Le palais des sports de Beaublanc fêtera ses 40 ans dimanche 28 novembre 2021. Avec la gare des Bénédictins, c'est l'un des bâtiments symboles de Limoges. Retour sur son Histoire, de sa création et de sa construction.
Il y a 40 ans, l’inauguration du palais des sports de Beaublanc mettait un terme à un projet ambitieux, lancé trois ans auparavant en 1978. Deux hommes en sont à l’origine : Xavier Popelier et Jean-Claude Biojout, dirigeants du CSP à l'époque. L’équipe de basket est alors en pleine ascension et est à l’étroit dans sa salle municipale des Sœurs de la Rivière. Ils veulent un nouvel écrin et vont voir le maire.
"On est allés le voir, on s’est retrouvés tous les trois et puis on lui a expliqué le topo. On lui a dit : "Voilà, ce n’est pas difficile, nous on ne peut plus développer notre CSP. Ou vous faites un nouveau palais des sports, soit on arrête complètement. Il nous a dit : "Je vais vous construire votre cathédrale. Mais attention si vous ne la remplissez pas, c'est moi qui vais dérouiller aux prochaines élections", raconte Louis Xavier Popelier, ancien dirigeant du Limoges CSP .
Trois ans de travaux
La commande d’une salle de 4000 places assises et 2000 places amovibles est lancée. Les premiers travaux commencent en mars 1980. En septembre, les premières tribunes sortent de terre. En février 1981 la charpente en bois, arrivée d'Alsace, est impressionnante. Le béton est choisi comme infrastructure.
On voulait faire comme un chaudron avec des sièges concentriques autour d’un plateau, pas seulement en plan mais en élévation pour cette idée de concentrer le regard des spectateurs sur le plateau.
Jean-Louis MartyArchitecte de Beaublanc
Il avait 33 ans à l’époque et s'inspire du Japon.
En octobre 1981, le palais des sports et des fêtes est terminé. Le budget est de 30 millions de francs. C’est la plus grande salle de France à cette époque. "La première fois que je suis venu, je suis monté tout à fait haut dans les gradins. Je n’y suis jamais revenu depuis parce que j’étais impressionné de me retrouver là-haut avec ce précipice devant moi. J’étais inquiet. Je me disais : "Pourvu qu’il n’y ait pas de chutes et que personne ne tombe", s'amuse Xavier Popelier.
Un premier événement le 14 octobre 1981
"On ne l’imaginait pas aussi futuriste, aussi beau. Pour nous, c’était un cadeau du ciel. C’était un vrai cadeau de pouvoir rentrer dans un outil de travail comme ça. Ça nous a sur-motivé je crois à essayer d’être fort, d’être bien pour la ville de Limoges et de faire des choses dont on parle encore beaucoup et dont on parlera longtemps encore", souligne Jean-Claude Biojout, ancien dirigeant du Limoges CSP.
Avant l’inauguration officielle, le tout premier événement a lieu le 14 octobre 1981 : le CSP, en coupe d’Europe, reçoit une équipe du Luxembourg. Beaublanc est rempli, adopté par les supporters et devient la deuxième cathédrale de Limoges. "L’échange sportif est une chose formidable, de joie, entre les Hommes. Le terme de cathédrale est exagéré mais symbolique de quelque chose qui fonctionne. Et ça, c’est une grande satisfaction : au moins ça marche", se réjouit Jean-Louis Marty.
Le 28 novembre 1981 est la date retenue pour l’inauguration. Le CSP reçoit Villeurbanne et l’emporte dans une ambiance incroyable. Beaublanc devient le palais des basketteurs limougeauds et la fierté du peuple vert.
Puis rapidement, le palais des sports va assister aux épopées du CSP en coupe d’Europe et en championnat de France. Un stade intimement lié à l’histoire de son club. C’est ici qu’en 2015 les limougeauds ont célébré leur dernier titre de champions de France. C’est aussi ici qu’en 2017 une ville entière est venue pleurer un homme : Fréderic Forte, ancien joueur et président du club, décédé brutalement d’une crise cardiaque le 31 décembre.
Mais rapidement d’autres sports vont s’inviter. Le bicross, l’escrime, mais aussi le tennis avec les ¼ de finales de la Coupe Davis remportés difficilement par la France face à l’Allemagne (2-0) en 1996.
L’antre du CSP devient aussi une arène politique. De nombreux candidats à la fonction présidentielle viennent y prendre des bains de foule comme Lionel Jospin et Jacques Chirac.
Malgré son acoustique désastreuse, le palais des sports a pendant longtemps servi de salle de concert. Du rock à la variété française, les grands noms des 30 dernières années se sont produits dans le chaudron limougeaud, non sans quelques soucis techniques.
L’outil n’a pas du tout été conçu pour accueillir des spectacles. Nous avons dû inventer un positionnement de scène pour pouvoir accueillir le public et l’artiste d’une manière normale, mais c’était un combat de chaque instant.
Depuis la construction du Zénith de Limoges en 2007, le palais des sports de Beaublanc est revenu à sa vocation première : le sport. Il n’accueille aujourd’hui que les matchs et les entraînements du CSP et du LH87 ainsi que l’Open BLS de tennis une fois par an.
À 40 ans, le chaudron imaginé par Jean-Louis Marty est plus que jamais ancré dans la culture limougeaude. Même si d’importants travaux de rénovation et d’aménagement sont à prévoir, Beaublanc n’est pas prêt de s’arrêter de vibrer.