À Limoges, le CSP, c’est plus qu’un club, qu’une histoire, des titres… Basket ou non, tout un chacun a un rapport avec lui. Mais si l’on ne voit que ce qui brille (ou pas), c’est-à-dire l’équipe, le Limoges CSP, c’est pourtant beaucoup plus. Et c’est ce qu’une journée en immersion permet, justement, de se rappeler. (Republication du 31 mars).
Envie d'une immersion au CSP ?
" Ça te dirait de faire une journée en immersion au CSP, dont le compte-rendu passerait peu avant les 30 ans du titre, le 15 avril ?" Comment dire ?...
Voilà 41ans, à peu près, que pour des raisons personnelles, je suis cette équipe.
Voilà 21 ans, précisément, que pour des raisons professionnelles, je fais de même.
Alors la question, en vérité la proposition, n’a pas manqué, au mieux, de me faire sourire, au pire, de me laisser dubitatif … car :
- Et d’une, ai-je encore vraiment l’âge d’une journée de stage d’observation, telle que les élèves de troisième la pratiquent ?
- Et de deux, le titre européen du Limoges CSP, le Grand, celui de 1993, est-il vraiment, pour moi, le plus important de son histoire ?
- De trois, trente ans après, que puis-je encore en dire, que l’on n’a pas déjà dit, lors des anniversaires précédents ?
- Ensuite, que puis-je, vraiment, apprendre de plus, et de l’histoire, et du présent, du club ?
- Enfin, ne faudrait-il pas laisser ma place à un, ou une, jeune journaliste, qui ne connaisse justement ni cette histoire, ni ce mythe, et qui, surtout, aurait un œil neuf sur tout cela ?
Réponse : non et oui, oui et non, à toutes les questions !!!!
Pourquoi une immersion au CSP ?
Finalement, j’ai beau suivre, posséder, croîs-je, sur le bout des doigts, mon CSP, il n’est jamais mauvais, ni inutile, et de se souvenir, et d’avoir conscience, de ce que ce club mythique peut :
- Et d’une, être et faire, l’actualité limougeaude.
- Et de deux, être une partie intégrante de mon métier, et donc de ma passion.
- Et de trois, enfin et surtout, voire même plus, être une de ces choses qu’en définitive, on méconnait parce que, justement, on croît trop (bien) les connaître.
Alors oui, cette journée d’immersion, j’y ai dit oui, je l’ai prise, préparée, et j’y suis allé !
Une immersion au CSP est-elle possible ?
Je l'ai prise, comme quand on a va couvrir un entrainement. Avec plaisir.
Je l'ai préparée, comme quand on a la chance de suivre un Clasico, ou une joute européenne. Sans tout à fait partir dans l'inconnu.
J'y suis allé, comme si, je ne me pensais pas en terrain, pardon, en parquet, conquis. Pour une fois humblement.
Enfin, malgré tout ce qui précède, cette soi-disant expérience, la connaissance de tant de personnes en interne, je n’ose dire leur confiance, et une habitude plus qu'une connivence, avec surtout l'assurance que je pourrai en voir plus qu'à l'accoutumé. Parce que, si le CSP se dévoile de manière hebdomadaire, sinon quotidienne, il ne le fait, par usage et règles, pour la presse s'entend, que sous certaines conditions. On ne nous dit pas forcement tout, nous ne demandons pas forcement tout, chacun dévoile ce qu'il veut ou peut, bref, "l'open-bar" n'est guère d'usage !
Mais cette fois, le club m’a ouvert ses portes, en gentillesse, transparence et bienveillance, et quasi véritable "libre-accès".
D'autant plus nécessaire que, sans cette liberté, comment véritablement raconter une journée, comme une autre, du Limoges CSP ? Comme une autre, car il y avait aussi cette paradoxale espérance qu'il ne s'y passe pas grand chose !
On le sait, il y en a des sportives, des économiques, des sociales, des limougeaudes et même, plus ou trop souvent qu’à leur tour, des juridiques. De celles qui font qualifier ce club de " Dallas-sur-Vienne", ou de " Samaritaine" ! Mais qui, de fait, pollueraient l'immersion, en rabattant immédiatement un voile sur elle quand, au contraire, elle ne voudrait que, pour être parlante sinon intéressante, narrer le quotidien, et pas l'extraordinaire.
