Dans une lettre adressée au directeur de SNCF Voyageurs, le directeur général de Legrand menace de déménager l'entreprise de Limoges à Bagnolet, en région parisienne, si rien n'est fait pour améliorer la desserte entre la capitale et Limoges.
L’unique entreprise du CAC 40 de Nouvelle-Aquitaine qui emploie 1 200 salariés en Limousin, menace de quitter Limoges si rien n'est fait pour améliorer la desserte entre la capitale et Limoges. Son départ du Limousin représenterait localement un véritable tremblement de terre.
Une lettre adressée au directeur de SNCF voyageurs
Née à Limoges en 1860, l'entreprise Legrand, qui se présente comme "le spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment", a récemment dénoncé les retards et les modifications horaires des trains vers Paris.
Dans une lettre adressée le 28 novembre dernier au directeur de SNCF voyageurs, le directeur général de Legrand, Benoît Coquart, s'interrogeait sur "l’intérêt de continuer à localiser sur Limoges nos équipes et nos dispositifs d’accueil clients alors que nous sommes précisément en train de réaménager nos bureaux parisiens."
Le Limousin, une région toujours enclavée
À l'annonce de cette information, non communiquée en interne, les membres des syndicats CGT et CFDT ont été surpris. "Pour nous, cette menace n'est pas d'actualité. Nous ne pouvons que rejoindre nos PDG sur la vétusté et le désenclavement et faire en sorte que la région soit désenclavée par l'amélioration de la ligne Paris-Limoges qui n'a fait que de se dégrader depuis des décennies", admet Lionel Guy, secrétaire CGT-Legrand. Pour lui, il n'y a aujourd'hui pas de raisons de déplacer le siège en région parisienne.
Il ajoute : "Ce n'est pas une information officielle. En aucun cas la direction peut déménager le siège sans nous prévenir. C'est inconcevable".
"Ce serait catastrophique pour tout le monde"
CFDT Legrand
Pour Michel Robert, délégué syndical central CFDT Legrand, le départ est difficilement imaginable même si "aujourd'hui tout est possible". "Quand il y a plus de contraintes que d'avantages à être dans certaines régions, la bascule passe du mauvais côté", explique ce dernier tout en admettant que "ce serait catastrophique pour tout le monde".
Michel Robert reconnaît que depuis de nombreuses années, rien n'est fait pour la politique de désenclavement de la région et de Limoges.
Des salariés nuancés face à la situation
Devant l'entreprise Legrand, les salariés sont nuancés. Si certains ont du mal à comprendre la situation et sont inquiets, ce n'est pas le cas pour tous. "Est-ce que c'est normal que ce soit plus difficile de venir à Limoges, de Paris, que d'aller à Marseille ?", s'interroge l'un d'entre eux. "Il y a quelques années, on mettait moins de temps que maintenant", se souvient ce dernier. Certains salariés se demandent si tout cela n'est pas fait pour faire réagir la SNCF.
Et Olivier Ten, délégué CGT Legrand de conclure : "Je pense que c'est difficile de déménager tout le monde sur Paris demain. Je pense que la plupart des salariés de Legrand aime la région. Aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est plus de liens entre la capitale et l'entreprise".