Les maires de Haute-Vienne se sont réunis à Limoges, ce 19 octobre, en assemblée générale au conseil départemental. Le projet de loi des finances de l'État était au cœur des débats : les élus craignent de devoir réduire leurs dépenses ou augmenter les impôts locaux.
De nombreux maires de Haute-Vienne se sont réunis en assemblée générale, ce matin du 19 octobre, au conseil départemental à Limoges. Malgré la salle comble, un personnage de taille manquait à l'appel : l’État, qui n’est pas en capacité de dépêcher un représentant pour présenter la cure d’austérité du gouvernement. Les maires présents, pour la plupart élus en milieu rural, se disent abasourdis et en colère.
"C'est nous qui sommes au plus près des habitants, c'est pas l'État. C'est nous qui recevons aujourd'hui nos administrés pour entendre dire qu'ils ont de plus en plus de difficulté à vivre, décrit Thierry Musette, maire PCF de Saint-Anne-Saint-Priest. Nous, on a du mal à construire nos budgets, mais nos administrés vivent mal avec toutes ces augmentations, notamment de l'électricité, des assurances."
"On va devenir un État pauvre, la France ? Questionne-t-il. La richesse, elle existe. Il faut la prendre là où elle est. Il faut arrêter de rétribuer les actionnaires, qui s'en mettent plein les poches sans rien faire. Ça, à un moment, il faut qu'on le dise." L'élu propose même de monter une manifestation d'élus "avec les écharpes" à l'occasion du congrès de l'Association des maires de France, à Paris fin novembre."
Une colère partagée
Le désarroi de ces élus est partagé par l’exécutif du conseil départemental de la Haute-Vienne. Car c’est précisément cette collectivité territoriale qui aide – en premier lieu – les communes rurales à financer leurs projets d’investissement. Et cette aide est déterminante pour les plus petites d’entre elles.
"Sans l'aide du département, nous ne pourrions pas investir, assène Odile Berger, premier édile (SE) de St-Hilaire-la-Treille (87). On veut que nos habitants vivent bien, mais sans ces aides-là, on ne peut pas assurer d'investissements. Et on ne peut pas, bien entendu, augmenter les impôts à cette hauteur [la hauteur nécessaire à pouvoir investir, NDLR]."
La bronca des élus locaux est relayée par les députés – de gauche et d’extrême droite, mais aussi au-delà – qui examineront, ce lundi 21 octobre en séance publique, le projet de loi de finances. Mais il se pourrait bien qu’il ne passe pas en l’état et que le gouvernement utilise le 49.3.
"Il serait scandaleux qu'il y ait un 49.3. Dans ce contexte-là, on prendra les mesures qui s'imposent, estime Stéphane Delautrette, député (NFP) de la 2ᵉ circonscription de la Haute-Vienne. Il est fortement probable qu'il y aura une motion de censure si le gouvernement ne respecte pas la décision du Parlement, ce qu'il avait pourtant promis."
En attendant, une chose est sûre : le conseil départemental de la Haute-Vienne ne débattra de ses orientations budgétaires qu’en avril 2025.
La preuve, en tout cas, que le sujet est sensible : ce dimanche, le préfet a précisé dans un communiqué qu'en raison d'un "impératif familial", l'hypothèse du maintien du rendez-vous, "à la date prévue, avec l’organisation d’un débat ultérieur avec le représentant de l’État" avait été "retenue et adoptée" : cette réunion se tiendra le 13 décembre à 18h.