Coup de chance, ou pas, ce fut une journée banale.
Coincée entre une victoire inutile en Coupe d’Europe, et la venue du leader monégasque en Championnat (on ne savait pas encore pour quel résultat). À quelques jours, mais alors lointains, du match contre Pau. À quelques jours aussi, mais eux presque trop proches, de la célébration des trente ans…
Bref, c'était donc possible, une journée ordinaire. Mais y-en-a-t-il vraiment, au Limoges CSP ?
Non, il n'y a pas de journée (sportive) type au CSP !
Car, et c’est logique, tout, ou presque, tourne forcement autour de l’actualité de l’équipe. C’est elle qui prend la lumière, dirige et phagocyte tout !
Oh oui, saison après saison, les joueurs changent, les staffs aussi et même, parfois, les dirigeants. Mais, immuables, pour tout un peuple de supporters, de partenaires, de suiveurs, même pour toute une ville, le CSP, ce sont ses résultats ! C’est normal et c’est comme cela. Il n’y a qu’à voir les fanions exposés à Beaublanc.
Il n’y a qu’à entendre les sempiternels souvenirs, à la fois uniques et communs à tous, les attentes d’avant-saison, les joies (aujourd'hui un peu surannées) d’après-titres… Alors, ordinaire ou pas, une journée du CSP, quelle qu'elle soit, c’est une journée de match.
Mais avant d’y arriver, à lui et à l’éventuel succès, il y a bien sûr tous les autres moments ! Ceux qui, généralement d’août à, au mieux, mi-juin, rythment la vie des quelques, bon an mal an, 10 contrats pros, et 4 aspirants. C'est à dire la routine, le quotidien, celui des entraînements, des préparations… Et qui eux, ne se ressemblent jamais !
Car si, normalement, l’équipe joue toujours à Beaublanc, elle s’entraîne tantôt dans son antre, tantôt à Jean Le Bail, tantôt à la salle Mu, tantôt même ailleurs, suivant les disponibilités et possibilités, sans parler des périodes de road-trip, c’est selon. Matins, après-midis, tôt, tard, une ou deux fois par jour, avec de (rares) moments off, c’est suivant.
Hors ce jour-là, c’était à Beaublanc. Normalité donc… De 16h à 18h, officiellement, même si beaucoup étaient présents avant, et certains après, selon les besoins, les envies et les soins.
Mais cela, c’est pour l’équipe. Car les staffs, sportifs et médicaux, les "petites mains", comme les intendants ou les analystes, et bien d’autres, eux, ont des journées plus remplies.
Au gré de la saison, ils sont là, avant et après, pour certains quasiment de 8h à 21h. Il faut préparer la veille, le jour, le lendemain, et souvent même, bien au-delà, et selon les désidératas !
Aux journalistes, on sert communément la "soupe" du " On prend les matchs les uns après les autres, et on ne voit pas plus loin".
Mais n'en croyez rien ! Parce qu'en fait, on découvre, avec peu de surprise, une réalité plus proche de celle du joueur d’échecs, qui, et quelle que soit sa fonction au sein du club, se doit d’avoir un ou plusieurs coups d’avance…
Donc les journées commencent tôt, et finissent tard.
Celles de l’entraineur et de ses adjoints, qui décortiquent l’adversaire de la prochaine rencontre, ceux d’après, voire même ceux d’avant ! Qui adaptent l’entrainement, collectif ou individuel, et qui, au besoin, « chouchoutent » tel ou tel joueur…
Celles du directeur sportif, véritable "patron" du CSP "connu", relai avec chacun, pivot des points quotidiens, à l'écoute des envies, des attentes, attentif aux blessures, qui donc prospecte en permanence et quoi qu’il arrive, bref, un lien ou un liant, et qui, en outre, et quoi qu'il en dise aussi, se doit de penser à la prochaine saison, voire aux futures…
Celles des analystes, qui décortiquent les données, collectées désormais informatiquement, lors des entraînements et des matchs, et qui préparent les briefings vidéos…
Ainsi aussi, celles des "médicaux", kinés, médecins et parfois chirurgiens, pour soigner, gérer, remettre en forme, et proposer les programmes, de reprises, d’adaptation ou de suivi…
Ainsi enfin celles des intendants qui, outre les lessives (plus de 14kgs de produits passés par semaine dans les machines des sous-sols), servent aussi de nounous, de chauffeurs, de dépanneurs, de confidents, voire plus…
Et tout cela fonctionne quasiment 24h sur 24 (au moins 12h), presque 7j/7J (chut, c’est un secret, en vrai, les règles salariales sont à peu près respectées).
