Depuis une loi de 1994, les détenus ont les mêmes droits d'accès aux soins et à une couverture sociale qu'à l'extérieur. C'est le secteur public hospitalier qui est chargé d'assurer ce suivi.
L'unité sanitaire de la maison d'arrêt de Limoges est implantée au 2e étage de l'établissement, en haut d'un petit escalier en colimaçon. Pour y accéder, les intervenants médicaux doivent franchir neuf portes, et bien sûr, montrer pâte blanche, comme tout visiteur. Un surveillant pénitentiaire est présent en permanence.
L'unité sanitaire est gérée par du personnel hospitalier, qui dépend du CHU de Limoges. Quatre infirmiers y travaillent à temps plein, 7 jours sur 7. Médecins, psychiatres et autres spécialistes, tous volontaires pour intervenir en prison, y effectuent des vacations.
1994 : une révolution dans la prise en charge médicale des détenus
La loi du 18 janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale a beaucoup modifié la prise en charge sanitaire des personnes détenues en les intégrant dans le système de santé de droit commun.
Depuis, l'accès aux soins est reconnu comme un droit fondamental pour les détenus, qui peuvent bénéficier d'une couverture sociale au même titre qu'en milieu libre.
La prise en charge sanitaire des détenus, qui était jusque là gérée par l'administration pénitentiaire, a été transférée au service public hospitalier.
Des pathologies spécifiques
La population carcérale présente un état de santé global moins bon que la population générale : "Il faut savoir qu'on reçoit des détenus qui ont déjà une très mauvaise prise en charge dehors, et souvent une mauvaise hygiène de vie, avec de la toxicomanie ou autre.", explique le Dr Béatrice Joffre, l'un des deux médecins généralistes qui interviennent au sein de l'unité sanitaire.
Par ailleurs, certaines pathologies peuvent être aggravées par la vie en établissement pénitentiaire, la surpopulation pénale et les problèmes de promiscuité et d'hygiène qui sont liés : VIH, hépatites, addictions, troubles de la santé mentale...
"En ce qui concerne la consommation de substances, on tutoie les 90%, même s'il n'y a pas forcément de maladie addictive", affirme Pierre Villégier, psychiatre addictologue rattaché au CH Esquirol, "A côté de cela, il y a aussi le traumatisme de l'incarcération. Cela va de la psychothérapie de soutien à un dépistage de trouble dépressif plus ancien, sur lesquels on peut proposer un traitement et ouvrir des perspectives".
Un accès à tous les soins
De nombreux spécialistes interviennent également à la maison d'arrêt de Limoges.
Une radiologue du CHU se déplace ainsi une fois par semaine pour effectuer des clichés de dépistage de la tuberculose pour les nouveaux détenus.
Un ophtalmologue, une psychologue, une gynécologue, un kinésithérapeute, une gastro-entérologue et un dentiste effectuent également des vacations, entre une à deux fois par semaine pour certains, une fois par mois pour d'autres.
L'équipe soignante, et notamment les infirmiers, effectuent également un important travail de prévention, par exemple sur le dépistage du cancer du sein à l'occasion d'octobre rose.
En fonction des besoins, et du caractère d'urgence, les détenus peuvent être pris en charge directement en milieu hospitalier. "On fait appel à SOS Médecins ou au Samu 87 qui peuvent se déplacer pour prendre en charge le détenu. S'il y a besoin d'extraire un détenu ou de l'amener au CHU à 22h ou 3h du matin, on l'amène", assure le directeur de la maison d'arrêt de Limoges, Mohammed Ed-Dardi.
L'unité sanitaire de la maison d'arrêt de Limoges enregistre en moyenne 45 passages par jour. Un chiffre important rapporté aux 130 détenus de l'établissement, qui montre à quel point la prise en charge sanitaire est importante, tant d'un point de vue purement médical que psychologique.