Difficile pour les commerces de centre ville de retrouver pleinement leurs clients. En cause, le télétravail maintenu dans bon nombre d'entreprises. Il éloigne les consommateurs du cœur de ville.
L'ambiance est un peu morose dans l'épicerie de William Petit. Dans les rayons : du vrac, des cosmétiques, des fruits et légumes frais... Tous les produits de première nécessité en plein cœur de Limoges. Un emplacement rêvé qui ne fait pourtant plus recette. Les clients se font rares. William estime à 20 ou 30% la baisse de fréquentation depuis le début d'année.
Beaucoup d'entreprises ou de collectivités ont maintenu leurs salariés en télétravail. Des gens qui habitent en périphérie et qui ne viennent plus en centre ville.
William Petit, épicier
Double peine, dans son épicerie William vend essentiellement du bio. Il observe que les considérations écologiques sont passées au second plan.
" Avec la guerre, l’élection, l'inflation c'est une période d'incertitude. J'ai remarqué qu'on consomme bio quand on arrive à se projeter à 10 ans. Là, c'est difficile pour beaucoup de se projeter ne serait-ce que dans 6 mois. Donc ils vont au plus simple, au moins cher, au plus pratique".
La hausse du coût du carburant n'a pas non plus aidé. Pour essayer de récupérer les clients de la périphérie, William vient d'adhérer au nouveau système de livraison lancé par les concepteurs de Letseat. Mais il ne se fait pas trop d'illusion et songe a vendre son fond de commerce.
Cette morosité est confirmée par Jean-François Pailloux président de l'association de commerçant Pignon sur rue.
"Janvier, février et mars ont été très mauvais. Les remboursements des prêts garantis par l'Etat repoussés d'un an arrivent petit à petit à échéance. Les URSSAF aussi demandent les remboursements. Il est certains que certains commerces fragilisés se s'en relèveront pas".
Actuellement près d'une trentaine de commerces (sur environ 500) seraient dans une situation financière délicate à Limoges. Quelques rideaux se sont déjà baissés. Les annonces immobilières de commerces à vendre ou à louer se multiplient.
"Nous sommes arrivés au point au point ou on a tiré au maximum sur l’élastique. Au bout d'un moment, il casse".
Depuis début avril, la tendance se stabilise heureusement. Une fois l'élection passée, un des freins à la consommation sera déjà levé.