Un violent séisme a frappé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie à l'aube ce lundi 6 février, provoquant des destructions importantes et un lourd bilan humain : le nombre de victimes se compte en milliers. L’association Pompiers de l’Urgence Internationale, basée à Limoges, part ce mardi pour 10 jours de mission. Son président nous explique le dispositif.
On a reçu une alerte rouge, suivie d’une autre alerte, parce qu’il y a eu une réplique…
Philippe BessonResponsable des Pompiers de l'Urgence Internationale
La nuit de Philippe Besson, responsable des Pompiers de l’Urgence Internationale, a été écourtée : à 2 h 17 ce lundi matin, un séisme de magnitude 7.8 a frappé le sud de la Turquie et la Syrie voisine.
L’association s’est immédiatement mobilisée, avec déjà de nouvelles alertes dans la matinée : "On vient de recevoir une autre alerte il y a quelques minutes. Selon les sismologues, ce n’est pas une réplique, mais peut-être un deuxième séisme qui aurait été déclenché par la puissance du premier tremblement de terre."
Des tonnes de matériel à transporter
Ce lundi, l’heure était donc aux préparatifs, avec d’abord un travail logistique important : "Les difficultés sont liées aux transports. On a une partie du matériel qui va être acheminée par avion-cargo, une autre partie qui va partir avec les passagers, et un avion supplémentaire va être affrété. C’est pour transporter les tonnes de matériel que nous avons."
Cette étape fastidieuse est fondamentale : "Je ne parlerai pas d’émotion, mais du stress du départ, de ne pas se tromper dans le matériel, de bien composer l’équipe, chacun sa fonction et son rôle... Une fois qu’on est là-bas, on doit pouvoir travailler 24 h sur 24 pendant 10 jours."
La tâche à accomplir sur place n’impressionne pas encore les sauveteurs, habitués à ce type de catastrophe : "Quand on sera dans l’avion, on aura fait une bonne partie du travail. Après, sur place, ce n'est pas trop la difficulté pour nous, parce qu’on a l’habitude de faire des entraînements, on a maintenant des réflexes qui reviennent, les chiens sont compétents, on a du matériel."
Froid Glacial
Mais chaque situation est différente, et cette fois, c’est le climat qui peut poser problème : le handicap qu’on risque d’avoir, c’est le froid glacial. Les victimes sont à l’extérieur des bâtiments, et pour les sauveteurs, il faudra des changements d’équipes plus réguliers et plus courts."
La mission de secours aux victimes est évidemment risquée, alors que la situation sur place n’est pas stabilisée : "La présence des équipes sous les décombres présente un danger parce qu’il peut y avoir des répliques. Il y a plus de 3 000 immeubles qui sont effondrés, donc il y a une part de danger dans la présence d’effondrements qui peuvent encore se produire, et dans la présence de matières dangereuses, de gaz ou d’eau, dans les cavités. Mais on a des responsables de la sécurité qui veillent sur les membres des équipes."
Les Pompiers de l’Urgence Internationale s’étaient déjà déployés en Turquie au lendemain du séisme d’Izmit de 1999, cinq ans avant la création officielle de l’association. Les missions se sont ensuite succédé après des séismes, notamment au Népal, en Équateur ou en Indonésie.