Au Vigen, au sud de Limoges, deux médecins du cabinet médical Dupuytren partent bientôt à la retraite. La municipalité a décidé de prendre les devants en rachetant le cabinet. L'objectif : assurer sa pérennité et attirer de jeunes médecins, de moins en moins intéressés dans l'investissement immobilier pour exercer.
Au Vigen, une commune de 2 300 habitants au sud de Limoges, la municipalité a pris une décision radicale : racheter le cabinet médical. Étant donné que deux médecins partent à la retraite dans quelques mois, et face à l'incertitude d'un potentiel rachat des parts par de nouveaux praticiens, la municipalité a décidé de prendre les devants.
Pour les élus, c'est une bonne solution pour "maintenir une offre des soins adaptée à la commune et au territoire", affirme le maire indépendant (SE) du Vigen, Jean-Luc Bonnet. L'enjeu est important : 12 000 patients sont soignés dans ce cabinet, le groupe médical Dupuytren, qui regroupe six médecins et rayonne bien au-delà du seul village.
Un moyen de rester attractif pour les jeunes médecins
"Cette décision a été prise il y a quelques jours seulement. On rachète l'ensemble du cabinet et en contrepartie, les médecins payeront un loyer à la commune. C'est une opération blanche pour nous, mais l'intérêt principal est de conserver le cabinet et de continuer à le développer", assure le maire.
Le coût de l’opération s'élève à 240 000 euros, financés par un prêt bancaire sur quinze ans. Si des médecins avaient racheté les parts, cela leur aurait coûté 50 000 euros chacun. Mais investir ne semble plus intéresser les plus jeunes d’entre eux.
"Les jeunes médecins ne veulent plus investir dans l'immobilier, cela reste un frein à l'installation. Ils n'ont pas le même esprit que nous, qui étions plus matérialistes. Ce qui leur importe, c'est d'exercer. Ce rachat par la municipalité représente une manière de faciliter leur installation", considère Jean-Jacques Brissaud, l'un des deux médecins généralistes du groupe médical Dupuytren qui part à la retraite.
Éviter de mettre en danger les autres professionnels de santé
Dans cette zone où l’on ne peut guère parler de désert médical, la concurrence entre communes est grande, entre ceux qui font construire de nouveaux locaux, ceux qui en mettent à disposition et ceux qui offrent des déductions fiscales. Selon le maire, l'intérêt de ce rachat est de « rester attractif pour les habitants et le territoire, mais aussi de ne pas mettre en difficulté d'autres professionnels de santé, comme les infirmières, les kinés ou les pharmacies ».
Sur le bassin du Vigen, il existe en effet un important cabinet de kinésithérapeutes, des infirmières et une pharmacie toute proche, à Solignac. La pérennisation de ce cabinet est un soulagement, comme l'affirme Myriam Saint-Marcoux, pharmacienne : "On veut garder nos médecins, c'est grâce à eux qu'on travaille. C'est essentiel que ce groupe médical reste en place. J'espère qu'avec ce rachat, d'autres médecins seront intéressés pour s'installer au Vigen."
Reste désormais à trouver les futurs remplaçants. Un jeune médecin, qui n'était pas intéressé par le rachat de parts, s’est dit, au contraire, intéressé par cette nouvelle formule.