Les hospitalisations causées par l’effet indésirable d’un médicament ont augmenté en France selon une étude pilotée à Limoges

Les hospitalisations causées par l’effet indésirable d’un médicament ont augmenté en France entre 2007 et 2018. C’est la conclusion d’une étude coordonnée par Marie-Laure Laroche, pharmacologue et responsable du Centre régional de pharmacovigilance de Limoges. Article original publié le 30/05/2022.

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Les médicaments nous soignent, mais une nouvelle étude du réseau des centres de pharmacovigilance nous rappelle que leur utilisation n’est jamais anodine.  

Iatrogénie

Selon cette étude, le taux d'hospitalisations pour des complications liées à un médicament a augmenté ces dernières années.  On parle de "iatrogénie médicamenteuse", c’est-à-dire l’ensemble des effets indésirables directement liés à l’effet pharmacologique lors de l’utilisation d’un médicament.

Marie-Laure Laroche, pharmacologue et responsable du Centre régional de pharmacovigilance de Limoges, a coordonné ces travaux.

212 500 hospitalisations en 2018

Concrètement, 141 services dans 69 hôpitaux ont été tirés au sort.  Entre avril et juillet 2018, les dossiers de patients hospitalisés pendant quinze jours ont été étudiés :  sur 3 648 admissions, 309 étaient liées à un événement indésirable médicamenteux et 4 ont entraîné un décès.

Les chercheurs ont ensuite extrapolé le nombre d’hospitalisations que cela représenterait en France, et ont comparé le résultat avec des chiffres obtenus en 2007.   D’environ 144 000 patients hospitalisés en 2007, on est passé à 212 500 en 2018.  On a déploré environ 2 760 décès.

Parmi les médicaments les plus problématiques, on retrouve les anticancéreux, les anticoagulants oraux, ou encore les antihypertenseurs.

Tendance internationale

Un résultat surprenant pour Marie-Laure Laroche :  "On ne s’attendait pas à une augmentation aussi importante de l’incidence. On n’a pas trouvé d’explication. C’est une tendance internationale :  on constate une augmentation, et à chaque fois, on n’arrive pas à trouver d’explication."

Plusieurs pistes ont pourtant été étudiées.  La pharmacologue détaille :   " On ne consomme pas plus de médicaments qu’il y a 15 ans.  Ce n’est pas dû à l’augmentation du nombre de personnes âgées, car l’incidence augmente aussi chez les enfants. Est-ce que c’est le type de médicament qui a évolué ? On n’a pas trouvé que les nouveaux médicaments étaient les plus gros pourvoyeurs d’effets indésirables."

Evènements évitables

Selon Marie-Laure Laroche, on peut tirer de cette étude deux enseignements.

D’abord, "garder à l’esprit qu’il y a une certaine part d’aléa dans la prise d’un médicament, même si on prend les bonnes précautions."

Ensuite, la pharmacologue souligne que dans 16% des cas, si on avait suivi les consignes, on aurait évité la iatrogénie :   " Il y a une problématique du non-respect des consignes de prise de médicament de la part des professionnels de santé, mais aussi de la part des malades, avec l’automédication."

Nouvelles mesures ?

Pour l’heure, l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments   ( ANSM) , commanditaire de l’étude, n’a pas encore communiqué autour de son résultat.  Mais des mesures pourraient être prises pour améliorer l’information des soignants et des patients, et donc leur sécurité.

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