Il n'y a pas de journée (administrative) type au CSP !
Mais, même si c’est la partie la plus importante, ce n’est que la face émergée de l’iceberg CSP !
Il y a en effet 46 contrats de salariés, dont un peu plus de la moitié à peine concerne les sportifs et liés. Les autres, presque invisibles, sauf peut-être les soirs de match, sont au siège, rue Haute-Vienne, en centre-ville. Drôle d’endroit que tout un chacun connaît, au moins sa salle d’accueil, visible depuis la rue.
En fait, un quasi bunker, à l’architecture typiquement limougeaude car, une fois l’entrée passée, on se perd dans ses escaliers en méandres et en cavités…On y trouve la direction générale, les services de communication, de marketing, de comptabilité, de gestion et de formation.
On pourrait, mais à tort, croire que c’est la partie "normale" du CSP. De fait, à part le comptable, et encore, ce sont des services communs à une entreprise, mais qui œuvrent pour une entreprise hors du commun.
Certes, on y prépare, on y démarche, on y débauche, on y vérifie et on y valide, bref, on y fonctionne comme dans une entreprise lambda. Avec des meetings propres quasi quotidiens, et des communs plusieurs fois par semaine. À ceci près que le produit phare est l’équipe, et que le calendrier dépend donc d’elle.
Ainsi, ce jour-là, parmi les réunions, il y en avait une avec, au menu le débriefing (non sportif) du match de Coupe d’Europe précédant, et les préparations de la prochaine venue monégasque.
Mais également, en plus petit comité, un point sur le futur Clasico, un autre sur un déplacement important, prévu à Paris pour les supporters et les partenaires, après la mi-avril et, bien sûr, ce qui cette année est au centre et au cœur de toutes les préoccupations : le match du 15 avril, celui, au jour près, des trente ans du titre européen.
Au siège, on parle donc argent, partenariats, subventions, abonnements, développements, diversifications… On parle de présent mais également d’avenir, notamment celui lié aux interrogations du futur Beaublanc.
Et si finalement, le sportif n’est guère évoqué, le tout se déroule dans un décor CSP, affiches, maillots, trophées, souvenirs et même, toujours omniprésentes, les ombres et les marques de Frédéric Forte…
Il n'y a pas de "quotidien" type au CSP !
Et tout cela ne fait toujours pas le quotidien du CSP.
On l’a dit, il y a aussi la formation, celle des équipes de jeunes mais aussi des formations diplômantes, en langues et métiers sportifs, appelées à se développer.
Il y également la brasserie de Beaublanc, une filiale dépendant directement du club.
Il y a enfin, échelons suprêmes, le Directoire, tricéphale, le Conseil de Surveillance et, "at last but not least", les actionnaires, avec à leur tête, la propriétaire, Céline Forte.
Y-a-t-il un "Forte" type au CSP ?
Forte, le nom qui évidemment, revient sans cesse… Et qui, à la fin de cette journée, est celui qui s’impose, comme un lien entre toutes les parties, tous les lieux, toutes les entités et même, entre le passé, le présent et le futur. Sauf qu’il est désormais précédé d’un prénom dont on devrait de plus en plus entendre parler : Angiolina.
Elle est l’une des filles du numéro 4 légendaire, celle pour qui, sans doute le plus, et à sa demande, sa mère a tenu à reprendre le flambeau.
Celle que Céline impose donc , mais qui elle-même s’investit de plus en plus.
Autrefois au sein du Conseil de surveillance, désormais à la tête de la communication et membre du Directoire, présente au siège comme à Beaublanc, et qui devrait, normalement, à pas si long terme, et selon ses dires et ses envies, ne plus être "que" la fille du Taulier, mais la Taulière elle-même !
Le seul type du CSP, c'est le CSP !
Cela dit, quels que soient les noms, quelles que soient les fonctions, et même, quelle que soit l’équipe, passer une telle journée au sein du CSP, c’est se rappeler que, quoi qu’il arrive, sportivement, économiquement et humainement, le plus important reste et demeure le CSP.
Le jour où il en sera autrement…