En février 2024 à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône, Nicolas s'écroule dans la salle de crossfit qu'il fréquente, victime d'un arrêt cardiaque. Grâce aux gestes qui sauvent pratiqués par son coach et à l'utilisation immédiate d'un défibrillateur, il a aujourd'hui retrouvé presque toutes ses capacités.
"L'exercice du soir, c'était le poirier". Cyrille Lim n'est pas prêt d'oublier sa séance nocturne de crossfit du 5 février 2024. Dans la salle de sport qu'il gère à Gardanne dans les Bouches-du-Rhône, la dizaine d'adhérents venait de terminer l'échauffement de saut à la corde, et écoutait la présentation du programme technique. "Et là d'un coup, Nico tombe net", se souvient le coach.
Formé comme sauveteur secouriste
Ancien militaire en opération, Cyrille connaît les gestes de premiers secours. Il ne perd pas une seconde. "Après trois ou quatre respirations difficiles, le cœur s'est arrêté. J'ai immédiatement demandé au coach stagiaire de prévenir les pompiers et débuté un massage cardiaque."
"Je voyais certains participants 'au bout de leur vie', tétanisés. Une adhérente a immédiatement pratiqué un bouche-à-bouche en parallèle", se remémore-t-il.
Chaque minute sans battement du cœur, c'est 10% de capacités vitales perdues.
Cyrille Lim, coach sportif à GardanneFrance 3 Provence-Alpes
Depuis quelques années, le gérant a équipé sa salle d'un défibrillateur. De quoi mettre toutes les chances de son côté. Cyrille garde ancré en lui le souvenir de ce touriste à Avignon il y a 10 ans, qu'il n'a pas réussi à sauver malgré 45 minutes de massage cardiaque.
"Attention, choc en cours"
"Une fois les capteurs placés sur le corps de la victime, il n'y a qu'à suivre les instructions données verbalement par l'appareil", explique Cyrille Lim. En quelques secondes, le défibrillateur analyse son état et délivre la solution adaptée.
Dans le cas de Nicolas, l'appareil confirme que le cœur est en "fibrillation" (activité anarchique des oreillettes), et suit sa procédure de secours. "Le défibrillateur annonce qu'il va délivrer un puissant choc électrique pour stopper les fibrillations, et demande à l'entourage de s'écarter, puis de reprendre les massages. Avant qu'il ne lance une nouvelle analyse".
Un défibrillateur sous la peau
La délivrance. L'appareil annonce que le cœur est reparti. "Ouf" de soulagement dans la salle de sport. Nicolas lui, ne s'est aperçu de presque rien. "Je me souviens de m'être confondu en excuses pour avoir régurgité, et avoir annoncé aller chercher ma fille à l'école".
Au réveil, j'ai cru m'être simplement étourdi.
Nicolas, victime d'un arrêt cardiaque
À 44 ans, sportif dans l'âme, Nicolas espère pouvoir reprendre le crossfit dans quelques mois. Son cardiologue lui interdit encore les activités trop intenses. Lors de son séjour en soins intensifs après l'arrêt cardiaque, les médecins lui ont diagnostiqué une myocardite, anomalie électrique du ventricule droit. Peut-être due au virus de la Covid qu'il avait contracté deux mois auparavant. Il a aujourd'hui récupéré 90% de ses capacités physiques, et rien perdu au plan cognitif.
Sans défibrillateur, ne pas pouvoir sauver un proche en difficulté peut détruire une autre vie.
Nicolas, victime d'un arrêt cardiaque
Nicolas vit désormais en permanence avec un défibrillateur, un appareil miniaturisé implanté sous sa clavicule. Et milite pour la généralisation de cet appareil qui lui a sauvé la vie. "On devrait avoir des défibrillateurs accessibles partout, au travail, à la maison, dans les lieux publics".
Au bon endroit au bon moment
Depuis son accident cardiaque, Nicolas et sa compagne se sont tous les deux formés aux gestes qui sauvent. Dans un cours délivré... par Cyrille. "J'ai pour lui une immense reconnaissance" témoigne celui qui doit sa vie d'être tombé dans une salle de sport. "Je reviens de loin. Seul en footing en forêt, c'était fini pour moi". Fort de cette expérience, Cyrille lui, milite à présent pour que tous les coaches de France se dotent de défibrillateurs, toujours pas obligatoires dans les établissements sportifs accueillant moins de 300 personnes. Une simple trousse de secours suffit selon la loi.