pu faire le déplacement pour venir témoigner : il souffre encore d'un état de stress post-traumatique.
Une odeur pestilentielle
Suivent les auditions de l'enquêteur de la brigade de recherches de Brive, de l'un des pompiers appelés sur les lieux, du médecin des Pompiers, et du technicien en identification. Tous reviennent sur l'odeur pestilentielle du coffre, de la voiture, du couffin, le technicien en identification précisant :
Une odeur proche d'un cadavre en putréfaction
Un contraste fort avec l'état de la maison familiale, telle que découverte lors de la perquisition qui suit l'interpellation de Madame Da Cruz au garage de Terrasson. Le technicien en identification est interpellé par l'état de la maison de Brignac-la-Plaine : propre, bien tenue, une présentation impeccable, des lits faits.
Lorsqu'elle apparait enfin au grand jour, dans le coffre de la peugeot 307, la jeune Serena est décrite nue, coincée dans un coin du coffre, transpirant et suffoquant, hors d'un couffin posé à plat à côté, Le technicien en identification précise :
Il était difficile de lui donner un âge, j'ai pensé à un an
Lors de son examen, elle doit recevoir quatre bains successifs pour se défaire d'une hygiène déplorable. Elle pèse 7,8 kg pour 71cm. Elle ne maintient pas sa tête. On apprendra qu'elle a en réalité 23 mois.
Une image marquante
La déposition du médecin légiste revient sur l'état physique de l'enfant, tel qu'il l'a découverte le 26 octobre 2013. L'enfant a alors été lavé à quatre reprises pour retrouver une hygiène satisfaisante. Pour le médecin légiste, l'examen révèle
un état rachitique, anémié, dénutri mais pas déshydraté ; un strabisme convergent, une absence de larmes. Elle s'exprime par geignements de type animalier.
La présidente de la Cour d'Assises demande la projection de la photo de la petite Séréna au moment de cet examen. La salle et les jurés découvrent un bébé sur une table à langer, se tenant de face. Le regard du public est attiré par ses nombreuses boucles brunes et ses grands yeux noirs.
Ses nombreuses carences et retards de croissance n'apparaissent pas au premier regard. Mais on oublie, pendant quelques secondes, qu'on voit là, une enfant de 23 mois.