L'ex-gérant du Babou en zone nord de Limoges a été reconnu coupable de harcèlement moral envers six de ses salariés. Il avait repris la direction du magasin en septembre 2018 et rendu la vie insupportable à ses employés. Six mois de prison avec sursis avaient été requis contre lui en décembre 2020.
La décision a été rendue ce vendredi 29 janvier 2021 de façon publique. M. Moncef N. et la SARL Moncef N. ont été reconnus coupables de l’ensemble des faits à l’égard des six salariés concernés : la SARL condamnée pour le licenciement d’un délégué du personnel sans autorisation préalable de l’inspection du travail et Moncef N. pour l'ensemble des faits de harcèlement moral.
En décembre dernier, six mois de prison avec sursis avaient été requis contre l'ancien gérant du magasin Babou. Il ne devra finalement verser qu'une amende de 3 000 euros. Une amende de 1 500 euros a été réclamée à la SARL du même nom.
Rappel des faits
Moncef N. et sa femme avaient repris la direction du magasin Babou en zone Nord de Limoges en septembre 2018. Quatre plus tard et face à une gestion autoritaire, de nombreux salariés étaient en arrêt maladie, soulignaient nos confrères du Populaire du Centre en décembre 2020.
"Il ne faisait plus venir les sociétés de nettoyage pour que les employés fassent elles-mêmes le ménage. Il changeait les plannings pour séparer les salariés, qu'ils ne parlent pas de la situation entre eux, et ne se soutiennent pas. Les filles venaient sans leurs sacs à main, il courrait après les clients avec une batte de baseball". confie Maria Ramos Vidal, secrétaire général du syndicat CFDT Services du Limousin, "l'une d'elles avait perdu 15 kilos, elle pleurait, elle s'enfermait dans les toilettes pour me téléphoner".
Des tâches irréalisables, un espionnage continu via vidéosurveillance, des remarques sexistes... Les salariés du magasin ont fini par entrer en conflit avec leur ex-patron. Maria Ramos Vidal a suivi cette affaire de près. Elle témoignait à la barre du tribunal correctionnel de Limoges en décembre dernier.
Aujourd'hui, la décision rendue est un soulagement, "l'argent, on s'en fiche. Nous sommes soulagées parce que le harcèlement est reconnu pour les filles, pour tout ce qu'elles ont subi et pour leur ténacité. Ce que je souligne aussi, c'est que notre syndicat est reconnu en tant que tel. Nous ne sommes pas là pour casser les chefs d'entreprise, mais en tant que partenaires sociaux, nous n'avions jamais vu cela."
Même réaction pour Me Sylvie Rosas, avocate des parties civiles, qui voit en cette décision un nouveau départ pour les 6 salariés : "La seule chose que nous souhaitions, c’était qu’ils soient déclarés coupables. Les salariés sont satisfaits que leur statut de victime soit reconnu. Ils vont pouvoir tourner la page de ce volet-là".