En ce premier dimanche de messe après la publication du rapport Sauvé révélant l'ampleur des abus sexuels dans l'Eglise, les fidèles sont sous le choc. A la sortie de la Cathédrale de Limoges ce dimanche 10 octobre, ils s'expriment sans tabou.
A la sortie de la messe dominicale à la cathédrale Saint-Etienne de Limoges, le sujet est sur toutes les lèvres ce dimanche 10 octobre 2021, quelques jours après la publication du rapport Sauvé dénonçant plus de 330 000 mineurs victimes d'actes pédophiles au sein de l'Eglise depuis 1950.
C'est affreux, horrible, atterrant de se dire qu'on fait partie d'une Eglise qui a pu laisser faire ce genre de choses.
Cette paroissienne, qui tient sa fille dans ses bras en répondant aux questions de notre équipe, ne retient pas l'émotion dans sa voix.
La communauté catholique est sous le choc de ces révélations. "Il y a deux scandales, le fait que des membres de l'Eglise aient commis ces actes innommables, mais aussi que des membres de l'Eglise aient choisi de minimiser les faits.", reconnait Pascal Rouffignac, diacre du diocèse de Limoges.
Cette autre fidèle se dit reconnaissante vis à vis des évêques qui ont fait la demande d'effectuer une enquête auprès des victimes afin qu'elles puissent être entendues et reconnues. "L'Eglise est prête à faire face à certaines recommandations pour se remettre en cause", affirme-t-elle, confiante.
Lever le secret de la confession : un pavé dans la marre
Dans son rapport rendu ce mardi 5 octobre, résultat de près de trois ans d'enquête, les 22 membres de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (CIASE) formulent 45 recommandations.
Objectif : armer l'Église dans la lutte contre les violences sexuelles commises sur des mineurs.
Parmi ces recommandations : la levée du secret de la confession en cas d'aveu d'acte pédocriminel. Un sujet qui fait débat.
"La confession, pour moi, c'est un peu comme un secret professionnel. Si on le révèle au grand jour, c'est une porte ouverte à la levée de tous les secrets professionnels", explique un paroissien.
François Renaud, le curé de la cathédrale Saint-Etienne, se montre pour sa part moins radical : "Si l'on recevait un pénitent qui annonce un acte de pédophilie, il serait important de l'encourager voire de l'accompagner chez le procureur pour qu'il se dénonce. Je serais prêt à le faire", affirme-t-il.
L'écclésiastique explique que des outils existent déjà au niveau du diocèse de Limoges, pour lutter contre les actes de pédophilie, notamment une cellule d'écoute qui permet d'être entendu par des experts (magistrat, psychothérapeute, médecins...), et une plaquette "Lutter contre la pédophilie".
Mais les fidèles sont conscients qu'il faudra aller plus loin.