En avril 2020, une interpellation musclée et polémique a été filmée par des riverains du quartier de Beaubreuil à Limoges. Un policier comparaissait ce 22 février 2021 devant la justice.
Le 21 avril 2020, une équipe de trois policiers de la brigade anti-criminalité a procédé à l’interpellation d’un individu soupçonné de trafic de stupéfiant dans le quartier de Beaubreuil à Limoges. Il était bien connu des services de police pour avoir été expulsé à deux reprises du territoire français alors qu’il était en situation irrégulière.
L’individu ne s’est pas laissé pas impressionner face à un policier qui lui a demandé de se mettre à terre. Il a avancé vers le fonctionnaire qui a alors fait usage de son flashball pour le stopper.
Contexte tendu
Ses collègues sont intervenus pour menotter l’individu. C’est à ce moment que l’un d’entre eux lui a asséné un grand coup de pied dans le dos.
Les 3 policiers étaient seuls dans le quartier, dans l’attente de renforts, et face à quelques habitants mal intentionnés qui les menaçaient. Leur objectif était d’évacuer rapidement l’interpellé en voiture avant que la situation ne dégénère.
Vidéo amateur
L’avocat du policier qualifie le coup de pied dans le dos de « geste technique inapproprié».
La scène a été filmée par des riverains. Le lendemain, des émeutes ont éclaté dans les quartiers de Beaubreuil et de La Bastide où la police mène une lutte sans merci contre les trafics de drogue en tout genre.
Le procureur de la République a saisi l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), qui a rendu son rapport quelques mois plus tard.
Une explication @policenationale #Limoges sur cette intervention d’hier dans le quartier de Beaubreuil ? Dans ce qu’il y a de plus flagrant, frapper d’un coup de pied un homme déjà au sol interpelle quelque peu. pic.twitter.com/3aySwEphrb
— Jérémy Le Bescont (@jeremylebescont) April 22, 2020
Plaider coupable
Le policier qui a frappé indûment une personne à terre comparaissait lundi 22 février 2021 dans le cadre d’une procédure de plaider coupable. Le procureur de la République lui aurait selon nos informations proposé une peine de prison et d’interdiction d’exercer avec sursis. Nous n’avons pas pu confirmer cette information.
Son avocat juge que cette peine est « adaptée aux circonstances du dossier». Il craignait une interdiction d’exercer sans aucun sursis.
Comme la loi l’y autorise, le policier s’est laissé un délai de réflexion. Sa peine sera entérinée par un juge le 17 mai prochain.
Travail de bureau
Depuis avril 2020, la vie professionnelle de ce fonctionnaire de terrain a bien changé. Après une longue période de congé maladie, il effectue maintenant un travail de bureau et s’apprête à passer des examens internes. Il ne fait donc plus partie de la brigade anti-criminalité.
A la suite de la sanction pénale, il passera devant un conseil de discipline et subira une sanction professionnelle.
Cette affaire a laissé des traces au sein de la brigade anti-criminalité de Limoges. Le policier qui a fait usage de son flashball le 21 avril 2020 a reçu des menaces. Il a demandé sa mutation et l’a obtenue.
Lutte contre les trafics de drogue
En toile de fonds de cette affaire où un fonctionnaire a manifestement dérapé, il y a la lutte sans merci que mène le directeur de la sécurité publique de Limoges contre les trafics de drogue.
Le weekend du 20 février 2021, le nom de plusieurs policiers de secteurs et de la BAC ont été inscrits sur la porte d’un immeuble de la Bastide. Selon Yannick Salabert, le directeur de la police, « tous les moyens sont bons pour se débarrasser de ceux qui nuisent aux trafics».
Et puisque les noms des fonctionnaires n’avaient pas encore été effacés ce lundi matin, la police a utilisé une solution radicale : la porte a été saisie.