Limoges : des agressions filmées et diffusées sur les réseaux sociaux par des adolescents

Depuis quelques mois, un groupe de filles terrorise des adolescents à Limoges. Les victimes sont frappées. Les violences sont filmées et diffusées sur les réseaux sociaux.

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Zoé* a 14 ans et habite limoges. Elle est scolarisée dans un collège du centre-ville.

Depuis quelques mois, ses notes étaient en chute libre. Son père s’est posé beaucoup de question d’autant que sa fille était devenue bien plus agressive qu’auparavant.

Il a d’ailleurs été convoqué au collège. Les professeurs ont éprouvé le besoin d’échanger sur cette situation. L’adolescente est d’ordinaire une bonne élève qui ne pose aucun problème.

Et puis lundi dernier, la jeune fille est restée à la maison car malade. Elle a rompu le silence sur ce qui lui pesait et l’a fait changer. Elle a parlé à son père, qui alors découvert une vidéo dans son téléphone.

Sur cette dernière, Zoé est clairement menacée. On lui fait savoir qu’elle sera la prochaine à être frappée, filmée, et que la vidéo sera rendue publique sur les réseaux sociaux.

Son père a vite compris la situation. Il a tenté d’aller rencontrer celles qu’il soupçonnait être les auteures. Mais le dialogue a été compliqué. On lui aurait répondu : « Votre fille est une pute. Je vais faire des like sur instagram et Tiktok. A part ça, je n’ai aucune raison de l’agresser ».

Lundi dernier, Emilie* est allée dîner au centre-ville de Limoges avec une amie. En descendant du bus, elle aurait été happée par un groupe de filles qui l’auraient emmenée de force dans le jardin d’Orsay.

Pendant que l’une d’entre elle tenait l’adolescente, une autre lui aurait copieusement tapé dessus.

La scène aurait été filmée. La vidéo n’a pas été mise en ligne mais aurait été montrée aux élèves du collège de la victime.

Une troisième adolescente été menacée. Après avoir recoupé les informations et tenté de comprendre, sa maman a décidé de passer à l’action.  

Plaintes

Mercredi 13 avril 2022, Les trois parents ont décidé de déposer des plaintes à l’hôtel de police de Limoges.

En tout, 4 plaintes ont été enregistrées. Car une autre adolescente a indiqué avoir été elle aussi frappée.  Nous avons pu joindre son père : « D’après ce que j’ai compris, on essaie de faire croire que c’est ma fille qui est l’instigatrice de ces agressions. C’est totalement faux. Elle a elle-même été frappée et est très choquée ».

Ce sera aux enquêteurs de faire la lumière sur toute cette histoire.  

Phénomène nouveau à Limoges

Pour Cyril Sarlin, directeur de la sécurité à la ville de Limoges, le phénomène des agressions gratuites pour "faire du clic" sur les réseaux sociaux est très répandu dans les grandes agglomérations françaises telles que Paris ou Marseille.

Les adolescents ont un rapport différent à la violence. Chez eux, elle est décomplexée car ils vont chercher leurs modèles sur les réseaux sociaux. C’est un phénomène que les adultes ont du mal à comprendre.

Cyril Sarlin, directeur de la sécurité à la ville de Limoges

10 à 15 agents de la police municipale de limoges circulent en permanence dans le centre-ville. Ils n’ont jamais été confrontés à des violences régulières de ce type.  

Phénomène marginal ?

De son côté, Catherine Boisseau, directrice et psychologue à France Victime 87, estime que les agressions sur des adolescents sont encore relativement rares en Haute-Vienne. L’an passé, l’association a aidé 3919 victimes, dont 18 adolescents victimes de menaces ou harcèlement.

Il est possible que le chiffre soit sous-estimé car certaines victimes peuvent avoir peur ou honte de déposer plainte : « certains signes ne trompent pas chez les adolescents. Une dépression peut s’installer. Ils peuvent avoir des troubles du sommeil ou alimentaires ou se replier sur eux-mêmes. Il arrive aussi que les parents souhaitent respecter la volonté de leur enfant en ne portant pas plainte ».  

Education nationale

En septembre 2022, l’éducation nationale va généraliser le programme pHaRe dans les écoles et collèges du Limousin. Il s’agit de lutter contre le harcèlement à l’école.

Pour Marc Bartoli, référent académique harcèlement, «Les agresseurs connaissent les codes. Ça se passe rarement dans l’enceinte des établissements. Et si l’élève victime ne parle pas, il est très difficile d’agir.»

Dans les années 80, on considérait le harcèlement comme des histoires de gosses. Aujourd’hui, il est interdit par le loi et nous avons l’obligation d’agir. Les études montrent que nous devons travailler sur le groupe et la libération de la parole.

Marc Bartoli, référent académique harcèlement

Le programme pHaRe va notamment permettre de nommer des ambassadeurs parmi les élèves. Si l’un de leurs camarades est en difficulté, ils auront la mission d’aller lui parler et de prévenir les adultes si nécessaire.

* A la demande des parents, le prénom des adolescentes victimes a été changé pour préserver leur anonymat.

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