Le suivi médical en prison permet aux détenus un accès libre aux soins. Une unité sanitaire est présente 365 jours. Elle traite les pathologies que les détenus présentent à leur arrivée mais aussi celles qui vont survenir, certaines liées aux conditions de l'incarcération.
L'effectif de la maison d'arrêt de Limoges évolue en permanence, au fil des fins de détentions provisoires en attente des décisions de justice et de l'exécution des peines de moins de deux ans. Lorsque la condamnation est prononcée pour les peines plus longues, le détenu est affecté dans un centre de détention pour y purger sa peine. Le Limousin compte un seul établissement pénitentiaire de ce type, à Uzerche. L'emprisonnement y est soumis à un nombre limité et le principe de l’encellulement individuel y est respecté.
Un service de santé présent en permanence
Au mois de mai, la maison d'arrêt abritait 133 détenus, dont 6 femmes et un mineur. Tous ont un libre accès aux soins depuis une loi de 1994... seulement. Les détenus ont les mêmes accès aux soins et à une couverture sociale qu'à l'extérieur. C'est le secteur public hospitalier qui est chargé d'assurer ce suivi. L'unité sanitaire est au deuxième étage de l'établissement; une petite annexe du CHU, avec du personnel hospitalier détaché à temps plein ou sur des vacations. "Nous sommes quatre à temps plein et toute l’année, 7 jours sur 7, week-end et jours fériés compris, de 8h du matin à 17h30 au plus tard" précise l'infirmier.
Chaque jour, un médecin généraliste assure des consultations. Suivi de traitement, traumatologie provoquée lors de séances de sport ou prise en charge de problèmes spécifiques liés aux conditions de détention. "Il y a une surpopulation pénale, il y a des problèmes d’hygiène et des pathologies liées à ces conditions, il faut dire aussi qu’on reçoit des détenus qui ont déjà une mauvaise hygiène de vie dehors et une très mauvaise prise en charge dehors" souligne Béatrice Joffre, médecin généraliste.
Les problèmes d’addictologie seraient présents chez la quasi-totalité des détenus. Cet homme suit un traitement de substitution "moi c’est l’alcool, l’héroine, la cocaine, donc ici je suis comme en sevrage, j’ai besoin de métadone". Pierre Villégier, Psychiatre addictologue, confie "pour consommation de substances, on tutoie les 98%. A côté de ça, il y a le traumatisme de l’incarcération, ça va de la thérapie de soutien à un dépistage de troubles dépressifs anciens pour lesquels on peut proposer un traitement et ouvrir des perspectives"
De nombreux spécialistes du CHU interviennent aussi à la maison d’arrêt de Limoges. Une radiologue vient une fois par semaine effectuer des clichés de dépistage de la tuberculose pour les nouveaux détenus. Un dentiste passe deux fois par semaines. "Généralement, on est sur un état bucco-dentaire assez précaire, avec des atteintes assez avancées où malheureusement les soins classiques, conservateurs, de caries ne sont pas possible, les dents étant très avancées" Guillaume Creste, Chirurgien dentiste. Ont aussi des vacations d'autres spécialistes, ophtalmologiste, gynécologue, kiné ou gastro-entérologue... Les détenus ont accès à une bonne partie des soins, sur place ou si besoin à l’extérieur.
Pour les urgences, le personnel pénitentiaire fait appel à SOS Médecin ou au SAMU 87 qui se déplacent et prennent en charge le détenu. "S’il y a besoin d’extraire le détenu pour l’amener au CHU à 23h ou 3h du matin, on l’amène" précise le directeur de la maison d'arrêt, Mohammed Ed-Dardi. L'unité sanitaire enregistre en moyenne 45 passages par jour, soit un détenu sur trois qui vient se faire soigner.